Gérard Collomb est sorti de sa réserve ce dimanche, après l’accueil des migrants de l’Ocean Viking à Toulon. L’ancien ministre de l’Intérieur a estimé que cette décision représentait un « tournant dans la politique d’immigration en France ». Dans un entretien au Point, ce marcheur de la première heure a révélé les vraies raisons derrière sa démission du gouvernement en octobre 2018, justifiée à l’époque par son retour à la mairie de Lyon. Il a expliqué être en désaccord sur la création d’un « centre contrôlé », à Toulon ou Marseille, destiné à accueillir les migrants.
S’il a laissé sous silence cet épisode jusqu’à présent, c’était pour ne pas nuire à Emmanuel Macron et pour ne pas « inverser le résultat » de la dernière élection présidentielle, a-t-il détaillé. Invité ce 14 novembre d’Audition publique, l’émission politique hebdomadaire de Public Sénat et LCP-Assemblée nationale, en partenariat avec Le Figaro Live, le député Rassemblement national (RN) Jean-Philippe Tanguy a considéré que cette information était « particulièrement grave ».
« On est dans une démocratie. Les responsables politiques n’ont pas à dissimuler des choses aux Français, ils n’ont pas à mentir par omission », a condamné le président délégué du groupe RN à l’Assemblée nationale. Selon lui, l’ancien homme fort de Beauvau aurait dû « en avertir les Français ». « Les responsables politiques ont un devoir de transparence et de vérité envers les citoyens, qui doivent faire leur choix de manière parfaitement éclairée […] Il a dissimulé une part de vérité ou une information importante aux Français. Pour un responsable politique, en plus le ministre de l’Intérieur, gardien des élections, c’est particulièrement grave. »
Pour autant, une telle révélation en 2018 n’aurait probablement pas bousculé l’issue de 2017, selon le député RN de la Somme. « Je ne pense pas non plus que l’avis de M. Collomb aurait bouleversé les Français », a-t-il reconnu.
Sans aller jusqu’à reconnaître l’ancien ministre comme un allié – « il reste dans sa famille politique », a insisté le député – il a toutefois constaté une analyse partagée. « Il dit quelque chose d’important. Il rejoint notre analyse sur le fait que ça fait un précédent grave qui peut nourrir notamment les passeurs et les promesses que ces trafiquants d’être humains font aux pauvres personnes qui leur font confiance », a observé Jean-Philippe Tanguy.