La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a assuré ce mercredi à la sortie du Conseil des ministres qu’Emmanuel Macron a acté qu’il n’y avait pour le moment pas « de socle plus large que celui qui est en place aujourd’hui » pour gouverner. Mais, après les consultations des responsables de partis mardi, « le président continue à écouter et à tendre la main ».
Les leaders nationalistes appellent Macron à saisir une chance “historique” en Corse
Par Public Sénat
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Les dirigeants nationalistes Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni, qu'Emmanuel Macron doit rencontrer mardi à Ajaccio, ont appelé chacun de leur côté lundi le président de la République à saisir une chance "historique" de résoudre la "question corse".
La visite de deux jours en Corse d'Emmanuel Macron, qui n'a quasiment pas parlé publiquement du dossier depuis son élection, va être particulièrement scrutée: il prononcera un discours mercredi à Bastia et est très attendu sur sa vision de l'avenir de l'île.
La veille, il doit commémorer à Ajaccio l'assassinat il y a 20 ans du préfet Claude Erignac. Une cérémonie à laquelle le président de la collectivité de Corse, Gilles Simeoni a confirmé lundi qu'il assisterait. M. Macron doit lui donner "la véritable dimension qu'elle se doit d'avoir: certes ne rien oublier du passé, mais aussi, et surtout, ouvrir les portes de l'avenir", a-t-il écrit dans un communiqué.
Par leur présence, "les nationalistes corses ont la volonté d'assumer pleinement la responsabilité qui leur a été confiée par le suffrage universel: engager la Corse sur le chemin de l'émancipation, préparer la réconciliation, et construire la paix", ajoute M. Simeoni.
Le président indépendantiste de l'Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni a toutefois déjà annoncé de son côté qu'il ne participerait pas à la cérémonie. C'est aux côtés de M. Simeoni, à la collectivité territoriale, qu'il verra le président de la République, mardi à 19H00, a confirmé l’Élysée lundi.
"Il y a une fenêtre historique pour sortir de la logique de conflit" mais "si demain les portes du dialogue restaient fermées, nous serions dans une situation de crise, de blocage politique", a mis en garde lundi matin M. Simeoni. "Pour un dialogue il faut être deux, et pour l'instant nous avons été les seuls à avoir donné des signes tangibles que nous voulions ce dialogue", a-t-il poursuivi, indiquant ignorer quelles étaient "les intentions" de M. Macron.
Les nationalistes, dont la coalition a largement remporté les élections territoriales en décembre, obtenant le contrôle de la nouvelle collectivité territoriale qui remplace les conseils départementaux et la région, ont été "mandatés", a poursuivi M. Simeoni. Leurs objectifs: dialogue sans préalable, mention de la Corse dans la Constitution, rapprochement des prisonniers, et amnistie.
- 'Incertitude' -
A l'appui de ces revendications, les nationalistes avaient réuni samedi plusieurs milliers de personnes - 6.000 personnes, selon la préfecture, jusqu'à 25.000, selon les organisateurs -, lors d'une manifestation à Ajaccio. "Une mobilisation énorme" et un "pari réussi", ont salué les leaders corses.
Lundi matin, c'était au tour de quelque 150 à 200 lycéens de se rassembler, devant la préfecture à Ajaccio, à l'appel du mouvement "Ghuventu liceana", pour "exprimer la détermination de la jeunesse corse, particulièrement sensible à son avenir sur sa terre et pleinement consciente de la nécessité de défendre ses droits".
"Le message des Corses est clair. Ils ont voté – à la majorité absolue – pour une liste entièrement composée de nationalistes. Si on leur fait le crédit de connaître le sens des mots, on en conclura nécessairement qu’ils ont voulu dire que la Corse était une nation, et non une simple entité administrative", a souligné de son côté Jean-Guy Talamoni dans une tribune publié dans Le Monde daté du 6 février.
"La question de l’indépendance ne sera pas, on le sait, à l’ordre du jour de la décennie à venir", a-t-il répété. "La situation politique actuelle offre aux responsables parisiens une chance unique de résoudre cette question corse, à laquelle les gouvernements successifs de la France se sont heurtés depuis 40 ans".
"Si, comme les responsables corses le demandent, un dispositif était introduit dans cette procédure pour lever le verrou constitutionnel et permettre enfin des avancées réclamées par la voie démocratique, une nouvelle page pourrait s’écrire. Si, dans quelques heures, à Ajaccio, le président de la République française s’engageait résolument dans la voie d’une solution politique, alors tous les espoirs seraient permis", ajoute-t-il.