L’immigration n’est « pas le sujet le plus pertinent à présenter en référendum », estime Stanislas Guerini

Invité ce lundi de la matinale de Public Sénat, le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, Stanislas Guerini, a laissé entendre que l’exécutif n’était pas prêt à renoncer à la régularisation des travailleurs sans papiers dans les secteurs en tension, l’un des piliers du projet de loi sur l’immigration, qui soulève l’ire de la droite.
Romain David

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Les « rencontres de Saint-Denis » entre Emanuel Macron et les chefs de parti ont été l’occasion pour Éric Ciotti, le président des Républicains, de rappeler au président de la République que son parti exigeait la tenue d’un référendum sur l’immigration. Une idée également défendue par le Rassemblement national depuis de nombreuses années. Dans un courrier tirant les conclusions de ces échanges, le chef de l’Etat a promis de formuler des propositions sur l’élargissement du champ d’application du référendum, la Constitution restreignant son usage à certaines thématiques, dont l’immigration ne fait pas partie. Invité ce lundi 11 septembre de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat, Stanislas Guerini, le ministre de la Transformation et de la Fonction publiques, a estimé toutefois qu’il était peu probable qu’un tel référendum se tienne, alors que l’exécutif souhaite remettre rapidement sur l’ouvrage son projet de loi immigration.

« Personnellement, je ne pense pas que l’immigration soit le sujet le plus pertinent à présenter en référendum », a déclaré le ministre. « Il faut pouvoir avancer efficacement, sans idéologie mal placée sur ces sujets-là, avec pragmatisme. C’est un sujet complexe qui crée un clivage important. Ce que nous demandent nos concitoyens, ce sont des solutions immédiates, de l’efficacité dans l’action publique et pour faire appliquer les lois », a-t-il défendu. « On voit bien que les modalités d’un référendum sur l’immigration seraient extrêmement complexes », poursuit ce responsable gouvernemental. « Peut-être qu’elles nous feraient perdre du temps sur un sujet sur lequel il est nécessaire d’avancer rapidement, avec les instruments de la Constitution. Le 49.3 en est un », ajoute-t-il. « Si on se dit par nature que l’on va forcément utiliser le 49.3 ou qu’on ne veut pas l’utiliser, je pense que l’on fait une erreur. Il faut d’abord essayer de construire des majorités, et ensuite prendre ses responsabilités. »

« On ne va pas commencer ce débat sur l’immigration en mettant de côté nos convictions »

Le projet du gouvernement divise au moins autant à gauche qu’à droite. Si le volet répressif inquiète la gauche, la droite, quant à elle, est vent debout contre la régularisation des travailleurs sans papiers employés dans les secteurs en tension. Plusieurs responsables politiques LR et RN estiment que cette mesure risque de générer « un appel d’air » migratoire.  « J’ai la conviction que cette mesure sera bonne pour le pays, elle part du réel. Je suis frappé de voir à quel point elle fait consensus chez les acteurs de terrain. Le patronat y est largement favorable », défend Stanislas Guerini. « Je ne pense pas que l’on va commencer ce débat sur l’immigration en mettant de côté nos convictions », avertit le ministre. « Le texte a été construit par plusieurs ministres. Olivier Dussopt, le ministre du Travail, y a pris une part importante. Il y a une seule ligne, l’efficacité », rappelle-t-il.

Une partie des parlementaires de la majorité estiment que le gouvernement, sur ce dossier, peut se passer des voix de la droite, qui a servi jusqu’ici de force d’appoint à un camp présidentiel privé de majorité absolue.  Une tribune rassemblant à la fois des élus de la majorité et des élus de gauche, favorables à une régularisation dans les secteurs en tension, est d’ailleurs attendue cette semaine. « Il faut surtout trouver des alliances politiques pour voter. Ce que je souhaite, c’est que l’on puisse trouver un équilibre pour dégager une majorité sur ce projet », commente Stanislas Guerini.

Il rappelle que « le président de la République n’a pas fermé de portes », et indique que des « propositions concrètes seront faites dans les prochaines semaines », potentiellement sur la base du premier projet de loi adopté en commission par le Sénat en début d’année, mais dont le parcours législatif a finalement été suspendu à la suite de la crise politique déclenchée par la réforme des retraites.

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