Le sort des festivals à l’été prochain se précise. L’avenir des manifestations culturelles, sportives et festives des mois de juillet et août 2024 semble suspendu au dispositif de sécurité réclamé par les Jeux olympiques et paralympiques de Paris, susceptibles d’absorber une large partie des forces de l’ordre en France. La ministre de la Culture Rima Abdul Malak, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera ont publié mardi soir un communiqué commun, précisant les consignes adressées aux préfets sur ce sujet. « Des solutions sont d’ores et déjà trouvées pour la plupart de ces évènements afin d’assurer leur tenue pendant l’été 2024. À titre d’exemple, la concertation a permis d’ajuster les dates du Festival d’Avignon, du festival des Vieilles Charrues, ou encore de l’Interceltique de Lorient afin de faciliter leur sécurisation », écrivent-ils.
Le 25 octobre, au milieu d’une audition où il avait présenté aux sénateurs le dispositif de sécurisation des Jeux Olympiques de Paris 2024, Gérald Darmanin avait évoqué, afin de mobiliser des forces de l’ordre supplémentaire, « l’annulation ou le report d’événement très demandeurs en forces de l’ordre », comme le Tour de France, les grands festivals ou la Braderie de Lille. « Le but n’est pas d’interdire mais de reporter dans le temps certains événements en lien avec les élus. Nous faisons ce travail en ce moment même pour que les programmations culturelles puissent se faire », avait précisé le ministre de l’Intérieur. Une déclaration qui avait pour le moins fait tiquer les sénatrices et sénateurs présents, mais aussi de nombreux festivaliers.
« Quid des fêtes de Bayonne ou de Dax ? Quid de la surveillance des plages ? »
Le communiqué publié mardi n’a pas suffi à apaiser les inquiétudes de la commission sénatoriale de la culture, de l’éducation et de la communication. Son président, le sénateur centriste Laurent Lafon, a interpellé Gérald Darmanin sur le sujet lors de la séance des questions au gouvernement ce mercredi 14 décembre. « De nombreuses questions demeurent : quid des évènements festifs qui ont lieu dans un certain nombre de régions l’été ? Je pense au sud-ouest de la France avec les fêtes de Bayonne ou de Dax. Quid de la surveillance des plages, jusqu’à présent assurée par des CRS ? », a-t-il interrogé « Quid, enfin, des nombreux évènements qui, pour se tenir, ont besoin de recourir aux sociétés de sécurité privées ? On le sait, les JO vont massivement recourir à ces sociétés, plus de 15 000 postes doivent être créés pour faire face aux seuls besoins des Jeux Olympiques. »
L’arrivée du Tour de France à Nice le 21 juillet, les Vieilles Charrues du 11 au 14 juillet
Prenant la parole pour lui répondre, le locataire de la place Beauvau n’est pas revenu sur les différents événements cités par l’élu, mais il a tenu à insister sur le caractère exceptionnel des JO. « Les Jeux Olympiques à Paris, c’est une fois par siècle. Et les Jeux Olympiques avec une cérémonie d’ouverture en dehors d’un stade, c’est une fois tous les 3 000 ans puisque personne ne l’a jamais organisé ! », a-t-il défendu. « Je crois que l’on peut constater ensemble l’intérêt général à réussir les Jeux olympiques et paralympiques qui vont s’étaler pendant l’été 2024 » a souligné Gérald Darmanin. Il assure que le « décalage dans le temps » reste la solution privilégiée par l’exécutif, évoquant le cas du Tour de France, dont l’arrivée se tiendra exceptionnellement à Nice, le 21 juillet. Encore le calendrier des Vieilles Charrues, qui se tiendront du 11 au 14 juillet, au lieu du 18 au 21 juillet.
Des militaires pour sécuriser la cérémonie d’ouverture
Alors que Laurent Lafon a évoqué dans sa question au gouvernement la possibilité de faire appel à une partie des forces armées, Gérald Darmanin lui rappelle que des militaires seront déjà en poste pour la cérémonie d’ouverture, qui doit se dérouler le long de la Seine. Sans leur présence, ce sont 30 unités de force mobile (UFM) supplémentaires qui devraient être mobilisées, pointe le ministre. Et de rappeler que « l’armée n’est faite pour les missions de maintien de l’ordre ».
Ce n’est pas la première fois que le gouvernement, après les déclarations de Gérald Darmanin en audition, est interpellé sur le sujet par la Chambre haute. Le 9 novembre, la sénatrice écologiste Monique de Marco s’était adressée à la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak. « Les organisateurs de festivals, les travailleurs et les spectateurs s’inquiètent. Les festivals seront-ils sacrifiés pour les Jeux Olympiques ? » s’était alors interrogée la sénatrice de Gironde. En réponse, la ministre de la Culture avait assuré que le gouvernement serait attentif à la situation des festivals, « partie importante de l’ADN culturel de la France », afin de « concilier leur vitalité et la sécurisation des Jeux Olympiques. »