Le 1er juillet, entrera en vigueur la limitation de la vitesse à 80km/h sur les routes secondaires, portée par le Premier ministre Edouard Philippe. Mais les opposants à cette mesure ne désarment pas.
Michel Raison, sénateur (LR) de la Haute-Saône et membre du groupe de travail sénatorial sur la sécurité routière, en fait partie. Il considère que cette mesure comporte « un certain nombre d’incohérences » : « On manipule beaucoup les chiffres dans ce dossier, parce qu’on a aussi d’autres études contradictoires sur les conséquences de la mesure. » Et il ajoute : « Sur la forme, il y a eu un problème de pédagogie, de mépris. »
« Les crispations sont très fortes dès qu’il s’agit de toucher à la voiture des Français. Ces derniers ont toujours réagi épidermiquement à chaque nouvelle réforme » analyse Emmanuel Rivière, directeur général de Kantar Public, une société de sondages.
« Ce que les gens ont envie d’éprouver quand ils sont au volant de leur voiture, c’est un sentiment de liberté. Donc toute contrainte, quelque part, va générer une frustration qui est difficile à accepter. Et en l’espèce, sur la limitation à 80km/h, on voit dans nos enquêtes deux attitudes : une qui consiste à en contester le bien-fondé, à ne pas ressentir que la vitesse soit à ce point un problème. Et une autre qui consiste du coup à en contester aussi les motivations et à soupçonner que la vraie raison c’est de vouloir accentuer les amendes et de remplir les caisses de l’État. »
Pascal Jalabert, rédacteur en chef des journaux du groupe EBRA, voit surtout dans cette affaire une fracture urbains / périphériques : « Je crois qu’il y a eu une occasion manquée de la part du gouvernement - qui est soupçonné d’être un gouvernement d’urbains, de métropolitains - (…) de mettre autour de la table les présidents de Conseils départementaux (…) On aurait été très efficace en les associant et la mesure serait mieux passée. » Mais le journaliste insiste également sur le fait que les automobilistes doivent aussi savoir évoluer : « Il faut quand même faire comprendre aux automobilistes (…) que les moyens de transport ont changé. Ils ont les autoroutes pour eux, ils ont les grandes nationales pour eux mais après, sur les petites routes aujourd’hui, il y a les deux roues, notamment beaucoup les vélos, il y a des piétons qui marchent à côté et ce n’est plus eux les chefs. »
Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière, loue le travail du Premier ministre Edouard Philippe, et sa volonté d’appliquer cette mesure. Elle insiste également sur le fait que la mortalité routière est « la première cause de mort de la jeunesse (…) et « la première cause dans le monde du travail. »
La présidente de la Ligue contre la violence routière, est très remontée contre ceux qui s’opposent à cette limitation : « Lorsque j’entends dire (…) c’est ruralicide. Mais c’est un scandale ! Parce que, moi, je n’accepte pas que les gens qui sont dans les départements, lorsqu’ils accompagnent leurs enfants à l’école, lorsqu’ils vont à l’hôpital, lorsqu’ils vont faire des courses, lorsqu’ils vivent au quotidien, et bien finalement risquent la mort sur les routes où il y a un maximum de tués. »
En attendant la mise en place de cette mesure, un recours a été déposé devant le Conseil d’État, et, ce jeudi 21 juin, une proposition de loi du député (LR) Vincent Descoeur va être examinée à l’Assemblée nationale, visant à permettre aux préfets ou aux départements d’appliquer ou non, au cas par cas, la limitation des 80km/h.
Vous pouvez voir et revoir le débat sur la limitation à 80km/h, en intégralité :
Débat OVPL : Limitation à 80km/h : pas « fast » mais « furious » (en intégralité)