Les sénateurs dénoncent la lenteur de la vaccination
Retard à l’allumage. La campagne vaccinale est jugée beaucoup trop lente par les sénateurs de droite comme de gauche. Alors que l’Allemagne a vacciné plus de 42 000 personnes, la France reste à moins de 200 vaccinations. Une prudence assumée par le gouvernement et en partie justifiée par la forte défiance de l’opinion publique.

Les sénateurs dénoncent la lenteur de la vaccination

Retard à l’allumage. La campagne vaccinale est jugée beaucoup trop lente par les sénateurs de droite comme de gauche. Alors que l’Allemagne a vacciné plus de 42 000 personnes, la France reste à moins de 200 vaccinations. Une prudence assumée par le gouvernement et en partie justifiée par la forte défiance de l’opinion publique.
Public Sénat

Par Héléna Berkaoui

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

« L’Allemagne est déjà à plus de 42 000 vaccinés, le Royaume-Uni à 900 000 et la France à moins de 200 ! Après les masques, les tests et l’isolement, un nouvel échec serait terrible », prévient le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau.

Le sénateur de Vendée n’est pas le seul à critiquer la lenteur de la campagne vaccinale. Plus tôt la sénatrice écologiste, Esther Benbassa, s’inquiétait que le seuil du million de personnes vaccinées ne soit pas atteint en février au rythme où vont les choses.

Après les masques, les tests… voici venu le temps du vaccin. Ce gouvernement aura toujours été en retard

« Pourquoi ce retard en France ? Après les masques, les tests… voici venu le temps du vaccin. Ce gouvernement aura toujours été en retard », peste d’une même voix le sénateur socialiste, Rachid Temal. Le sénateur du Val-d’Oise pointe un triple échec : « Un gouvernement incapable de travailler dans la transparence, le retard français dans la vaccination réel et impressionnant, et le sentiment anti-vaccin qui ne faiblit pas ».

La vaccination a démarré de façon concertée avec les pays membres de l’Union européenne, le 27 décembre. Ce premier vaccin développé par Pfizer et BioNTech, affiche des résultats très encourageants selon les études avec une efficacité de 95 % sur la prévention du Covid. Si on ne sait pas encore si le vaccin a un effet sur la transmission du virus, cette campagne représente un espoir important de retour à la normale.

La méthode gouvernementale mise en cause

Le bout du tunnel n’est cependant pas tout proche. La situation dans plusieurs départements s’est détériorée appelant à de nouvelles mesures et les rassemblements du réveillon pourraient faire monter en flèche les chiffres des contaminations en janvier. Dans ce contexte, la lenteur de la vaccination apparaît d’autant plus frustrante.

Pour le sénateur LR de la Meurthe-et-Moselle, Jean-François Husson, cette campagne vaccinale est « un parfait exemple de la complexité de la réglementation poussée à l’excès. On est face à une procédure trop lourde et à une sur-administration alors qu’il faudrait de la réactivité ».

La méthode adoptée par le gouvernement est aussi en cause : « On reste tous suspendus aux annonces de l’État sans avoir accès aux informations sur lesquelles reposent ces décisions. »

seuls 42 % des Français sont prêts à se faire vacciner

Avec une opinion publique particulièrement défiante, une plus grande transparence devrait être de mise pour le sénateur de la Meurthe-et-Moselle. En effet, d’après la dernière enquête BVA réalisée dans trente-deux pays et publiée par le Journal du dimanche, seuls 42 % des Français interrogés sont prêts à se faire vacciner. La France se place ainsi en troisième position des pays où la réticence est la plus forte, derrière la Serbie et la Croatie.

« La prudence du gouvernement pour la vaccination n’est pas expliquée et, comme depuis le début de la crise, on est face à un exécutif qui décide tout seul, les parlementaires n’ont pas l’information à laquelle ils ont droit », estime Jean-François Husson. Selon lui, c’est avant tout ce manque de transparence qui entame la confiance de l’opinion publique.

Si on avait brusqué les choses, les mêmes nous l’auraient reproché

« Si on avait brusqué les choses, les mêmes nous l’auraient reproché », rétorque Julien Bargeton, sénateur (RDPI) proche de la majorité présidentielle. Pour le sénateur de Paris, les critiques sur la lenteur de la campagne vaccinale apparaissent faciles tout comme les comparaisons avec notre voisin d’Outre-Rhin.

Il souligne que les Allemands ont mis en place des centres de vaccination collective quand la France a choisi de vacciner prioritairement les personnes âgées dans les Ehpad. « Durant la grippe H1N1, des vaccinodromes avaient été installés et ça a été un échec », rappelle Julien Bargeton.

Consentement et consultation préalable critiqués

Le sénateur veut insister sur le fait que la campagne vaccinale nécessite une logistique particulière, « on a aussi choisi de privilégier le consentement écrit et la consultation préalable, il y a une nécessité d’aller vite mais aussi de respecter les étapes que nous nous sommes fixées », justifie-t-il. Une stratégie qui encore une fois est largement décriée sur les bancs de la Haute assemblée.

Sur Europe 1, le président de la Ligue nationale contre le cancer, Axel Kahn, s’alarme d’une « très importante erreur stratégique de communication ». Pour le généticien, la politique de consentement du patient bien que nécessaire apparaît inutilement longue, cette « procédure d’une lourdeur administrative finit par être dissuasive, s’alarme-t-il. Je suis atterré qu’avec cette procédure de consentement, sur 200 personnes dans un Ehpad, 70 personnes simplement aient consenti ».

« Dès lors que l’on a dit que la solution était le vaccin, il faut y aller. Ce qu’il se passe n’est juste pas acceptable », tonne le sénateur LR du Bas-Rhin, André Reichardt qui dénonce l’impréparation du gouvernement. Le président de la République qui s’exprimera demain pour ses vœux aux Français devrait livrer quelques éléments sur la poursuite de la campagne vaccinale.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le

Marseille: Amine Kessaci candidate
4min

Politique

Assassinat du frère d’Amine Kessaci : le militant écologiste engagé contre le narcotrafic était « sous protection policière et exfiltré de Marseille depuis un mois »

Le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. L’hypothèse d’un assassinat d’avertissement est privilégiée et pourrait faire basculer la France un peu plus vers ce qui définit les narco Etats. C’est ce que craignaient les sénateurs de la commission d’enquête sur le narcotrafic. Le sénateur écologiste de Marseille Guy Benarroche, proche d’Amine Kessaci a pu s’entretenir avec lui, ce matin.

Le

Les sénateurs dénoncent la lenteur de la vaccination
2min

Politique

Assassinat du petit frère d’Amine Kessaci : revoir le documentaire sur le combat contre le narcotrafic du militant marseillais 

Mehdi, le petit frère d’Amine Kessaci, jeune militant écologiste marseillais, connu pour son combat contre le narcotrafic, a été tué par balles jeudi soir à Marseille. En 2020, c’est l’assassinat de son grand frère Brahim, qui avait conduit le jeune garçon à s’engager en politique. Son parcours est le sujet du documentaire « Marseille, des larmes au combat », Anaïs Merad, à revoir sur Public Sénat.

Le

Les sénateurs dénoncent la lenteur de la vaccination
3min

Politique

Projet de loi anti-fraudes : « C’est un objet politique qui vise essentiellement à montrer du doigt la fraude sociale »

Invités sur le plateau de Parlement Hebdo, le sénateur Bernard Jomier (Place Publique) et le député Sylvain Berrios (Horizons) sont revenus sur le projet de loi pour lutter contre les fraudes fiscales et sociales, examiné par la Chambre haute depuis mercredi. La majorité rassemblant les élus de la droite et du centre au Sénat ont affermi le texte en commission, y ajoutant une batterie de mesures qui ne fait pas consensus.

Le