Weekly Cabinet Meeting, Elysee Palace, Paris, France – 23 Sep 2024
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 « L’héritage des paralympiques a rapidement été enterré » : l’absence d’un ministère du handicap met en colère les associations

Le handicap ne figure pas dans l’intitulé du portefeuille de Paul Christophe, ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Egalité entre les femmes et les hommes. Une première depuis plus de quarante ans qui a de quoi exaspérer les associations et acteurs du secteur. Le principal concerné a tenté de les rassurer via un communiqué.
Quentin Gérard

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Les promesses se sont-elles déjà envolées ? Avec les Jeux paralympiques, la question du handicap était revenue sur le devant de la scène. Emmanuel Macron voulait profiter de cet événement pour lui donner une visibilité maximale. Pourtant, deux semaines après la fin des compétitions, aucun portefeuille n’en porte le nom. Paul Christophe, député Horizons du Nord, a été nommé ministre des Solidarités, de l’Autonomie et de l’Egalité entre les femmes et les hommes. S’il en a la compétence, la mention du handicap n’est pas indiquée.

Depuis la fin des années 1980, c’est la première fois que son évocation explicite n’apparaît pas dans l’intitulé d’un ministère, d’un secrétariat d’Etat ou d’un ministre délégué. « C’est carrément une marche arrière toute », a déploré sur RTL le très médiatique Philippe Croizon, para-athlète et conférencier qui a perdu tous ses membres. A la fois, le secrétariat d’Etat a disparu et le mot de handicap ne figure pas dans le nom du ministère. C’est un manque de considération », regrette-t-il.

« Ça lève beaucoup d’interrogations et d’inquiétude »

« Le fameux héritage des paralympiques a rapidement été enterré », souffle Axelle Rousseau, coordinatrice du Collectif Handicaps, qui regroupe 54 associations. « Ça lève beaucoup d’interrogations et d’inquiétude », poursuit-elle. Pour Philippe Berranger, directeur de plaidoyer de l’Association pour l’insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (LADAPT), ça relève du « symbole ». Si ça l’étonne, il se demande si ce n’est pas surtout une erreur de communication. L’ancienne ministre en charge du handicap, Sophie Cluzel, a elle réagit sur X. « Je compte sur Paul Christophe pour que l’absence d’un ministère dédié ne soit pas le signe d’un désintérêt à l’issue des Jeux paralympiques », écrit-elle.

Le nouveau ministre a rapidement réagi à cette polémique. Il a adressé un message « au monde du handicap ». « Comme président du conseil d’administration de l’institut Vancauwenberghe de Zuydcoote en charge des enfants en situation de polyhandicap. Puis comme député et Président de la commission des Affaires sociales, j’ai toujours eu à cœur de défendre les droits fondamentaux des personnes handicapées. Ce n’est pas demain que ça va changer ! Je m’y engage désormais comme ministre », lance-t-il.

« Une très bonne pioche pour Barnier »

Député depuis 2017, Paul Christophe est à l’origine d’une proposition de loi sur l’accompagnement des parents d’enfants malades et handicapés. Il a aussi été rapporteur d’un texte pour repérer et accompagner les troubles du neurodéveloppement, dont l’autisme. « Il suffit de voir les lois qu’il a fait voter pour constater que c’est un spécialiste du sujet », indique Franck Dhersin, sénateur Horizons du nord. Le ministre a été son directeur général des services pendant douze ans quand il était Maire de Téteghem dans le Nord et le décrit maintenant comme « un ami ».

Cette polémique est un non-sujet pour Franck Dhersin. « Je comprends que les associations du handicap aient réagi. Historiquement, elles ont parfois été oubliées. Mais en regardant le profil de Paul Christophe, ces organisations vont comprendre qu’elles ont une personne compétente comme rarement il y en a eu », souligne-t-il. Et de continuer : « C’est une très bonne pioche pour Michel Barnier ». La ministre déléguée en charge des personnes handicapées du dernier gouvernement a aussi eu un mot pour lui. « Je sais votre engagement sur le handicap. Je connais votre force de travail et votre sens de la concertation. Je vous souhaite le meilleur à la tête de ce beau ministère », lui écrit-elle.

Un portefeuille trop chargé

Axelle Rousseau ne remet pas en doute sa sensibilité et ses compétences sur le sujet. Mais trouve dommage que le mot « handicap » n’apparaisse pas dans son ministère. « C’est aussi sur sa charge de travail que je doute », admet la coordinatrice de Collectif Handicaps. « Il a un très gros portefeuille. Il englobe les solidarités, l’autonomie et l’égalité entre les hommes et les femmes. Ils sont tous très importants », poursuit-elle, craignant qu’il ne donne pas assez d’importance au handicap. A noter qu’il sera épaulé par Agnès Canayer, ministre délégué en charge de la Famille et de la petite enfance et par Salima Saa, secrétaire d’Etat en charge de l’Egalité entre les femmes et les hommes.

« Comment avoir confiance en un gouvernement qui supprime de son organisme le handicap ? », s’interroge de son côté l’Association pour la prise en compte du handicap dans les politiques publiques et privées (APHPP). « Ressources, accessibilité, emploi, éducation inclusive… Les dossiers sont nombreux et les enjeux à relever sont colossaux dans une société en retard », s’agace l’organisation dans un communiqué. Et demande à Emmanuel Macron d’intervenir pour « corriger cet affront » et faire de la politique du handicap « la grande cause du gouvernement ».

Les défis à venir pour le handicap

Les sujets d’actualités sur le handicap sont nombreux. La conférence nationale du handicap en avril 2023 avait promis le remboursement intégral des fauteuils roulants. « Ce qu’il va falloir remettre sur le dessus de la pile », pour Axelle Rousseau. Philippe Berranger, directeur de plaidoyer de LADAPT craint lui le manque de ressource des personnes handicapées souvent en situation de précarité. Comme les « établissements et services financés par la solidarité nationale », souligne-t-il.

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