Limitation à 80km/h : pas « fast » mais « furious »
Les invités de l’émission « On va plus loin » débattent de la limitation à 80km/h sur les routes secondaires, alors que cette mesure s’appliquera le 1er juillet.

Limitation à 80km/h : pas « fast » mais « furious »

Les invités de l’émission « On va plus loin » débattent de la limitation à 80km/h sur les routes secondaires, alors que cette mesure s’appliquera le 1er juillet.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le 1er juillet, entrera en vigueur la limitation de la vitesse à 80km/h sur les routes secondaires, portée par le Premier ministre Edouard Philippe. Mais les opposants à cette mesure ne désarment pas.

Michel Raison, sénateur (LR) de la Haute-Saône et membre du groupe de travail sénatorial sur la sécurité routière, en fait partie. Il considère que cette mesure comporte « un certain nombre d’incohérences » : « On manipule beaucoup les chiffres dans ce dossier, parce qu’on a aussi d’autres études contradictoires sur les conséquences de la mesure. » Et il ajoute : « Sur la forme, il y a eu un problème de pédagogie, de mépris. »

« Les crispations sont très fortes dès qu’il s’agit de toucher à la voiture des Français. Ces derniers ont toujours réagi épidermiquement à chaque nouvelle réforme » analyse Emmanuel Rivière, directeur général de Kantar Public, une société de sondages.

« Ce que les gens ont envie d’éprouver quand ils sont au volant de leur voiture, c’est un sentiment de liberté. Donc toute contrainte, quelque part, va générer une frustration qui est difficile à accepter. Et en l’espèce, sur la limitation à 80km/h, on voit dans nos enquêtes deux attitudes : une qui consiste à en contester le bien-fondé, à ne pas ressentir que la vitesse soit à ce point un problème. Et une autre qui consiste du coup à en contester aussi les motivations et à soupçonner que la vraie raison c’est de vouloir accentuer les amendes et de remplir les caisses de l’État. »

 Pascal  Jalabert, rédacteur en chef des journaux du groupe EBRA, voit surtout dans cette affaire une fracture urbains / périphériques : « Je crois qu’il y a eu une occasion manquée de la part du gouvernement -  qui est soupçonné d’être un gouvernement d’urbains, de métropolitains - (…) de mettre autour de la table les présidents de Conseils départementaux (…) On aurait été très efficace en les associant et la mesure serait mieux passée. » Mais le journaliste insiste également sur le fait que les automobilistes doivent aussi savoir évoluer : « Il faut quand même faire comprendre aux automobilistes (…) que les moyens de transport ont changé. Ils ont les autoroutes pour eux, ils ont les grandes nationales pour eux mais après, sur les petites routes aujourd’hui, il y a les deux roues, notamment beaucoup les vélos, il y a des piétons qui marchent à côté et ce n’est plus eux les chefs. »

 Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, loue le travail du Premier ministre Edouard Philippe, et sa volonté d’appliquer cette mesure. Elle insiste également sur le fait que la mortalité routière est « la première cause de mort de la jeunesse (…) et « la première cause dans le monde du travail. »

La présidente de la Ligue contre la violence routière, est très remontée contre ceux qui s’opposent à cette limitation : « Lorsque j’entends dire (…) c’est ruralicide. Mais c’est un scandale ! Parce que, moi, je n’accepte pas que les gens qui sont dans les départements, lorsqu’ils accompagnent leurs enfants à l’école, lorsqu’ils vont à l’hôpital, lorsqu’ils vont faire des courses, lorsqu’ils vivent au quotidien, et bien finalement risquent la mort sur les routes où il y a un maximum de tués. »

 

En attendant la mise en place de cette mesure, un recours a été déposé devant le Conseil d’État, et, ce jeudi 21 juin, une proposition de loi du député (LR) Vincent Descoeur va être examinée à l’Assemblée nationale, visant à permettre aux préfets ou aux départements d’appliquer ou non, au cas par cas, la limitation des 80km/h.

 

Vous pouvez voir et revoir le débat sur la limitation à 80km/h, en intégralité :

Débat OVPL : Limitation à 80km/h : pas « fast » mais « furious » (en intégralité)
27:36

Partager cet article

Dans la même thématique

Limitation à 80km/h : pas « fast » mais « furious »
2min

Politique

Écologie : le Sénat confirme les coupes budgétaires dans le Fonds Vert

Malgré la protestation de la gauche et de certains élus de la majorité sénatoriale, le Sénat n’a pas touché au coup de rabot prévu par le gouvernement sur le Fonds Vert, qui sert à financer la transition écologique des collectivités. De 2,5 milliards en 2024, le budget du Fonds Vert est donc passé à 650 millions en 2026.

Le

Paris: Weekly session of questions to the government at the National Assembly
9min

Politique

« C’est la survie de notre famille qui se joue » : l’union des droites avec le RN travaille les LR

Alors que Nicolas Sarkozy n’appellera pas au front républicain et que Bruno Retailleau défend l’union des droites « par les urnes », la question d’un possible rapprochement des LR avec le RN divise encore. La ligne reste au rejet de tout accord d’appareils, plusieurs parlementaires craignant pour « la survie » des LR en cas de fusion-absorption avec le RN. Mais certains sont prêts à se laisser tenter.

Le

XINHUA PHOTOS OF THE DAY
5min

Politique

[Info Public Sénat] Nicolas Sarkozy pour l’union des droites ? « Un emballement totalement disproportionné », pointe son entourage, « il n’a jamais pactisé avec le RN »

Dans son ouvrage écrit en prison, Nicolas Sarkozy affirme qu’il n’appellera pas au front républicain et soutient pour la droite le « rassemblement le plus large possible, sans exclusive ». Beaucoup y voient une défense de l’union des droites. Mais l’entourage de l’ex-chef de l’Etat dément. « Nicolas Sarkozy a toujours dit qu’il fallait parler aux électeurs du RN, mais absolument pas s’allier au parti », soutient-on.

Le