A travers un communiqué, l’université Lyon II a annoncé hier saisir le procureur de la République, au titre de l’article 40 du Code de procédure pénale, après la publication la semaine dernière par l’un de ses professeurs d’une liste de vingt personnalités publiques « génocidaires à boycotter en toutes circonstances ». Une nouvelle polémique, sur fond de conflit israélo-palestinien, dans un établissement dont les subventions de la région ont été suspendues en avril, après qu’un enseignant ait été menacé par des individus masqués, l’accusant d’être « complice du génocide ».
« J’ai mal à mon université publique », s’est ému le sénateur LR Stéphane Piednoir, à l’occasion de la séance de questions d’actualité au gouvernement ce mercredi. « Ce lieu de la connaissance, de promotion de l’universalisme, vacille aujourd’hui sous les assauts répétés et idéologiques qui menacent ses fondamentaux les plus importants », a-t-il dénoncé. « Oui au débat et à la liberté d’expression, mais dans un cadre républicain qui ne permet pas tout, et sûrement pas l’incitation à la haine, le racisme et l’antisémitisme. C’est, hélas, ce qu’il se passe au cœur de l’université de Lyon II, qui incarne à elle seule cette dérive, cette gangrène qui progresse à vitesse grand V ». De quoi amener l’élu du Maine-et-Loire à réclamer des sanctions contre « ce nouveau pas dans l’ignominie, […] comme une incitation au retour du port de l’étoile jaune », qui « nous plonge dans les heures les plus sombres de notre histoire ».
« Il y aura une suite pénale qui ne relève pas du gouvernement »
« Vous avez raison », a reconnu le ministre de l’Éducation nationale Édouard Geffray, « en République, on ne fait pas de listes de gens qu’on livre à la vindicte des réseaux anti sociaux, et on ne fait pas de listes à raison des convictions philosophiques ou religieuses, réelles ou supposées ». « Il faut une réponse de l’ordre judiciaire », a-t-il continué, saluant la réponse de la présidente de l’université, « il y aura une suite pénale qui ne relève pas du gouvernement », a-t-il toutefois précisé.
« Nous sommes aussi confrontés collectivement et socialement à un regain d’antisémitisme que personne ne peut nier ». Édouard Geffray a rappelé l’adoption de la loi du 31 juillet 2025 relative à la lutte contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur, et a annoncé que des « décrets d‘application seront pris dans les prochaines semaines ».
Pas de quoi contenter pleinement le sénateur Stéphane Piednoir qui espérait une « mise à pied immédiate et à titre conservatoire », « pour montrer l’intransigeance de l’exécutif vis-à-vis de ces agissements ». « L’émotion et l’indignation ne suffisent plus, il faut des sanctions fermes », a-t-il cinglé.