Licenciements chez Air France : les sénateurs réagissent
Tandis que l’entreprise aérienne pourrait supprimer jusqu’à 10 000 postes, suite à la crise économique engendrée par l’épidémie de Covid-19, certains parlementaires s’insurgent, d’autres demandent un soutien plus important de l’État à Air France.

Licenciements chez Air France : les sénateurs réagissent

Tandis que l’entreprise aérienne pourrait supprimer jusqu’à 10 000 postes, suite à la crise économique engendrée par l’épidémie de Covid-19, certains parlementaires s’insurgent, d’autres demandent un soutien plus important de l’État à Air France.
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Par Marylou Magal

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Chez Air France, les conséquences de la crise économique liée au coronavirus ne devraient pas tarder à se faire sentir. Selon la CGT, la direction de la compagnie aérienne prévoirait de supprimer entre 7000 et 10 000 postes, à travers un large plan de départs volontaires.  Une gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences doit être présentée aux syndicats dans les prochaines semaines, avec une vision plus précise des suppressions de postes dans un court délai. « Je ne confirme pas ces chiffres », a toutefois réagi le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, au micro de France Inter, ce jeudi. Et d’ajouter : « Il y aura des ajustements nécessaires, mais je demande à Air France qu’il n’y ait pas de départs forcés ».

Le ministre de l’Économie a par ailleurs rappelé le soutien apporté par l’État, actionnaire principal de la compagnie aérienne, qui s’est engagé à garantir un prêt bancaire de 7 milliards d’euros à Air France. Interrogé sur le bien-fondé d’un soutien à une entreprise qui licencierait plusieurs milliers de salariés, Bruno Le Maire a rétorqué : « Si demain Air France fait faillite, ces 7 milliards qui partent en fumée et dont je suis responsable, c’est l’argent des Français. J’espère moins de 8 000 postes supprimés et pas de départs forcés », a coupé court le ministre.

Cette décision de l’entreprise aérienne a provoqué la colère de certains parlementaires, dont Nathalie Goulet, sénatrice centriste de l’Orne. « Alors que le gouvernement a refusé d’inscrire dans la loi l’interdiction pour les entreprises ayant des filiales ou des intérêts dans des paradis fiscaux de bénéficier des aides de l’État attribuées dans le cadre de la crise sanitaire ; et alors que l’État actionnaire d’Air France a voté en faveur du bonus de plus de 760.000 pour son PDG, Air France annonce des licenciements de plus de 10.000 personnes », s’insurge la sénatrice. « Le ministre de l’Économie déclare ne pas vouloir de départs contraints, mais c’est une mascarade insupportable ! Il faut que le prochain projet de loi de Finances rectificative soit l’occasion d’interdire ce type de pratiques régulièrement dénoncées ! »

« Les mesures sociales annoncées par Air France doivent évidemment être négociées », tempère le chef de file des sénateurs socialistes, Patrick Kanner. De son côté, l’aile gauche de la Haute chambre milite pour un soutien sans faille de l’État à Air France, pour permettre à l’entreprise aérienne de traverser sans turbulence cette période de crise économique. « Il faut sauver le soldat Air France, réagit le sénateur socialiste Patrick Kanner. C’est l’image d’une nation forte d’avoir une grande compagnie aérienne, et l’État doit la sauver quoi qu’il en coûte. Le soutien de l’État sous forme de prêt est une bonne chose, mais peut-être qu’une montée en puissance de l’État au sein de l’entreprise s’avérera nécessaire ».

À droite, on déplore également un « choc très important » pour la compagnie aérienne, mais ce constat s’accompagne d’une crainte liée à l’aménagement des territoires. « C’est toujours un traumatisme de perdre autant d’emplois dans un secteur qui était encore en progression avant l’épidémie de Covid-19, commente Sophie Primas, présidente LR de la commission des Affaires économiques. Des réaménagements vont être mis en place, et probablement des fermetures de ligne, ce qui pose un second problème d’aménagement du territoire. Certains territoires se retrouveront d’autant plus isolés. » Réagissant aux propos de Bruno Le Maire, Sophie Primas met également en doute l’absence de « casse sociale » dans le cadre de ce plan de départ. « Le ministre a l’air de dire que cela se fera sans que les gens soient poussés vers la sortie, je demande à voir », souffle-t-elle.

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