Les propos sans filtre de Laurent Wauquiez, qui s'en est pris vertement à ses rivaux et adversaires à la manière de Donald Trump, continuaient dimanche de faire des vagues, jusque dans le propre camp du président de LR.
"Vous prenez les mots qui ont été dits là, ça pourrait être un des membres de la famille Le Pen : c'est la même tonalité, la même violence", a résumé sur BFM TV Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, qui a quitté LR après l'élection de M. Wauquiez.
"Une des raisons pour lesquelles j'ai quitté LR, c'est cette violence, ce cynisme en politique, je ne les supporte plus", a ajouté l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy, pour qui "c'est pire que du Trump".
Nicolas Sarkozy et Laurent Wauquiez le 8 décembre 2017 à Lyon
AFP
En cause, des extraits sonores diffusés vendredi soir par l’émission Quotidien, dans lesquels on entend notamment M. Wauquiez affirmer, devant les étudiants d'une école de commerce lyonnaise, que Nicolas Sarkozy "mettait sur écoutes pour pomper tous les mails, tous les textos", les portables des membres du gouvernement lors des Conseils des ministres.
Dans cet enregistrement, le président d’Auvergne-Rhône-Alpes se dit également "sûr et certain" qu’Emmanuel Macron et ses équipes "ont largement contribué à mettre en place la cellule de démolition" contre François Fillon.
Quant au ministre Gérald Darmanin, visé par une enquête pour abus de faiblesse, "il sait ce qu’il a fait" et "il va tomber", affirme M. Wauquiez.
Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, le 12 décembre 2017 à Onnaing dans le Nord
AFP/Archives
"Une société politique en permanence dans cette violence-là, je ne veux pas y aller", a dénoncé M. Bertrand, convaincu que les déclarations de M. Wauquiez suivent une stratégie totalement "voulue", inspirée de Patrick Buisson, ancien conseiller très droitier de M. Sarkozy qu'il a enregistré durant des années à son insu.
"Je ne regrette pas d'être parti" de LR, a lancé M. Bertrand, ami proche de M. Darmanin.
- 'Dégoût de la politique' -
Au sein même de LR, les propos de M. Wauquiez ont fait grincer des dents. "On a besoin de rassembler, pas de diviser (...) Ces propos ne concourent pas au rassemblement" du parti, a ainsi regretté Eric Woerth, député de l'Oise, sur France 3. "Il n'y aurait pas ces propos, ce serait peut-être mieux".
Eric Woerth, le 30 janvier 2018 à Paris
AFP
Selon lui, M. Wauquiez "est suffisamment intelligent pour tenir compte de ça". Le président d'Auvergne-Rhône-Alpes, qu'il a eu depuis vendredi au téléphone, "était un peu ennuyé par l'avalanche de commentaires".
L'ancien ministre a toutefois appelé à ne pas "maximiser" la portée de cet enregistrement et estimé qu'il y avait "besoin d'une opposition qui à un moment donné se fasse entendre".
Ces déclarations de M. Wauquiez vont "entraîner de plus en plus de Français dans le dégoût de la politique et l'abstention", redoute quant à lui Florian Philippot, président des Patriotes.
Alexis Corbière, député LFI de Seine-Saint-Denis, a trouvé "choquant" le fait que M. Wauquiez glisse dans l'enregistrement qu'il dit du "bullshit (des conneries, NDLR)" quand il est sur un plateau de télévision. "Je ne vais pas à la télé pour dire autre chose que ce que je pense", a lancé M. Corbière au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro.
Dans la majorité, les critiques ont continué de pleuvoir contre celui qui veut apparaître comme le premier opposant au chef de l'État.
Le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert a ainsi fustigé des propos "violents qui ne grandissent pas la politique", lors du Grand Rendez-vous Europe 1-CNews-Les Échos.
Hugues Renson, député LREM de Paris, a de son côté décrit sur Radio J un M. Wauquiez "en voie de trumpisation". "On ne s'adresse pas à des étudiants en colportant des ragots", met en garde cet ancien conseiller de Jacques Chirac, qui s’interroge sur l'éventuelle rémunération du président d'Auvergne-Rhône-Alpes pour ce type d'interventions.
Après une nuit de bombardements sur Kiev, Volodymyr Zelensky doit rencontrer Donald Trump ce dimanche 28 décembre en Floride pour finaliser un plan de paix. Un rapprochement qui pourrait infléchir la position de la Russie et accélérer la conclusion d’un cessez-le-feu.
Edouard Balladur élu en 1995, DSK en 2012, Alain Juppé en 2017… Et Jordan Bardella en 2027 ? Voici les résultats des élections présidentielles, si l’on était dans un monde parallèle. Celui des sondages, à 18 mois environ du scrutin. Car si les sondages peuvent donner la tendance du moment, ils ne sont pas des prédictions, l’histoire nous l’a monté. Mais parfois, ils ont aussi vu juste, très en amont…
Après un faible regain en novembre, le président de la République atteint à nouveau son plus faible niveau de confiance depuis 2017. Si la défiance touche l’ensemble de l’exécutif, Emmanuel Macron cristallise le désaveu tandis que sur la scène nationale, seul le RN est en progression.
Après l’adoption de la loi spéciale pour assurer la continuité de l’Etat, le gouvernement devra reprendre les débats au Parlement, début janvier, pour espérer faire adopter un budget pour l’année 2026. Une opération délicate dans un paysage politique fragmenté et avec un calendrier contraint.