« L’humour est de gauche » selon l’humoriste belge Alex Vizorek

C’est l'un des Belges les plus connus de la scène humoristique francophone. Passé par France Inter, il officie désormais à RTL. Comment un humoriste est-il passé d’un public à l’autre ? Comment faire indifféremment rire un public de droite et de gauche ? Cette semaine, Alex Vizorek est l’invité de Rebecca Fitoussi dans l’émission Un monde, un regard.
Mathieu Terzaghi

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Comment faire rire les Français ? Qu’ils soient de droite ou de gauche ? Lui qui dit avoir « une émotion de gauche », assure que ses différents publics « rient des mêmes choses avec une sincérité différente, mais ils rient surtout du fait que je les repère, c’est-à-dire que je dis ‘Là vous venez de rire à une blague de droite, là peut-être à une blague de gauche’ ». Mais assure-t-il « je ne suis pas un idéologue, je propose une vision du monde qui est la mienne, avec les défauts dont j’ai parfois conscience, j’aime bien rire de ça et admettre ça », explique-t-il.

Pour autant, pour l’humoriste, le rire ne peut pas être du côté des dominants : « J’ai toujours pensé que l’humour était un instrument de gauche. Vous riez toujours du fort parce que vous ne pouvez pas jouer à jeu égal avec le fort. Se moquer du fort, c’est l’arme du faible. Instinctivement, l’humour est de gauche. L’humour qui ne se moquerait pas des dirigeants mais des chômeurs, pour qui ce n’est déjà pas facile, il tape à côté. Coluche faisait des blagues sur les pauvres, mais comme on connaissait le Coluche qui avait créé les Restaus du Cœur, on comprenait », estime le Belge.

Heidegger, Baudelaire…

Un humoriste qui n’hésite pas à mélanger les registres. Ainsi Charles Baudelaire, comme le concept du « Dasein » de Heidegger, font partie du dernier spectacle « Ad Vitam » d’Alex Vizorek. Des connaissances littéraires et philosophiques qu’il souhaite transmettre : « Je suis convaincu que sur RTL, il y a des gens très cultivés ou qui ont envie d’apprendre. C’est mon cas, je ne suis pas né dans une culture absolue, il n’y avait pas Heidegger qui traînait chez moi », avance-t-il. Il ajoute : « Si vous ne le vulgarisez pas, c’est perdu. Moi-même, je n’avais pas compris le ‘Dasein’ ». Mais dans ses spectacles, assure-t-il, il y en a pour tous les goûts, y compris des blagues sur des sujets comme la sexualité : « On vous pardonne beaucoup plus de faire une blague sur la sexualité si avant vous parlez d’Heidegger », s’amuse l’humoriste. « Ma seule règle, c’est que les gens sortent en ayant rigolé », résume-t-il.

Assumer ne pas vouloir d’enfants, « c’est beaucoup plus difficile pour une femme »

Lui qui ne parle pas beaucoup de lui, revendique ne pas souhaiter d’enfants pour le moment. Un sujet souvent évoqué dans ses spectacles : « J’en parle facilement et c’est toujours le cas pour l’instant ». Interrogé sur le cas de Judith Magre, comédienne de 98 ans qui comme lui n’a pas voulu avoir d’enfants, il affirme : « Je trouve ça courageux, vu sa génération et le fait que ce soit une femme. C’est beaucoup plus difficile pour une femme de l’admettre. Aujourd’hui, il y a des filles de 25-30 ans qui disent ‘Je n’en veux pas’, la génération d’avant, on les a beaucoup emmerdées : ‘Alors c’est pour quand ?’. Les hommes, on a eu la chance de passer au travers de ce genre de remarques et questionnements, même si de temps en temps, on me le demande », affirme Alex Vizorek.

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