Les « gilets jaunes » toujours mobilisés pour leur acte 15
"On n'est pas fatigué": les "gilets jaunes" ont réinvesti les rues samedi pour leur acte 15, enrayant la baisse de mobilisation des dernières...

Les « gilets jaunes » toujours mobilisés pour leur acte 15

"On n'est pas fatigué": les "gilets jaunes" ont réinvesti les rues samedi pour leur acte 15, enrayant la baisse de mobilisation des dernières...
Public Sénat

Par Romain FONSEGRIVES avec les bureaux de l'AFP en région

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

"On n'est pas fatigué": les "gilets jaunes" ont réinvesti les rues samedi pour leur acte 15, enrayant la baisse de mobilisation des dernières semaines, avec des manifestations entachées de heurts en fin de cortèges dans plusieurs villes et un pique-nique à Chambord.

Les manifestants étaient 46.600 dans toute la France, contre 41.000 samedi dernier, selon un décompte du ministère de l'Intérieur, contesté par les "gilets jaunes". Ils étaient 5.800 à Paris, soit 800 de plus qu'il y une semaine, selon la même source.

"A tous ceux qui pensent que la mobilisation s'essouffle je dis +regardez, ouvrez les yeux+, a dit à l'AFP Céline, une Toulousaine de 46 ans. C'est une immense colère et il n'y a pas de retour en arrière possible. Si on rentre chez nous, on meurt, la France meurt".

Ils ont généralement défilé dans le calme, mais des heurts ont souvent éclaté en fin de journée lors de la dispersion des cortèges, comme à Toulouse, où les CRS ont été la cible de "cocktails molotov" selon la préfecture.

"La violence, toujours. Les exactions commises en marge des rassemblements de Clermont-Ferrand, Rouen, Montpellier... sont intolérables", a dénoncé sur Twitter le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner en début de soirée.

A Clermont-Ferrand, barricadée pour l'occasion dans la crainte de la présence de casseurs, des heurts ont éclaté dès l'après-midi. Trente-trois personnes ont été interpellées, dont 16 placés en garde à vue, neuf manifestants et un policier ont été blessés, selon un dernier bilan de la préfecture. A Bordeaux, manifestants et forces de l'ordre se sont affrontés pendant une petite demi-heure en fin de manifestation. Ces heurts ont fait quelques blessés, souvent soignés sur place par les pompiers.

Les
Les "Gilets Jaunes" défilent sur les Champs-Elysées à Paris pour l'acte 15 le 23 février 2019
AFP

En fin de journée, des sources policières et/ou les préfectures ont fait état d'interpellations dans de nombreuses villes: 28 à Paris, une quinzaine à Rennes dans le cadre de "contrôles et fouilles préventives", 12 à Lyon, selon la préfecture.

A Epinal, où environ 1.600 personnes ont manifesté, le défilé a été émaillé de heurts: les grilles de la préfecture ont été arrachées et des vitres cassées.

- "Le gouvernement ne sera jamais serein" -

En pleines vacances scolaires et après des insultes contre l'intellectuel Alain Finkielkraut, traité de "sale sioniste" lors de l'acte 14, partout, les manifestants ont réaffirmé leur détermination et le caractère protéiforme de leur lutte contre la politique d'Emmanuel Macron, hors du champ politique traditionnel et sans chef.

"C'est aux citoyens de choisir dans quel monde ils veulent vivre. On ne peut plus attendre des solutions des politiques, ils nous ont assez montré leur malhonnêteté", a déclaré Caroline, monitrice d'équitation de 37 ans, dans le cortège de Strasbourg.

A Bordeaux, la marche s'est ébranlée derrière une grande banderole "Nous n'avons pas d'armes, vous n'avez pas d'âme". "Politicards tous des tocards, smicards au pouvoir, smic à 1850 euros net", pouvait-on lire sur une pancarte à Lille.

Dans la capitale, la "marche dans les beaux quartiers" a débuté à midi sur les Champs-Elysées, point névralgique de la mobilisation parisienne chaque week-end, pour gagner le Trocadero. Quelques bombes lacrymogènes ont été tirées sur l'esplanade en fin de journée pour disperser le cortège.

Rassemblement de
Rassemblement de "gilets jaunes", le 23 février 2019 à Toulouse
AFP

"L'essoufflement, je crois qu'on s'en fiche. Le noyau dur il est là, on sait qu'on est là et on est là pour longtemps. Le gouvernement ne sera jamais serein: même si les manifs du samedi finissent par s'arrêter, on redescendra dans la rue au moindre truc", a déclaré à l'AFP Karima, sans emploi de 48 ans, en quittant la place du Trocadero.

Et pour elle, "ça risque de repartir après le +grand débat+, parce que les gens seront déçus".

Emmanuel Macron a lancé mi-janvier un grand débat national pour tenter de sortir de cette crise inédite: doléances et propositions - parmi lesquelles le "référendum d'initiative citoyenne" reste le plus populaire - seront recueillies jusqu'au 15 mars avant des décisions du pouvoir.

Populaires aussi, les pancartes "Macron rend le pognon" ou "Macron, démission". Le chef de l'Etat est depuis le début du mouvement la cible privilégié des slogans et des chants des manifestants.

- Pique-nique à Chambord -

Un Gilet jaune interpellé par les gendarmes à Paris le 23 février 2019
Un Gilet jaune interpellé par les gendarmes à Paris le 23 février 2019
AFP

Priscillia Ludosky, une des figures du mouvement, avait choisi Chambord pour manifester et le pique-nique géant organisé devant le Château: un pied de nez à Emmanuel Macron qui y avait fêté ses 40 ans fin décembre 2017.

Les manifestants étaient encore très mobilisés en province, ont constaté des journalistes de l'AFP: ils étaient des milliers à Bordeaux (3.500 selon la police), à Toulouse (3.000 selon la police), entre 2.500 et 5.000 à Clermont-Ferrand selon les sources, 2.000 à Rennes, 1.500 à Montpellier, plus d'un millier à Marseille et à Caen (selon la préfecture), 900 à Nantes, 350 à Saint-Etienne.

Partager cet article

Dans la même thématique

Les « gilets jaunes » toujours mobilisés pour leur acte 15
5min

Politique

Mercosur : le Sénat appelle l'exécutif à saisir la Cour de justice de l’Union européenne

Alors que le traité de libre échange pourrait être ratifié samedi par la présidente de la Commission européenne, la France a réaffirmé ce week-end son rejet du texte en l’état. Après l’Assemblée nationale fin novembre, c’est au tour du Sénat de se prononcer à l’unanimité sur une proposition de résolution visant à demander au gouvernement de saisir la Cour de justice de l’Union européenne pour vérifier la conformité de l’accord.

Le

French President Emmanuel Macron Meets Readers in Marseille to Discuss Democracy and Social Media
5min

Politique

Narcotrafic et plan « Marseille en grand » : ce qu’il faut retenir de la visite d’Emmanuel Macron dans la cité phocéenne

Nouvelle visite du chef de l’Etat dans sa ville de cœur. Après s’être rendu ce matin sur la tombe de Mehdi Kessaci, assassiné par des narcotrafiquants, Emmanuel Macron a annoncé une salve de mesures pour lutter contre le narcotrafic qui gangrène Marseille. Entre une rencontre avec les lecteurs de la Provence, l’inauguration d’un commissariat et la visite du chantier de la gare, Emmanuel Macron a aussi défendu le bilan de son plan « Marseille en grand ».

Le

Déclaration de politique générale et avenir de la Nouvelle Calédonie en séance au Sénat ce 15 octobre
2min

Politique

Budget : qui sont les sénateurs qui participeront à la commission mixte paritaire ?

Outre le président PS et rapporteur général LR de la commission des finances, Claude Raynal et Jean-François Husson, seront présents en CMP les sénateurs LR Christine Lavarde et Stéphane Sautarel, qui suit les collectivités, ainsi que le centriste Michel Canévet et le sénateur Horizons Emmanuel Capus, qui ont défendu plus d’économies durant les débats. Pour le PS, on retrouve le chef de file du groupe, Thierry Cozic.

Le