En quête d’un Premier ministre, le Président de la République a invité à l’Elysée les cadres des forces politiques, hors RN et LFI, ce mardi 10 décembre. Objectif : construire une nouvelle méthode autour d’une « plateforme programmatique ».
Les sénateurs attendent Jean Castex au tournant
Par Public Sénat
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Plan de relance, décentralisation, écologie, lutte contre le chômage… Ce mercredi, à l’Assemblée nationale, Jean Castex a donné, devant les députés, les grandes lignes de la feuille de route gouvernementale. « A la crise sanitaire, qui n’est pas finie, succède une crise économique et sociale dont certains subissent déjà les conséquences », a débuté le premier ministre avant de livrer, devant une assemblée turbulente, les détails du plan de relance qui sera mis en œuvre dans les mois à venir. Fidèle à sa réputation d’élu de terrain, Jean Castex a donné la part belle aux « territoires » dans son discours de politique générale.
« C’est à la France des territoires que nous devons faire confiance, car c’est elle qui détient les leviers du sursaut collectif », a affirmé le chef du gouvernement, annonçant « une nouvelle étape de la décentralisation », avec, notamment la consécration du principe de différenciation dans une loi organique. « Il y a de bonnes choses », commente le sénateur centriste Hervé Marseille. « Le rappel de la nécessité d’aller vers plus de décentralisation, de déconcentration, de différenciation, c’est ce que demande depuis toujours le Sénat, donc on ne peut se rejoindre. Nous verrons ensuite les modalités. »
« Il n’y a pratiquement rien de précis »
A l’orée d’une crise économique inédite, le chef du gouvernement a tenu à rappeler que la lutte contre le chômage serait bel et bien la « priorité » des 18 mois à venir avec, en ligne de mire, la préoccupation des jeunes « les premiers touchés par la crise ». Un dispositif de réduction du coût du travail, à hauteur de 4000 euros par an pour les jeunes de moins de 25 ans, jusqu’à 1,6 Smic, devrait être mis en place « pour une durée d’au moins un an. » « Il n’y a pratiquement rien de précis par rapport à ce qu’a annoncé, hier, Emmanuel Macron », réagit le sénateur socialiste Jean-Pierre Sueur. « Je regrette ce manque de souffle ».
Revenant sur le plan de relance évoqué, ce mardi par Emmanuel Macron, Jean Castex livre quelques précisions. Plus de 20 milliards d’euros devraient être consacrés à la rénovation thermique des bâtiments, à la réduction des émissions des transports et des industries, et au soutien des technologies vertes, et 40 millions consacrés à la relance de l’industrie. « Je crois à la croissance écologique, pas à la décroissance verte », a taclé le premier ministre, précisant, par ailleurs la mise en place d’un « plan vélo très ambitieux et contractualisé avec les collectivités territoriales ». « Des milliers d’entreprises au bord du dépôt de bilan et des millions de salariés menacés de chômage attendaient que le Président de la République puis le Premier Ministre annoncent sans délai un plan de relance pour l’économie et pas seulement un plan vélo .... », s’est insurgé, sur Twitter, le sénateur du Nord et ancien ministre Marc-Philippe Daubresse.
« Une vague libérale et antisociale »
Autre sujet très attendu : celui du maintien de la réforme des retraites, qui avait déjà fait réagir les sénateurs. Emmanuel Macron, ce mardi, avait précisé son intention de rouvrir les discussions sur le projet de réforme. Une annonce reprise par Jean Castex, qui affirme vouloir proposer aux parlementaires et aux partenaires sociaux, qu’il recevra le 17 juillet, « une reprise de la concertation pour améliorer le contenu et la lisibilité de cette réforme », actant ainsi la « disparition des régimes spéciaux ».
« On savait déjà qu’Emmanuel Macron souhaitait la maintenir en la modifiant quelque peu. Il lui faudra toutefois le faire avec beaucoup d’habileté, s’il ne souhaite pas obtenir les mêmes résultats que la première fois », soutenait, ce mardi, le sénateur LR Alain Joyandet. A gauche, la décision ne fait également pas consensus. « Un discours de politique générale au Sénat qui marquera l’Histoire comme le souvenir d’un #mascaret sur la Garonne. Une vague libérale et antisociale sur un fleuve du macronisme déjà bien à droite. Pour que cela soit éphémère, il va falloir lutter ! », écrit pour sa part Fabien Gay, sénateur communiste de la Seine Saint-Denis.
Peu convaincus par ce premier discours déclamé devant les parlementaires, les sénateurs attendent la suite. Ce jeudi, Jean Castex doit s’exprimer devant la Haute chambre, et préciser certaines des annonces faites devant les députés. « Il y a beaucoup de mots, le Sénat est comme beaucoup de Français : chat échaudé craint l’eau froide. Nous regarderons donc à l’œuvre », conclut le sénateur LR Jean-François Husson.