Les Patriotes défendent leur “place” sur un créneau souverainiste encombré
Les militants des Patriotes de l'ancien numéro deux du FN Florian Philippot, réunis en congrès fondateur dimanche à Arras (Pas-de-Calais),...
Par Anne RENAUT
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Les militants des Patriotes de l'ancien numéro deux du FN Florian Philippot, réunis en congrès fondateur dimanche à Arras (Pas-de-Calais), veulent croire à leur "place" sur un créneau souverainiste pourtant encombré.
"Il y a une place énorme" sur l'échiquier politique, assure leur président, élu à l'unanimité, Florian Philippot, un verre à la main, en déambulant dans les stands des régions de France, chacune surmontée d'un petit drapeau bleu-blanc-rouge, au centre des expositions d'Arras.
"Il y a une majorité de Français qui sont amoureux de leur pays, qui sont pour une France libre, indépendante" et "la seule solution c'est de sortir de l'Union européenne" pour réconcilier la droite et la gauche, a plaidé le dirigeant politique de 36 ans, devant près de 500 militants munis de drapeaux tricolores.
Il admet que créer les Patriotes en septembre 2017 a été un "choix audacieux". Le parti n'a pas convaincu aux dernières élections partielles, avec des résultats bien inférieurs à ceux de son concurrent d'extrême droite.
"J'assume que sur certains sujets, je ne suis pas encore majoritaire dans l'opinion", reconnaît Florian Philippot, qui est "là pour convaincre" du Frexit. La sortie de l'euro n'est plus la priorité du FN, parti qu'il a conseillé jusqu'à l'été dernier.
Fervent défenseur du Brexit, l'eurodéputé britannique Nigel Farage a souhaité dans un message vidéo "bonne chance" au nouveau parti. "Ne doutez jamais", même s'il "faut être patients" car "les gens vous diront que c'est impossible", a prévenu le Britannique.
- 'Dans une impasse' -
Nigel Farage, député européen et ex-chef du parti europhobe UKip, au Parlement européen à Strasbourg, le 13 septembre 2017
AFP/Archives
Sabrina Joret, consultante en marketing de 43 ans, se dit "gaulliste et souverainiste". Elle a suivi Florian Philippot, "une heure après la démission" de ce dernier du FN, pour défendre des "convictions qui ont été abandonnées" par son ancien parti, pour lequel elle a milité à de nombreuses élections dans le Calvados.
Florian Philippot, lui, assure avoir "tourné la page" d'un FN "embourbé, pathétique", qui "se rediabolise". "Les extrêmes sont des impasses", affirme-t-il.
De son côté, Marine Le Pen lui reproche de ne pas assumer la "sanction" de la présidentielle. Il "ne représente que lui-même" désormais, a-t-elle dit au journal L'Union, lors d'un déplacement le même jour à Laon (Aisne).
Pour le sociologue Sylvain Crépon, "les Patriotes sont dans une impasse. Il n'y a pas d'espace pour deux partis nationalistes qui se font, à quelques nuances près, concurrence".
Le créneau souverainiste est aussi occupé par Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France et ancien allié de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, et par un ancien proche de Charles Pasqua, François Asselineau, qui a fait 0,92% à ce scrutin.
Noël La Paglia, infirmier de 53 ans, vient de prendre sa carte après avoir hésité à rejoindre M. Asselineau, mais "il n'y avait pas la même dynamique". Il défend "la patrie avant tout", dénonce "l'anéantissement des citoyens dans la dictature du fric".
Comme beaucoup de militants rencontrés à Arras, Jérémy Rochet, étudiant en droit de 24 ans, référent des Patriotes en Midi-Pyrénées, était membre du FN avant de suivre M. Philippot sur sa ligne "sociale", même s'il reconnaît que la sortie de l'euro "c'est difficile à vendre".
Les européennes seront le "moment de vérité" des Patriotes, qui remettent trois sièges en jeu : ceux de Florian Philippot, Mireille d'Ornano et Sophie Montel.
M. Philippot pense que la barre des 5% de voix est atteignable, mais s'il y aura beaucoup de monde au départ : le FN, LR, Debout la France, et sans doute une liste Asselineau.
Reste à savoir si Les Patriotes ressemblera à Debout la France, "le plus petit des grands partis", ou au Parti de la France, de l'ex-frontiste Carl Lang, "qui continue à présenter des candidats mais n'a aucune visibilité", se demande Jérôme Fourquet, directeur opinion à l'Ifop.
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