« C’est forcément une déception forte par rapport aux attentes », commente le président de la commission de la Culture, Laurent Lafon, à l’annonce de la décision du Conseil d’État.
Saisi d’un référé-liberté pour la réouverture des salles de spectacle, de cinéma et de théâtre, la plus haute juridiction administrative a, ce mercredi 23 décembre, rejeté la demande des acteurs concernés.
Dégradation de la situation sanitaire
« La fermeture des cinémas, théâtres et salles de spectacle porte une atteinte grave aux libertés, alors que les protocoles sanitaires mis en place permettent de réduire le risque de transmission du virus », reconnaît le Juge des référés du Conseil d’État. Cependant, cette décision est justifiée « en raison d’une situation sanitaire nouvellement dégradée et incertaine ».
« Si la décision avait été prise juste après le déconfinement, elle aurait sûrement été différente », note Laurent Lafon, suivant le raisonnement du Conseil d’État. Le Juge des référés motive en effet ce rejet par « une dégradation de la situation sanitaire au cours de la période récente, à partir d’un plateau épidémique déjà très élevé, et qui pourrait se révéler encore plus préoccupante au début du mois de janvier ».
« La culture est la dernière roue du carrosse »
La découverte d’une nouvelle variante du virus au Royaume-Uni constitue un autre facteur de risque pour le Juge. « C’est un élément de contexte qui n’était pas d’actualité au moment où la fermeture des théâtres a été décidée », estime le sénateur PS, David Assouline.
S’il ne relativise pas la situation sanitaire, le sénateur socialiste de Paris insiste sur le traitement réservé au monde de la culture : « C’est la dernière roue du carrosse et l’examen du budget est souvent un moment de vérité pour le vérifier ».
David Assouline, comme ses collègues, rappelle que l’Assemblée nationale a « ratiboisé » tous les crédits supplémentaires accordés au secteur par le Sénat, lors de l’examen du projet de finances pour 2021. « Il faudra une compensation, des aides exceptionnelles renforcées », prévient-il.
Une inégalité de traitement
Autre motif d’incompréhension : « L’inégalité de traitement réservée aux lieux culturels » qui prennent pour comparatifs les commerces, les transports ou encore les lieux de culte. Sur le plateau de Public Sénat, l’acteur Philippe Torreton s’indignait de mesures jugées incohérentes : « Soyons sérieux, on ne peut pas dire on n’ouvre pas les théâtres pour éviter les déplacements de la population et en même temps supprimer les attestations de déplacement. »
Les sénateurs demandent des compensations
Laure Darcos, sénatrice LR de l’Essonne, tient à rappeler que l’étude de l’institut Pasteur qui indique que seulement 0,46 % des contaminations seraient intervenues dans un lieu culturel. « Je ne comprends pas pourquoi on n’a pas laissé les lieux culturels ouverts au moins quelques semaines pendant les fêtes », souffle la sénatrice.
Le pire selon elle est de les avoir laissés croire qu’une réouverture était possible, engendrant des coûts de promotion pour les artistes. Alors que beaucoup craignent un regain de l’épidémie après les fêtes de fin d’année, et donc le maintien de la fermeture, les sénateurs de la commission Culture appellent d’une même voix le gouvernement à prévoir des aides exceptionnelles pour le secteur.