« L’extrême droite n’a plus besoin d’être élue, vous appliquez son programme ! » lance Marie-Pierre de la Gontrie au gouvernement

La sénatrice socialiste de Paris, membre de la commission mixte paritaire sur le projet de loi immigration, a fustigé le contenu du texte définitivement adopté par le Parlement. Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a dénoncé en retour « la politique politicienne » de la NUPES.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Plus clairsemé au lendemain de la large adoption du projet de loi immigration, le Sénat n’en était pas moins orageux ce 20 décembre. La séance de questions au gouvernement a prolongé le vote agité de la veille, sur le texte. C’est la sénatrice socialiste Marie-Pierre de la Gontrie qui a ouvert les hostilités en demandant des comptes à la Première ministre sur la version finale du texte. Très proche des dispositions voulues par les Républicains, le texte a même reçu le soutien des parlementaires du Rassemblement national.

« Vous avez jeté la majorité présidentielle et le pays dans les bras du Front national »

« Vous vous seriez vantée, il y a peu, d’avoir réussi en quelques jours ce que Gérard Darmanin n’avait pas su faire en un an. Mais à quel prix ? Vous avez jeté la majorité présidentielle et le pays dans les bras du Front national » s’est exclamé la sénatrice de Paris face à la Première ministre.

À l’image de plusieurs commentateurs et personnalités de gauche hier soir, la parlementaire qui a siégé à la commission mixte paritaire a rappelé les mots d’Emmanuel Macron au soir de sa réélection, le 24 avril 2022 : « Ce vote m’oblige. » La direction donnée ces derniers jours par l’exécutif n’a rien d’un barrage face à Marine Le Pen, selon la socialiste. « Aujourd’hui, l’extrême droite n’a plus besoin d’être élue, vous appliquez son programme et faites vôtre la préférence nationale. » Mesures touchant les étudiants étrangers (exemple d’une caution conditionnée au caractère sérieux des études), durcissement des modalités d’accès aux allocations non contributives ou encore intégration d’une « vingtaine » de dispositions inconstitutionnelles, selon son estimation, la sénatrice a multiplié les exemples, se demandant si ces dispositions étaient « conformes » aux « valeurs » d’Élisabeth Borne. Et de conclure : « Ressaisissez-vous, vous devez mettre un terme à cette dérive ! »

« Nous avions le sens de l’honneur », affirme Gérald Darmanin

En réponse, Gérald Darmanin a qualifié ses critiques de « vision extrêmement partiale et partielle ». « Non il n’y a pas de fermeture des étudiants venant en France », a-t-il répliqué. « Il y a une volonté du législateur de pouvoir vérifier qu’il ne s’agit pas de personnes qui utilisent la grande générosité de la France », a-t-il expliqué. « Le président de la République a fixé à 100 000 le nombre d’étudiants [étrangers] chaque année, vous n’avez jamais fait ça lorsque vous étiez en responsabilité. » Une réponse balayée par la sénatrice de Paris, qui a mis en avant les fortes critiques relayées par les présidents d’universités ou de grandes écoles.

Dans une ambiance tendue sur les bancs de gauche, le ministre de l’Intérieur a également reproché aux parlementaires socialistes d’avoir voté « contre les régularisations » de personnes « qui travaillent dans nos entreprises ». « Nous avons su faire voter un texte, sans compter les voix du RN, nous avions le sens de l’honneur, alors que vous n’avez que le sens de la petite politique. »

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris : session of questions to the government at the Senate
3min

Politique

Le gouvernement transmettra au Sénat les amendements votés sur le budget : « Les engagements pris seront tenus », assure Laurent Panifous

Alors que les députés entament l’examen en séance du budget de la Sécu, mettant en pause les travaux sur le budget 2026, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, assure que le gouvernement transmettra au Sénat « tous les amendements votés ». « C’est une formule qui nous va bien », réagit le président de la commission des finances du Sénat, Claude Raynal.

Le