Levothyrox :  « La ministre est passée du déni à l’action »
Après des mois de signalement de patients souffrant d’effets secondaires de la nouvelle formule du Levothyrox, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé que l’ancienne version du médicament serait disponible « d’ici 15 jours ». Pas de quoi ralentir les plaintes des victimes et la recherche en responsabilité.

Levothyrox : « La ministre est passée du déni à l’action »

Après des mois de signalement de patients souffrant d’effets secondaires de la nouvelle formule du Levothyrox, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé que l’ancienne version du médicament serait disponible « d’ici 15 jours ». Pas de quoi ralentir les plaintes des victimes et la recherche en responsabilité.
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« C’est une victoire de la mobilisation des associations. La ministre est passée du déni à l’action ». L’eurodéputée écologiste, Michèle Rivasi est soulagée. La semaine dernière, l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) et l’ancienne candidate à la primaire EELV avaient organisé une conférence de presse et une manifestation devant l’Assemblée nationale pour demander d’urgence une alternative à la nouvelle formule du médicament soignant la thyroïde, le Levothyrox.

« Un scandale sanitaire » évité de justesse ?

Le message est entendu 8 jours plus tard. Invitée de France Inter, ce vendredi, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn a assuré avoir « fait en sorte (...) que l'ancien Levothyrox soit accessible de façon à ce que ceux qui le réclament puissent le prendre, et ce sera disponible en quinze jours » a-t-elle déclaré avant d’ajouter que « dans un mois », « des alternatives, c'est-à-dire d'autres marques, d'autres médicaments  seront mis sur le marché pour permettre progressivement « aux patients de pouvoir choisir le médicament qui leur convient le mieux ». Cette annonce a été confirmée par le laboratoire pharmaceutique Merck Serono, fabricant du médicament.

Mise en circulation depuis fin mars, la nouvelle formule du Levothyrox a entraîné des milliers de signalements d’effets indésirables (crampes, maux de tête, vertiges, perte de cheveux). Selon Chantal L'Hoir, présidente de l’AFMT, son association recevrait « en moyenne mille dossiers de plaignants par jour ». Figure médiatique du mouvement, l’actrice Annie Duperey a évoqué, hier, sur RTL, « un scandale sanitaire ».  « Je ne sais pas quelle magouille il y a derrière, mais on veut fourguer ça aux Français, alors que c’est ni en Allemagne, ni en Espagne, ni en Italie » s’insurgeait-elle, estimant que ministère « couvrait » quelque chose.

« Il y a eu un véritable déficit d’appréciation. On a considéré que ces effets étaient subjectifs » commente pour sa part Michèle Rivasi qui se félicite, par ailleurs, de la fin annoncée du monopole du laboratoire allemand Merck Serono.

l'Agence nationale de sécurité du médicament pointé du doigt

L’efficacité de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pose question. Son contrôle et sa réactivité suite aux premières plaintes ont fait défaut dans cette affaire. Une femme originaire de l’Hérault a engagé une procédure de contentieux auprès du tribunal administratif de Montpellier visant le ministère de la Santé et l'Agence du Médicament (ANSM).

« Ce que je n’arrive pas à comprendre c’est pourquoi un médicament qui marchait très bien a été remplacé par un autre dont on a vu, presque immédiatement, les effets indésirables » s’interroge Alain Milon, président LR de la commission des affaires sociales du Sénat. « La réaction du ministère a été tardive mais à sa décharge, le contexte électoral n’a pas facilité les choses » ajoute Alain Milon qui s’interroge, par contre, sur la responsabilité de l’ANSM. « Si j’étais dans l’exercice de mon mandat, je lancerais une commission d’enquête parlementaire ». En effet, la session parlementaire ne commencera qu’après les élections sénatoriales du 24 septembre. « La balle est dans le camp de l’Assemblée nationale. Quant à moi,  si je suis réélu à la tête de la commission des affaires sociales, je m'y collerais immédiatement » promet-il.

Biologiste de formation, Michèle Rivasi déplore également le déficit d’évaluation de l’ANSM. « Pourquoi  l’agence du médicament s’est limitée à une étude de bioéquivalence sur des volontaires sains au lieu de faire un véritable essai clinique ? » s’interroge-t-elle. L'ANSM avait réclamé une nouvelle formule du Levothyrox au laboratoire Merck dès 2012 afin, selon elle, de rendre le produit plus stable. « L’agence avait noté que le lactose utilisé comme excipient (substance autre que le principe actif d’un médicament) n’était pas bien supporté par des patients. Or, les excipients de la nouvelle formule bloquent le principe actif chez certains d’entre eux, ce qui provoque la sensation de manque » résume l’eurodéputée. 

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