« Les règles du CSA pour l’élection présidentielle ont toujours été trop contraignantes »
Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) applique, depuis ce lundi, le principe d’égalité de temps de parole de chaque candidat à la radio et à la télévision, et non plus d’équité. Le contrôle du CSA ne concerne ni la presse écrite, ni les réseaux sociaux.

« Les règles du CSA pour l’élection présidentielle ont toujours été trop contraignantes »

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) applique, depuis ce lundi, le principe d’égalité de temps de parole de chaque candidat à la radio et à la télévision, et non plus d’équité. Le contrôle du CSA ne concerne ni la presse écrite, ni les réseaux sociaux.
Public Sénat

Par Pierre de Boissieu

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La campagne présidentielle officielle débute ce lundi. A partir de maintenant, il doit exister une égalité stricte à la radio et à la télévision, dans la diffusion des commentaires, des déclarations et des écrits des candidats. Par ailleurs, les temps de parole et d'antenne doivent être strictement identiques pour chacun d’entre eux et cela dans des conditions de programmation comparables, telles que les tranches horaires.

Les clips de campagne des candidats pourront désormais être diffusés sur les antennes du service public, ce qui n’était pas le cas avant ce lundi. Chaque candidat a droit à 43 minutes, ce qui correspond à dix spots d'une minute trente, et huit de trois minutes trente.

Ces dispositions ne font pas l'unanimité. « Les règles du CSA pour l’élection présidentielle ont toujours été trop contraignantes » pour Patrick Eveno, professeur à l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne, et leur application trop rigide. Selon lui, il faudrait libéraliser le temps de parole à l’antenne. « Les règles mises en place depuis 1958 favorisent les gens qui veulent devenir célèbres à la faveur de l’élection présidentielle, contrairement aux autres démocraties où les candidats sont issus des grands partis » explique-t-il en outre.

Equité et égalité

Depuis le 25 avril 2016, le CSA a changé les modalités de décompte du temps de parole, privilégiant le principe d’équité sur celui d’égalité. Cela ne s’applique que durant la période « allant de la publication de la liste des candidats jusqu’à la veille de la campagne “officielle” », c’est-à-dire du 20 mars à ce lundi, 10 avril. Cette période est désormais terminée.

« Le principe d’équité implique que les télévisions et les radios allouent aux candidats et à leurs soutiens des temps de parole ou d’antenne en tenant compte de leur représentativité et de leur implication effective dans la campagne » peut-on lire sur le site du CSA. La représentativité est mesurée par le nombre d'élus et les résultats élections précédentes notamment.

L’implication est une notion plus floue. Il s’agit de « la capacité d’un candidat à manifester concrètement son implication dans la campagne : organisation de réunions publiques, participation à des débats, désignation d'un mandataire financier et, plus généralement, toute initiative permettant de porter à la connaissance du public les éléments de son programme. »

Nous entrons désormais dans la période correspondant aux deux dernières semaines avant l’élection présidentielle, jusqu’au 23 avril prochain, date du premier tour. Par ailleurs, le site du CSA indique que « l’ordre de passage des spots est fixé par tirage au sort. »

Le CSA ne contrôle que la radio et la télévision

La délibération du 4 janvier 2011 du CSA sur les périodes électorales ne concerne que les services de radio et de télévision. La presse écrite n’est donc pas assujettie aux règles d’égalité du temps de parole.

Le site du CSA précise que « la simple diffusion d’un flux vidéo sur un site internet » n’est pas tenue de respecter l’égalité du temps de parole. Ainsi, un candidat qui souhaiterait « implanter dans sa permanence électorale une webcam qui diffusera des images en direct sur son site internet et sur ses comptes Facebook et Twitter » ne contreviendrait pas aux règles prescrites par le CSA.

De même, les chaînes Youtube de certains candidats, comme celle de Jean-Luc Mélenchon, le candidat de La France insoumise, ou de François Asselineau, le candidat de l’Union populaire républicaine (UPR), ne sont pas soumises à l’impératif du CSA. Ce dernier précise en effet que cet impératif ne concerne pas les « services de radio et de télévision ayant pour contenu spécifique la propagande électorale des candidats (...) et exclusivement accessibles par voie de communication au public en ligne ».

« Internet et la presse écrite ne sont pas du domaine de compétence du CSA » rappelle Christian Delporte, spécialiste de l'histoire des médias et vice-président de l'université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. « Légiférer sur un domaine aussi vaste et confus quinternet serait impossible à mettre en oeuvre » précise-t-il.

 

 

Partager cet article

Dans la même thématique

« Les règles du CSA pour l’élection présidentielle ont toujours été trop contraignantes »
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

« Les règles du CSA pour l’élection présidentielle ont toujours été trop contraignantes »
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le

Bruno Retailleau public meeting at Docks 40 in Lyon.
5min

Politique

Tribune de LR sur les énergies renouvelables : « La droite essaye de construire son discours sur l’écologie dans une réaffirmation du clivage gauche/ droite »

Après la publication d’une tribune sur le financement des énergies renouvelables, le parti de Bruno Retailleau s’est retrouvé sous le feu des critiques. Pourtant, en produisant un discours sur l’opposition aux normes écologiques, LR semble revitaliser le clivage entre la gauche et la droite.

Le