Thierry Solère, Bruno Le Maire, Edouard Philippe... le sort de plusieurs figures des Républicains doit être tranché mardi par un bureau...
Les Républicains iront-ils jusqu’à exclure les Macron-compatibles ?
Thierry Solère, Bruno Le Maire, Edouard Philippe... le sort de plusieurs figures des Républicains doit être tranché mardi par un bureau...
Par Guillaume DAUDIN
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Thierry Solère, Bruno Le Maire, Edouard Philippe... le sort de plusieurs figures des Républicains doit être tranché mardi par un bureau politique, qui pourrait les sanctionner voire les exclure pour leur ralliement à Emmanuel Macron ou leur proximité affichée avec la nouvelle majorité.
Le secrétaire général LR Bernard Accoyer a déclaré mardi matin "ne pas exclure l'exclusion", tout en mettant en garde contre le "piège" de "donner l'image de coupeurs de têtes".
Thierry Solère, initiateur du groupe des Constructifs LR-UDI à l'Assemblée, distinct de celui LR, a lui déjà prévenu que s'il devait être exclu, il déposerait un recours devant la commission des recours du parti.
Sonnés par leurs échecs électoraux, Les Républicains se réunissent en fin de journée dans leur QG parisien. Au menu, la mise à la porte potentielle de figures LR, le Premier ministre lui-même, trois membres du gouvernement (Bruno Le Maire, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu), ainsi que deux députés "constructifs", Thierry Solère et Franck Riester.
Au total six courriers, qualifiés "de convocations d'exclusion" par M. Solère, ont été transmis aux intéressés.
"On a dit qu'ils étaient déjà exclus, c'est faux. Nous avons ouvert une procédure qui est une procédure de sanction. (...) Après, nous allons débattre ce soir des décisions qui sont à prendre", a tenu à préciser Bernard Accoyer.
Il a d'ailleurs laissé la porte entrouverte à un possible retour dans la famille de certains "constructifs", mais "pas pour ceux qui étaient à la manoeuvre": tous les LR "constructifs" n'ont pas reçu de convocation.
Edouard Philippe et Thierry Solère (D), en campagne pour les législatives, le 5 juin 2017 à Boulogne-Billancourt
AFP/Archives
La question divise en interne. Il y a les tenants d'une exclusion: le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti, qui plaide pour "une indispensable clarification", le trésorier du parti, Daniel Fasquelle, l'ancienne ministre Nadine Morano, "LR, pas Solère", ou le député du Pas-de-Calais Pierre-Henri Dumont.
"On ne reconstruira pas si on est dans l'ambiguïté, un pied dedans, un pied dehors (...). A un moment, il y a des chemins qui diffèrent, il faut en prendre acte de manière totalement apaisée", a aussi plaidé le député de l'Yonne Guillaume Larrivé.
- Un nouveau parti ? -
D'autres sont opposés à ce type de sanction, qualifié de "procédés staliniens" par le maire de Nice Christian Estrosi.
"J'ai dit au secrétaire général des Républicains que je m'opposerais à cette démarche d'exclusion. Sur quelle base nous la ferions ?", a déclaré le président du Sénat Gérard Larcher.
"Je pense qu'il faut simplement constater qu'ils se sont mis en dehors", a estimé pour sa part Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR.
"Je ne pense pas qu'il faille exclure, je pense qu'il faut prendre acte du fait qu'ils se sont éloignés du parti", a fait écho le député de l'Oise Eric Woerth.
Vice-président LR d'Île-de-France, Geoffroy Didier estime que "l'on peut parfaitement être membre des Républicains" et "soutenir" le gouvernement s'il "va dans le bon sens".
Hors de LR, les centristes suivront de près les conclusions de ce bureau politique.
Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances (G), et le Premier ministre Edouard Philippe (D) au Sénat, le 6 juillet 2017
AFP/Archives
Le patron de l'UDI Jean-Christophe Lagarde, membre comme MM. Solère et Riester du groupe des "constructifs" à l'Assemblée, a souhaité pouvoir "construire un nouveau parti avec toutes ces personnes venues du centre, venues de la droite progressiste".
Concernant les membres du gouvernement comme Edouard Philippe ou Gérald Darmanin, qui ne croit pas que son parti ira jusqu'à l'exclusion, se poserait la question d'un ralliement à la République en Marche.
M. Solère, qui dénie toute légitimité à la "direction provisoire" du parti et n'assistera pas au bureau politique, envisage encore une autre "solution" : que les adhérents LR tranchent au prochain congrès "entre la ligne identitaire et la ligne constructive que nous incarnons au Parlement".
Une façon de viser Laurent Wauquiez, droitier patron de la région Auvergne-Rhône-Alpes, bien parti pour briguer la présidence de LR sans adversaire de poids pour le moment.
Deux barons considérés comme plus modérés, Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, ont décliné de se présenter.
Le bureau politique sera aussi l'occasion pour les ténors LR de lancer les hostilités en s'exprimant sur la date de l'élection d'un nouveau président: les 11 et 17 décembre sont envisagés.
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