Le président de la région des Hauts-de-France Xavier Bertrand (ex-LR) va présenter mardi au ministre de l'Intérieur ses pistes pour interdire les listes communautaristes aux élections, plaidant pour consulter les Français sur la "place" à accorder à la laïcité.
M. Bertrand ainsi que le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau doivent être reçus mardi par Christophe Castaner.
L'ancien ministre a mis la question de ces listes sur la table mi-septembre, demandant au gouvernement de prendre des dispositions pour les municipales de mars. M. Retailleau vient de déposer une proposition de loi qui vise notamment à empêcher le dépôt de listes ou le financement de candidats menant une "campagne communautariste".
D'abord "le gouvernement me rit au nez, quelques semaines après les choses changent", a estimé M. Bertrand lors du Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro.
"Si nous ne faisons rien, a-t-il mis en garde, vous allez avoir des dizaines et des dizaines de listes de ce type, émanation soit des musulmans de France, soit du Parti Egalité Justice" issu de la communauté franco-turque.
Alors que le gouvernement ne paraît pas favorable à ce stade à des mesures en amont, le président des Hauts-de-France juge qu'"il vaut mieux prévenir que guérir".
Selon lui, il est déjà possible d'interdire une liste "avec les textes actuels, c'est-à-dire avec la question des troubles à l'ordre public possibles, ou alors le respect de la loi existante de 1901 dans son article 3" sur les associations.
Il serait cependant souhaitable selon lui de "réaffirmer le caractère de la laïcité dans une loi". Et ce qui "règlerait définitivement les choses" serait d'ajouter la laïcité à l'article 4 de la Constitution portant sur les partis et groupements politiques, d'après M. Bertrand.
Faut-il un référendum? "Sur toutes ces questions-là, il faut poser la question aux Français de quelle place ils veulent accorder à la laïcité" et "il n'y a rien de mieux que la volonté populaire", répond-il.
Il pointe un "silence assourdissant du FN (devenu RN) sur ces questions" car à ses yeux "ça les arrange qu'on ait des troubles à l'ordre public".
Les listes communautaristes restent en France un phénomène marginal selon les experts, qui soulignent que personne ne revendique ce terme. Souvent mise en cause, l'Union des démocrates musulmans français (UDMF) réfute cette classification. Le parti créé en 2012 a recueilli moins de 29.000 voix aux européennes, avec cependant des pics dans quelques communes en région parisienne.