« Les maires avaient trop de désaccords de fond avec Macron pour que ça se passe bien sur la forme », reconnaît Baroin

« Les maires avaient trop de désaccords de fond avec Macron pour que ça se passe bien sur la forme », reconnaît Baroin

Arrivé au terme de son mandat à la tête de la puissante Association des maires de France, François Baroin a évoqué sur Public Sénat les rapports orageux entretenus entre Emmanuel Macron et nombre d’élus locaux. Pour le maire de Troyes, la suppression de la taxe d’habitation et la baisse des dotations ont été deux points de rupture.
Romain David

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

L’heure du bilan. Le congrès de l’Association des maires de France (AMF), qui se tiendra du 16 au 18 novembre, sera le dernier de son président, François Baroin, qui a choisi de passer la main. Invité lundi de « Bonjour chez Vous » sur Public Sénat, le maire de Troyes a dressé un bilan des rapports, pour le moins tendus, qu’ont entretenus l’exécutif et les élus locaux au cours des cinq dernières années. « Avec Emmanuel Macron, on avait trop de désaccords de fonds pour que ça se passe bien sur la forme », a-t-il reconnu. « Il ne nous a pas pris de court, il n’a pas trahi sa parole. Il avait évoqué, lorsqu’il était candidat, la problématique de la taxe d’habitation et des dotations. Mais, dès le lendemain, l’effort demandé a été d’un tiers supplémentaire sans que l’on soit prévenu. Quant à la taxe d’habitation, c’est une mauvaise réforme », a-t-il expliqué.

« Emmanuel Macron nous a appelés à l’aide, nous avons été là »

Mais François Baroin tient également à faire valoir le sens des responsabilités dont ont fait montre les maires, à travers les différentes crises qui ont émaillé le quinquennat d’Emmanuel Macron, depuis la grogne des Gilets jaunes en 2018 jusqu’à l’épidémie de coronavirus. « Nous sommes des républicains, profondément respectueux de l’État, et lorsque l’État a été en difficultés, lorsque le président de la République a été au pied du mur de sa responsabilité, nous avons répondu présents pour protéger la République », soutient-il. Nous avons répondu présents sur les Gilets Jaunes. Il nous a appelés à l’aide, nous avons été là pour organiser, relayer l’amortisseur démocratique et permettre à la République de retrouver le chemin d’un dialogue responsable. Nous avons aussi été là au moment du covid-19. Heureusement, il l’a reconnu. »

L’AMF propose « une nationalisation des dettes des collectivités » liées à la crise du covid-19

Alors qu’Emmanuel Macron se rendra jeudi à la séance de clôture du congrès de l’AMF, François Baroin « attend du président un grand discours concernant la reconnaissance du rôle et de la place des maires dans la tenue du contrat social et la préservation de la démocratie. » Mais aussi des annonces. L’AMF, qui a chiffré le coût de la crise sanitaire à 6 milliards d’euros de pertes brutes pour les communes, demande notamment « une nationalisation des dettes des collectivités locales liées à la décision de l’État de bloquer le pays ». « Je ne vois pas comment l’État peut se permettre de faire 20 points de dette supplémentaires et ne pas récupérer un quart de point supplémentaire en intégrant dans son budget le fait que les communes ont porté des dépenses qu’elles n’avaient pas à porter, et n’ont pas reçu certaines recettes », a-t-il défendu.

Le maire de Troyes a également redit, toujours sur Public Sénat, son soutien au maire de Cannes David Lisnard (LR), qui brigue la succession de François Baroin, face à Philippe Laurent, le maire UDI de Sceaux. « Il est extrêmement emphatique, compassionnel et passionné de son métier », assure l’ancien ministre de l’Economie de Nicolas Sarkozy, pour qui David Lisnard a été « l’une des personnalités les plus agiles et les plus créatrices au moment du covid-19. »

» Lire notre article : À l’Association des maires de France, une guerre de succession

Dans la même thématique

Ticket-restaurant
8min

Politique

Budget : ces mesures d’aides qui passent à la trappe avec le vote de la censure

Le vote de la motion de censure n’a pas seulement fait tomber le gouvernement Barnier. Il empêche l’adoption de nombreux dispositifs, notamment toutes les mesures d’aides. Les agriculteurs et la Nouvelle Calédonie en font les frais, comme l’indexation de l’impôt sur le revenu. Il faudra attendre un nouveau budget, en début d’année, pour y remédier.

Le

Beaucaire: Jordan Bardella inaugurates Julien Sanchez s office
6min

Politique

« Il resserre les boulons » : le Parlement européen refuse de payer comme assistant parlementaire le directeur de cabinet de Jordan Bardella

Dans le contexte du procès des assistants parlementaires du FN, Jordan Bardella se voit refuser la reconduction de François Paradol, son directeur de cabinet, comme assistant parlementaire local. « Le Parlement européen est devenu plus regardant sur les activités du RN », indique Olivier Costa, spécialiste de l’Union européenne.

Le

« Les maires avaient trop de désaccords de fond avec Macron pour que ça se passe bien sur la forme », reconnaît Baroin
3min

Politique

« Nous n’aspirons pas à figurer dans un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche », assure Mathieu Darnaud

Invité de la matinale de Public Sénat, Mathieu Darnaud, président du groupe Les Républicains au Sénat, a répété ce jeudi que son parti ne participerait pas à « un gouvernement dont le Premier ministre serait de gauche et porterait le programme du Nouveau Front populaire ». Le responsable pointe « l’irresponsabilité » des forces politiques qui ont voté la censure.

Le

« Les maires avaient trop de désaccords de fond avec Macron pour que ça se passe bien sur la forme », reconnaît Baroin
3min

Politique

Revalorisation du barème de l’impôt : « On peut imaginer plusieurs scenarii », selon Claude Raynal

Après avoir été présenté en conseil des ministres ce mercredi 11 décembre, le projet de loi spéciale sera examiné à l’Assemblée nationale à partir du 16 décembre et au Sénat en milieu de semaine prochaine. Cet après-midi, les ministres démissionnaires de l’Economie et du budget ont été entendus à ce sujet par les sénateurs. « La Constitution prévoit des formules pour enjamber la fin d’année », s’est réjoui le président de la commission des Finances du Palais du Luxembourg à la sortie de l’audition.

Le