Après la chute du gouvernement de Michel Barnier, le chef de l’Etat dispose d’une marge de manœuvre aussi réduite qu’au lendemain des législatives anticipées pour trouver un nouveau Premier ministre, dans la mesure où les équilibres politiques restent les mêmes à l’Assemblée nationale, observe le sondeur Stéphane Zumsteeg, invité de Public Sénat ce mercredi 4 décembre. Toutefois, l’échéance budgétaire de la fin d’année devrait pousser Emmanuel Macron à agir rapidement.
Les sénateurs dénoncent la lenteur de la vaccination
Par Héléna Berkaoui
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« L’Allemagne est déjà à plus de 42 000 vaccinés, le Royaume-Uni à 900 000 et la France à moins de 200 ! Après les masques, les tests et l’isolement, un nouvel échec serait terrible », prévient le président du groupe LR au Sénat, Bruno Retailleau.
Le sénateur de Vendée n’est pas le seul à critiquer la lenteur de la campagne vaccinale. Plus tôt la sénatrice écologiste, Esther Benbassa, s’inquiétait que le seuil du million de personnes vaccinées ne soit pas atteint en février au rythme où vont les choses.
Après les masques, les tests… voici venu le temps du vaccin. Ce gouvernement aura toujours été en retard
« Pourquoi ce retard en France ? Après les masques, les tests… voici venu le temps du vaccin. Ce gouvernement aura toujours été en retard », peste d’une même voix le sénateur socialiste, Rachid Temal. Le sénateur du Val-d’Oise pointe un triple échec : « Un gouvernement incapable de travailler dans la transparence, le retard français dans la vaccination réel et impressionnant, et le sentiment anti-vaccin qui ne faiblit pas ».
La vaccination a démarré de façon concertée avec les pays membres de l’Union européenne, le 27 décembre. Ce premier vaccin développé par Pfizer et BioNTech, affiche des résultats très encourageants selon les études avec une efficacité de 95 % sur la prévention du Covid. Si on ne sait pas encore si le vaccin a un effet sur la transmission du virus, cette campagne représente un espoir important de retour à la normale.
La méthode gouvernementale mise en cause
Le bout du tunnel n’est cependant pas tout proche. La situation dans plusieurs départements s’est détériorée appelant à de nouvelles mesures et les rassemblements du réveillon pourraient faire monter en flèche les chiffres des contaminations en janvier. Dans ce contexte, la lenteur de la vaccination apparaît d’autant plus frustrante.
Pour le sénateur LR de la Meurthe-et-Moselle, Jean-François Husson, cette campagne vaccinale est « un parfait exemple de la complexité de la réglementation poussée à l’excès. On est face à une procédure trop lourde et à une sur-administration alors qu’il faudrait de la réactivité ».
La méthode adoptée par le gouvernement est aussi en cause : « On reste tous suspendus aux annonces de l’État sans avoir accès aux informations sur lesquelles reposent ces décisions. »
seuls 42 % des Français sont prêts à se faire vacciner
Avec une opinion publique particulièrement défiante, une plus grande transparence devrait être de mise pour le sénateur de la Meurthe-et-Moselle. En effet, d’après la dernière enquête BVA réalisée dans trente-deux pays et publiée par le Journal du dimanche, seuls 42 % des Français interrogés sont prêts à se faire vacciner. La France se place ainsi en troisième position des pays où la réticence est la plus forte, derrière la Serbie et la Croatie.
« La prudence du gouvernement pour la vaccination n’est pas expliquée et, comme depuis le début de la crise, on est face à un exécutif qui décide tout seul, les parlementaires n’ont pas l’information à laquelle ils ont droit », estime Jean-François Husson. Selon lui, c’est avant tout ce manque de transparence qui entame la confiance de l’opinion publique.
Si on avait brusqué les choses, les mêmes nous l’auraient reproché
« Si on avait brusqué les choses, les mêmes nous l’auraient reproché », rétorque Julien Bargeton, sénateur (RDPI) proche de la majorité présidentielle. Pour le sénateur de Paris, les critiques sur la lenteur de la campagne vaccinale apparaissent faciles tout comme les comparaisons avec notre voisin d’Outre-Rhin.
Il souligne que les Allemands ont mis en place des centres de vaccination collective quand la France a choisi de vacciner prioritairement les personnes âgées dans les Ehpad. « Durant la grippe H1N1, des vaccinodromes avaient été installés et ça a été un échec », rappelle Julien Bargeton.
Consentement et consultation préalable critiqués
Le sénateur veut insister sur le fait que la campagne vaccinale nécessite une logistique particulière, « on a aussi choisi de privilégier le consentement écrit et la consultation préalable, il y a une nécessité d’aller vite mais aussi de respecter les étapes que nous nous sommes fixées », justifie-t-il. Une stratégie qui encore une fois est largement décriée sur les bancs de la Haute assemblée.
Sur Europe 1, le président de la Ligue nationale contre le cancer, Axel Kahn, s’alarme d’une « très importante erreur stratégique de communication ». Pour le généticien, la politique de consentement du patient bien que nécessaire apparaît inutilement longue, cette « procédure d’une lourdeur administrative finit par être dissuasive, s’alarme-t-il. Je suis atterré qu’avec cette procédure de consentement, sur 200 personnes dans un Ehpad, 70 personnes simplement aient consenti ».
« Dès lors que l’on a dit que la solution était le vaccin, il faut y aller. Ce qu’il se passe n’est juste pas acceptable », tonne le sénateur LR du Bas-Rhin, André Reichardt qui dénonce l’impréparation du gouvernement. Le président de la République qui s’exprimera demain pour ses vœux aux Français devrait livrer quelques éléments sur la poursuite de la campagne vaccinale.