Le président français, Emmanuel Macron, et son gouvernement se retrouvent mercredi en Conseil des ministres pour une rentrée politique au programme chargé, entre réforme de la fonction publique et délicate équation budgétaire.
- Réforme de la fonction publique -
La promesse d'Emmanuel Macron de supprimer 120.000 postes de fonctionnaires d'ici 2022 a déjà jeté des dizaines de milliers de manifestants dans la rue.
La concertation entre gouvernement et syndicats sur la réforme de la fonction publique, qui emploie plus de cinq millions de personnes en France, doit reprendre en septembre en vue de l'élaboration d'un projet de loi au premier semestre 2019.
En quête de "souplesse", le gouvernement souhaite la création d'un "contrat de mission" de six ans maximum et a évoqué un élargissement du recours aux contractuels: une "attaque" contre le statut de fonctionnaire aux yeux des syndicats.
- Lutte contre la pauvreté -
Soucieux de faire mentir ses critiques qui l'accusent d'être le "président des riches", Emmanuel Macron a promis un plan pour "rompre avec le déterminisme de la pauvreté".
Il doit comporter une série de mesures pour aider les quelque 14% de Français vivant sous le seuil de pauvreté (1.008 euros par mois) à en sortir.
La popularité d'Emmanuel Macron
AFP
Au programme, "un accompagnement réel vers l'activité, le travail, la santé, le logement, l'éducation", a promis le président, qui avait choqué en fustigeant le "pognon de dingue" dépensé en aides sociales.
- Le tabou des retraites -
A partir de septembre, le gouvernement reprendra ses consultations avec les partenaires sociaux sur la réforme des retraites, promise pour 2019.
Sur ce sujet hautement sensible, Emmanuel Macron a par avance exclu de toucher à l'âge légal, actuellement fixé à 62 ans dans la plupart des cas.
Dans un pays où de multiples régimes spéciaux perdurent, l'exécutif veut mettre en place un régime "universel", où les règles seraient les mêmes pour tous.
- Un budget étriqué -
L'équation budgétaire s'annonce particulièrement acrobatique avec une croissance 2018 désormais prévue à 1,8% au lieu des 2% espérés.
Dans ces conditions, le gouvernement va devoir faire des choix drastiques s'il veut maintenir son cap ambitieux de réduction des dépenses et du déficit public, qu'il s'est engagé à ramener à 2,3% dès 2018.
- Brexit et élections européennes -
Emmanuel Macron a reçu Theresa May début août, alors que les négociations sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne, prévue en mars 2019, patinent.
Le président français, Emmanuel Macron, et la Première ministre britannique, Theresa May, au Fort de Brégançon à Bormes-les-Mimosas, le 3 août 2018
POOL/AFP/Archives
"Le destin de l'Europe" se joue "dans les cinq années qui viennent", a jugé cet été le président français pour qui l'affrontement entre "progressistes" et "nationalistes" sera "au coeur" des élections européennes de mai 2019.
Pour pousser ses projets de réforme de l'UE, Emmanuel Macron reprendra son bâton de pélerin en se rendant le 28 août au Danemark et en Finlande.
- Image et popularité en berne -
Juste avant la trêve estivale, un scandale autour d'un responsable de la sécurité de M. Macron, filmé avec un casque de policier en train de maîtriser brutalement un manifestant, a choqué les Français et déchaîné les critiques de l'opposition.
Galaxie des personnes présumées impliquées dans l'affaire Benalla, du nom de l'ex-collaborateur de l'Elysée qui a frappé un manifestant lors du 1er mai
AFP
La manière dont le président a géré "l'affaire Benalla" a écorné sa popularité, tombée à 27% d'opinions favorables, selon un sondage YouGov publié début août.
L'épisode a conforté la volonté du chef de l'Etat de réformer le fonctionnement de la présidence avec la nomination attendue d'un directeur des services et d'un commandement unique pour le personnel chargé de sa sécurité.
A 48 heures de la réunion de la commission mixte paritaire sur le projet de loi de finances, le ton est monté d’un cran entre le gouvernement et la droite sénatoriale qui refuse d’endosser la responsabilité d’un niveau de déficit, porté à 5,3 %. Aux questions d’actualité au gouvernement du Sénat, Amélie de Montchalin indique que le gouvernement a choisi « en conscience de travailler avec le Parti socialiste ».
Au Sénat, la majorité de droite le répète à l’envi : elle n’est pas responsable de la copie du budget portant le déficit à plus de 5% du PIB. Et les rappels à l’ordre du ministre de l’Économie lundi n’ont pas plu aux élus de la Chambre haute.
Lors des questions d’actualité au gouvernement du Sénat, le Premier ministre Sébastien Lecornu a longuement détaillé la stratégie de l’exécutif pour lutter contre la crise de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) et a appelé au soutien des vétérinaires menacés, car en charge des « dépeuplements » des bovins affectés.
Le président du groupe LR au Sénat a fait part de la colère de ses troupes lors des questions au gouvernement, après que le ministre de l’Économie a pointé du doigt la responsabilité du Sénat dans la dégradation du projet de loi de finances. Le Premier ministre a indiqué que ses ministres faciliteraient les compromis, à deux jours de la commission mixte paritaire.