Les « gilets jaunes » de retour dans la rue pour défier le gouvernement
Après l'arrestation d'une de leurs figures médiatiques, les "gilets jaunes" appellent samedi à une huitième journée d'action nationale pour...

Les « gilets jaunes » de retour dans la rue pour défier le gouvernement

Après l'arrestation d'une de leurs figures médiatiques, les "gilets jaunes" appellent samedi à une huitième journée d'action nationale pour...
Public Sénat

Par Marie GIFFARD et les bureaux de l'AFP en région

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Après l'arrestation d'une de leurs figures médiatiques, les "gilets jaunes" appellent samedi à une huitième journée d'action nationale pour relancer leur mouvement et défier le gouvernement, qui dénonce des velleités "d'insurrection" et réclame le retour à l'ordre.

Place de la Bourse à Bordeaux, places du Capitole et Wilson à Toulouse... Pour cette première mobilisation de l'année 2019, les "gilets jaunes" se sont donné rendez-vous dans des lieux symboliques, insensibles aux concessions de l'exécutif et au grand débat national qui doit s'ouvrir à la mi-janvier pour faire émerger des revendications.

Santon de Provence portant un gilet jaune, à la foire des santonniers, à Marseille, le 4 janvier 2019
Santon de Provence portant un gilet jaune, à la foire des santonniers, à Marseille, le 4 janvier 2019
AFP

A Paris, deux principales actions ont été déclarées en préfecture : une marche partira de l'Hôtel de Ville en début d'après-midi pour rallier l'Assemblée nationale et un rassemblement est prévu sur les Champs-Elysées, haut lieu de contestation lors des précédents week-ends.

C'est près de la célèbre artère parisienne qu'Eric Drouet, figure controversée du mouvement, a été interpellé mercredi soir et placé en garde à vue une dizaine d'heures, provoquant l'indignation de l'opposition et de "gilets jaunes", qui ont dénoncé une arrestation "politique" et promis de ne "rien lâcher".

- Journée test -

Cet "acte VIII" de la mobilisation sera de fait un test pour ce mouvement de contestation inédit qui fait vaciller l'exécutif depuis un mois et demi mais qui a donné de légers signes d'essoufflement dans la rue ces dernières semaines.

Manifestation de
Manifestation de "gilets jaunes", à Lille, le 3 janvier 2019
AFP/Archives

Lors de "l'acte VII" du 29 décembre, 12.000 manifestants avaient été recensés en France à midi, d'après le ministère de l'Intérieur qui n'avait toutefois pas donné de chiffre global à la fin de la journée.

Le ministère en avait dénombré 38.600 le 22 décembre et surtout 282.000 le 17 novembre, lors de l'acte fondateur de ce mouvement qui a d'abord ciblé la hausse du prix des carburants avant de porter des revendications plus larges sur la fiscalité ou le droit à un référendum d'initiative citoyenne.

Fragilisé par cette contestation inédite, le chef de l'Etat Emmanuel Macron avait annoncé le 10 décembre une série de mesures, notamment une hausse de 100 euros des salaires au niveau du Smic, et promis dans ses voeux du 31 décembre un retour à "l'ordre républicain". Mais il n'est pas parvenu à éteindre la fronde.

"La colère va se transformer en haine si vous continuez, de votre piédestal, vous et vos semblables, à considérer le petit peuple comme des gueux, des sans-dents, des gens qui ne sont rien", prévient ainsi le collectif de "gilets jaunes" "La France en colère" dans une lettre ouverte au président diffusée jeudi soir.

Face à cette détermination, le gouvernement a durci le ton et accuse désormais les "gilets jaunes" qui poursuivent la mobilisation de vouloir renverser le pouvoir.

"(Le mouvement), pour ceux qui restent encore mobilisés, est devenu le fait d'agitateurs qui veulent l'insurrection et, au fond, renverser le gouvernement", a estimé vendredi Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement.

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, à Paris, le 10 décembre 2018
Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, à Paris, le 10 décembre 2018
AFP/Archives

Dans un télégramme du 29 décembre, le ministre de l'Intérieur a par ailleurs appelé les préfets à la fermeté et à continuer à faire évacuer, y compris par la force, la "centaine de points de rassemblements" qui subsistent sur les axes routiers en France.

Pour ce week-end, le préfet des Pyrénées-Orientales a notamment interdit toute manifestation de "gilets jaunes" au niveau des barrières de péage et à la frontière entre la France et l'Espagne, au "vu des risques et des troubles à l’ordre public".

- Nouvelle stratégie -

Policiers anti-émeutes pendant une manifestation de
Policiers anti-émeutes pendant une manifestation de "gilets jaunes", à Bordeaux, le 29 décembre 2018
AFP/Archives

Pour éviter les débordements qui ont émaillé plusieurs mobilisations, 3.600 CRS et gendarmes mobiles seront déployés samedi en France auxquels s'ajouteront notamment des compagnies de sécurisation et des policiers de la BAC, a appris l'AFP de sources concordantes.

Pour tenter d'échapper aux forces de l'ordre, certains "gilets jaunes" semblent envisager une nouvelle stratégie basée sur la discrétion.

"La France en colère" a ainsi suggéré à ses sympathisants de retirer leurs gilets jaunes samedi pour "se présenter dans les rues (...) comme les simples citoyens qu'ils sont".

Depuis le début du mouvement, plus de 1.500 personnes ont été blessées, dont 53 gravement, chez les manifestants et près de 1.100 au sein des forces de l'ordre. Dix personnes ont par ailleurs trouvé la mort, principalement lors d'accidents en marge de blocages routiers.

burs-mig/jt/sma

Partager cet article

Dans la même thématique

PARIS , LES CANDIDATS REMI FERAUD ET EMMANUEL GREGOIRE
8min

Politique

« Force du dégagisme », « fin de cycle » et « bataille de chiens » à venir : les socialistes font le bilan, après la victoire d’Emmanuel Grégoire face à Rémi Féraud

La victoire d’Emmanuel Grégoire, dès le premier tour, lors de la primaire PS qui l’opposait au sénateur Rémi Féraud s’explique notamment par « la volonté de tourner la page Hidalgo » chez les militants, mais aussi le poids des rapports de force issus du congrès PS ou la « dérive clanique » autour de la maire sortante.

Le

SIPA_01206229_000010
6min

Politique

Programmation de l’énergie : en commission, les sénateurs ne reprennent pas le moratoire sur l’éolien et le photovoltaïque

En commission des affaires économiques, les sénateurs ont adopté la proposition de loi sénatoriale, dite Gremillet, qui avait été passablement dénaturée par des amendements des députés LR et RN, puis finalement rejetée par l’Assemblée nationale. Le moratoire sur l’éolien et le photovoltaïque ou encore la réouverture de la centrale nucléaire de Fessenheim ne figurent plus dans le texte adopté en commission pour une deuxième lecture prévue la semaine prochaine.

Le

Les « gilets jaunes » de retour dans la rue pour défier le gouvernement
3min

Politique

Loi Duplomb : un texte qui permet « de mettre les agriculteurs français au même niveau que les agriculteurs européens », assure son auteur

Ce mardi, Laurent Duplomb, sénateur LR de Haute-Loire, auteur du texte « visant à lever les contraintes sur le métier d’agriculteur », était invité sur la matinale de Public Sénat. Il a évoqué l’accord trouvé en commission mixte paritaire sur sa proposition de loi, ainsi que les critiques qu’elle suscite, notamment en ce qui concerne la réintroduction de l’acétamipride, un pesticide interdit en France depuis 2018.

Le

Les « gilets jaunes » de retour dans la rue pour défier le gouvernement
2min

Politique

Canicule : « La vigilance rouge ne concerne pas que les publics les plus fragiles, elle concerne tout le monde », déclare François Bayrou

Alors que la France fait face à un épisode caniculaire, François Bayrou, accompagné de Catherine Vautrin, Agnès Pannier-Runacher et Bruno Retailleau s’est rendu ce mardi au centre opérationnel de gestion des crises du ministère de l’Intérieur. L’objectif était de faire état de l’ensemble des mesures prises pour faire face à cette vague de chaleur.

Le