Les “gilets jaunes” de Bordeaux, ex-bastion, en ordre dispersé aux municipales
Quelques-uns tentent des listes citoyennes, d'autres partent en campagne avec l'extrême-gauche ou le Rassemblement National (RN): les "gilets...
Par Fabienne FAUR
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Quelques-uns tentent des listes citoyennes, d'autres partent en campagne avec l'extrême-gauche ou le Rassemblement National (RN): les "gilets jaunes" de la région de Bordeaux, qui fut un bastion du mouvement, partent aux municipales en ordre dispersé et très limité.
Les "gilets jaunes", "cela va de l'extrême-droite à l'extrême-gauche", affirme Pascal Chauvet qui mène à Bordeaux Démocratie Bordelaise, une "liste apartisane. Les GJ en sont à l'initiative mais il n'y a pas que des GJ dedans".
"Si on se met avec un parti, on se coupe de tous les autres. L'importance du mouvement GJ, c'est qu'on reste tous ensemble", ajoute ce VRP de 61 ans qui cherchait toujours en début de semaine à boucler la liste nécessaire de 65 noms.
C'est dans Bordeaux, la capitale régionale, que samedi après samedi, depuis "l'Acte I" du 17 novembre 2018, des milliers de "gilets jaunes" venus de toute l'Aquitaine se sont rassemblés jusqu'à culminer en janvier 2019 à 6.000, selon un chiffre de la police.
Depuis, leur nombre a spectaculairement dégringolé sur les bords de la Garonne: "Le mouvement continue mais de façon très limitée", assure le sociologue Frédéric Neyrat qui le scrute, notamment en Aquitaine, "les +gilets jaunes+ n'ont plus le rapport de forces".
D'autant que le flop des européennes -- moins de 1% de voix pour les GJ -- est passé par là, que le mouvement n'aime pas les têtes qui dépassent et que la "mobilisation syndicale a modifié le calendrier", poursuit ce professeur de l'université de Rouen.
"On aurait pu imaginer des listes GJ de différentes sensibilités mais pour le moment, la compétition électorale reprend ses formes habituelles", ajoute-t-il.
- "Décrocher un maire, c'est très compliqué" -
Antoine Boudinet, un "gilet jaune", pilier du mouvement à Bordeaux dont la main fut arrachée par une grenade lors d'une manifestation, en décembre 2018. Photo prise en janvier 2020
AFP/Archives
Aussi, Antoine Boudinet, 27 ans, n'a "aucune prétention à être le candidat des GJ" même s'il est devenu - "malgré moi", dit-il - une figure médiatique du mouvement.
Cet étudiant en géographie qui a eu la main arrachée par une grenade explosive policière, a rejoint à Bordeaux la liste conduite par l'ex-candidat à la présidentielle Philippe Poutou, qui rassemble le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), un collectif soutenu par LFI (La France Insoumise), des associatifs, des "gilets jaunes".
Philippe Poutou, le 26 février 2019, lors d'une manifestation contre la fermeture de l'usine Ford de Blanquefort (Gironde)
AFP/Archives
"Ce qui m'emballait, c'était de faire partie d'une liste qui n'était pas affiliée à un parti. C'est mon côté GJ", dit-il.
De l'autre côté de l'échiquier politique, Patrice Manterola conduit la liste RN à Cubnezais, dans cette Haute-Gironde appauvrie où le parti de Marine Le Pen compte tirer son épingle du jeu.
"Je suis GJ depuis le départ", dit ce fonctionnaire territorial qui a décidé de s'"investir. Mais je préfère que les gens connaissent bien mon étiquette. Mettre mon engagement GJ en avant, ce serait malhonnête, ce serait de la récupération".
Eric Poret, lui aussi tête de liste RN non loin de là à Ambarès-et-Lagrave, "a élaboré un programme à mi-chemin entre le RN et les GJ, avec des idées élaborées sur les ronds-points, justice sociale, démocratie participative, transparence, etc", dit ce conducteur de TER qui fut gréviste contre la réforme des retraites.
Et il affrontera une liste "sans étiquette" mais menée par un organisateur GJ connu à Bordeaux, David Poulain, conseiller municipal sortant DVD.
"Aller décrocher un maire, c'est très compliqué", reconnaît Daniel, qui ne veut pas donner son nom, un "gilet jaune" habitué des manifestations et des ronds-points de Gujan-Mestras, sur le bassin d'Arcachon.
"Et puis, à quoi ça sert de présenter une liste pour faire, 2, 3 ou 4%. Ça ne sert à rien !", soupire le retraité, ancien ouvrier chez Dassault.
Cette mobilisation "leur aura permis de se mobiliser comme électeurs", conclut le professeur de sociologie qui s'attend "à un regain de participation".
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