« Commerces de première nécessité à l’évidence, les librairies sont un joyau inestimable que nous devons préserver. Monsieur le Président, laissez ouvertes les portes de nos librairies ! » C’est l’appel de 68 sénateurs en faveur de la réouverture des librairies en période de confinement. La vice-présidente LR de la commission de la culture du Sénat, ancienne directrice des relations institutionnelles du groupe Hachette Livre, Laure Darcos a motivé ses collègues de tous bords pour la rejoindre dans ce combat qui lui tient à cœur. « Mettre fin à une situation absurde et décalée. Pourquoi les supermarchés peuvent rester ouverts et continuer à vendre des livres et pas les librairies ? Les gens ont besoin de continuer à s’évader pendant le confinement. On a vu d’ailleurs que le livre numérique n’a pas séduit de nouveaux publics en mars dernier. Le livre papier reste un objet particulier pour les Français » estime-t-elle.
En mars dernier, Bruno Le Maire plaidait pour la réouverture des librairies
La sénatrice met également en avant une situation « paradoxale ». En mars dernier, lors du premier confinement, le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire s’était montré favorable à la réouverture des librairies. "Je ne vois pas pourquoi ce serait uniquement Amazon qui pourrait récupérer le marché, au risque effectivement de fragiliser les libraires (…) les librairies sont effectivement un commerce de première nécessité » appuyait-il. À cette époque, c’est le syndicat de la librairie française qui avait freiné ses ardeurs. « À l'heure où l'on nous dit que le confinement des personnes n'est pas suffisamment respecté, une réouverture prématurée serait dangereuse (…) nous avons tous hâte de rouvrir et de retrouver les lecteurs mais, aujourd'hui, la priorité sanitaire prime sur tout autre enjeu, y compris financier » lui répondait-il dans un communiqué du 19 mars.
« Le gouvernement n’a pas voulu opposer les petits commerces les uns aux autres »
8 mois plus tard, la donne a changé pour Laure Darcos. « Les libraires sont bien mieux préparés pour faire face au risque sanitaire » assure-t-elle citant par exemple la mise à disposition de gel hydroalcoolique à l’entrée des magasins, la possibilité de placer des files d’attente à l’extérieur des magasins sans oublier les dispositifs de » click and collect ». « Je pense que le gouvernement n’a pas souhaité faire une exception avec les librairies et opposer les petits commerces les uns aux autres » relève-t-elle.
Dans un communiqué publié mercredi, le syndicat national de l’édition assure effectivement que les librairies « peuvent être parfaitement en mesure d’accueillir les lecteurs dans la perspective d’un nouveau confinement, dans des conditions sanitaires sûres et éprouvées ».
Le Sénat au chevet des petits commerces
Le cabinet de Bruno Le Maire a laissé entendre à Laure Darcos que les librairies pourraient bénéficier de la clause de revoyure dans quinze jours. « Dans quinze jours, nous regarderons où nous en sommes pour tous les commerces, pas uniquement les libraires, et nous verrons s'il est possible d'adapter les dispositifs » a d’ailleurs confirmé Bruno Lemaire sur France Inter, ce matin.
Cet appel résonne avec le soutien aux petits commerces de la Haute assemblée. Jeudi soir, le Sénat a adopté à l’unanimité un amendement au projet de loi sur l’état d’urgence sanitaire autorisant les préfets à rouvrir « des commerces, si les conditions sanitaires sont réunies ». Un combat qui traverse les clivages. François Hollande a lui aussi appelé à ouvrir les librairies et les bibliothèques dans l’émission Livres & Vous de Public Sénat diffusée vendredi 30 octobre à 19 heures.