Les mesures de Macron pour la biodiversité, du « recyclage » pour les ONG

Les mesures de Macron pour la biodiversité, du « recyclage » pour les ONG

Les mesures pour la biodiversité annoncées lundi par Emmanuel Macron après la publication d'un rapport catastrophique sur l'état...
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Par Laure FILLON

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Les mesures pour la biodiversité annoncées lundi par Emmanuel Macron après la publication d'un rapport catastrophique sur l'état de la nature étaient pour l'essentiel déjà connues et peinent à se traduire en actes, relèvent mardi des experts.

Il réagissait à la publication d'un rapport sans précédent d'experts de l'ONU sur la biodiversité (IPBES), qui avertit qu'un million d'espèces animales et végétales pourrait disparaître et que les écosystèmes vont continuer à se dégrader si les hommes continuent à penser la richesse du monde uniquement en termes de croissance économique.

"Culturellement, c'est important" que le président de la République s'empare des conclusions de l'IPBES et fasse des annonces sur l'environnement, grand oublié des annonces après le grand débat, estime Vincent Abel, de France Nature Environnement (FNE). "Les annonces c'est bien, la mise en action ce serait mieux", complète Sandrine Bélier de l'association Humanité et biodiversité.

- Lutte contre le gaspillage alimentaire -

Emmanuel Macron a promis une lutte contre le gaspillage alimentaire, au niveau "des écoles, des restaurateurs et des distributeurs". Une loi de début 2016 oblige les supermarchés à donner leurs invendus alimentaires aux associations qui les réclament et le gouvernement avait annoncé en 2018 sa volonté d'étendre cette lutte contre le gaspillage à la restauration collective. "C'est essentiel car on gaspille en France 30% de la nourriture", dit Arnaud Goffier de WWF, qui attend à présent "des mesures pour les particuliers".

- Réduction des pesticides dans l'agriculture -

Le président a répété l'objectif de sortir du glyphosate en 2021 et de réduire les produits phytosanitaires de 50% en France d'ici 2025 - but qui figure dans les plans "Ecophyto" engagés depuis 2008. Ces plans ont été jusqu'à présent des échecs, ce qui a conduit le gouvernement a lancer une nouvelle mouture "Ecophyto2+". "On a déjà mis 500 millions d'euros sur la table", sans grand succès et "on demande des objectifs plus concrets et phasés", explique Vincent Abel.

- Augmentation des aires protégées -

La part des aires marines et terrestres protégées devraient passer à 30% du territoire d'ici 2022 (contre 20% actuellement tous statuts confondus, NDLR) dont un tiers "protégées en pleine naturalité". "On est autour de 2%" aujourd'hui pour ces zones où l'homme ne peut pas entrer, rappelle Arnaud Gauffier de WWF. "Il ne faut pas que ce soit des aires protégées de papier" sans moyens suffisants, avertit-il.

- Lutte contre l'artificialisation des sols -

Le président veut un bilan pour fixer des objectifs en matière de lutte contre l'artificialisation des sols. Cette mesure figure déjà dans le plan biodiversité de 2018, avec un objectif de "zéro artificialisation nette", mais sans échéance. "C'est une grosse déception" pour Sandrine Bélier. "On a déjà beaucoup de données et des outils" pour lutter contre l'artificialisation "Quand est-ce qu'on arrête les études pour prendre des mesures?"

"Qu'attendez-vous pour annuler le projet Europacity?", demandent les opposants au mégacomplexe (centre commercial, culturel, parc de loisirs) prévu au nord de Paris sur des terres agricoles. En mars 2018, le tribunal administratif avait annulé l'arrêté préfectoral créant la zone d'aménagement concerté (ZAC) du triangle de Gonesse, mais l'Etat avait fait appel.

- Promouvoir l'économie circulaire -

Le gouvernement doit présenter d'ici l'été un projet de loi sur l'économie circulaire. Elle vise 100% de plastiques recyclés d'ici 2022. "Le problème n'est pas uniquement lié au recyclage", rappelle Pierre Cannet, qui regrette que de manière plus générale, "beaucoup de mesures soient recyclées de rapports précédents".

- Montagne d'Or -

"Montagne d'or" n'est en l'état "pas compatible" avec des ambitions écologiques, a estimé Emmanuel Macron, fervent défenseur pendant un temps de ce projet controversé d'extraction d'or en Guyane. "On a une avancée", se réjouit Pierre Cannet de WWF, qui demande à présent que ce projet soit "rejeté" et qu'une alternative de développement pour la Guyane soit proposée.

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