Face à un gouvernement qui, selon eux, "fait fi du dialogue social" dans sa volonté de réformer la fonction publique, sept syndicats de fonctionnaires appellent les 5,5 millions d'agents publics à une journée d'action et de grève le 9 mai.
CGT, Unsa, FSU, Solidaires, FA-FP, CFE-CGC et CFTC ont lancé cet appel mercredi lors d'une conférence de presse commune, estimant que le projet de réforme, sur lequel le processus de consultation s'est achevé lundi, "tourne le dos aux principes de la fonction publique".
Interrogés par l'AFP, FO et la CFDT ont jugé cet appel "prématuré", le premier n'excluant pas de se joindre au mouvement, la seconde disant n'avoir "pas encore arrêté sa position".
"Quand on voit qu'au bout d'un an rien de ce qu'on a pu dire ou proposer n'a été retenu, on voit bien quelles sont les intentions du gouvernement de mener à bien son projet et de faire fi de tout dialogue social", a déclaré Bernadette Groison (FSU).
Le projet de loi, qui pourrait donner lieu à une dizaine d'ordonnances, prévoit une refonte, comme dans le privé, des instances de dialogue social, un recours accru aux contractuels, une plus grande individualisation de la rémunération, ainsi que des mesures pour "favoriser la mobilité" des agents, qui s'inscrivent dans l'objectif gouvernemental de réduction des effectifs de 120.000 postes d'ici à 2022.
- Possibilités de dialogue "épuisées" -
"Compte tenu de la détermination" du gouvernement "à vouloir passer en force sur ce projet de loi, qu'il veut présenter le 27 mars en Conseil des ministres et ensuite au Parlement, nous considérons nécessaire d'en appeler aux agents" pour une journée d'actions et de grève "pour dénoncer" ce projet, a expliqué Mme Groison.
"Nous continuons de dire" que ce texte "tourne le dos aux principes de la fonction publique" et qu'il va "encore dégrader les services publics et les conditions de travail des agents dont nous continuons à demander une revalorisation des rémunérations", a-t-elle ajouté.
Hormis la journée du 9 mai, les syndicats appellent à des rassemblements devant les préfectures ainsi qu'à Paris, place Chassaigne-Goyon, le 27 mars.
Cette date pour une présentation du projet de loi en Conseil des ministres a été plusieurs fois avancée mais rien n'est "arrêté à ce stade", avait indiqué lundi l'entourage du secrétaire d'Etat Olivier Dussopt.
Son adoption par le Parlement est programmée "d'ici à la fin du premier semestre", selon le gouvernement.
Pour Jean-Marc Canon (CGT), "les possibilités de dialogue social avec le gouvernement sont épuisées" et le 9 mai s'inscrit dans un "processus d'action pour informer, sensibiliser" et "faire monter le rapport de force vis-à-vis de ce projet de loi".
Luc Farré (Unsa) a déploré de son côté que "tous les amendements déposés par les syndicats (n'aient) pas été acceptés par le gouvernement". Il a notamment cité "la rupture conventionnelle", un dispositif émanant du secteur privé, "jamais présenté, ni cité (devant les syndicats) durant toute l'année 2018", au cours de laquelle syndicats et gouvernement se sont rencontrés à une cinquantaine de reprises.
"La population doit comprendre que ce projet de loi est une des pierres angulaires qui permet de casser l'ensemble de la fonction publique", a dénoncé Gaëlle Martinez (Solidaires), regrettant des "attaques répétées du gouvernement qui s'agrègent contre les missions de service public".