Violette Spillebout, candidate LREM aux élections municipales à Lille, a congédié jeudi son directeur de campagne, l'ancien sénateur Dominique Bailly (ex-PS), accusé d'avoir, en faisant du lobbying via son cabinet de conseil, torpillé au Sénat une mesure emblématique voulue par le gouvernement.
"Suite à plusieurs discussions avec Dominique Bailly, nous avons décidé d'un commun accord de mettre un terme à sa mission de directeur de campagne", a annoncé dans un communiqué Mme Spillebout.
Lundi, La Lettre A avait révélé que Dominique Bailly était intervenu en amont du débat parlementaire au Sénat, en septembre, sur le projet de loi économie circulaire pour faire voter contre la consignation des bouteilles en plastique, pourtant défendue dans l'hémicycle par Brune Poirson, secrétaire d'Etat à la Transition écologique.
La mesure avait finalement été rejetée à l'unanimité, les sénateurs LREM ayant donc eux aussi tous voté contre.
Dominique Bailly a récemment créé un cabinet de conseil en affaires publiques, P&B Partners Conseil, avec Gilles Pargneaux, ex-eurodéputé et ancien patron de la fédération PS du Nord, passé lui aussi à La République en marche.
Gilles Pargneaux est également un proche de Violette Spillebout, tout comme le sénateur LREM Frédéric Marchand (ex-PS lui aussi), vice-président de la commission de l'Aménagement du territoire et du Développement durable au Sénat et chef de file LREM pendant le débat parlementaire sur le texte de Mme Poirson.
Le cabinet P&B Partners Conseil a travaillé cet été pour le compte de la Fédération professionnelle des entreprises du recyclage (Federec), vent debout contre ce dispositif de consignation des bouteilles en plastique. "Tout le monde a pu voir Bailly et Pargneaux s'activer dans les couloirs du Sénat juste avant le débat sur le projet de loi", a confié à l'AFP une source parlementaire.
Violette Spillebout assure dans son communiqué que le départ de son directeur de campagne, qui sera remplacé "mi-novembre", tient au fait que M. Bailly "a souhaité à la fois pouvoir prendre du recul pour se concentrer sur ses activités professionnelles" et "protéger (sa) campagne pour les élections municipales".
Mardi, la candidate macroniste avait pourtant réaffirmé sa confiance en Dominique Bailly, jugeant que ses activités à la tête de son cabinet de conseil n'avaient "rien de contestable ni d'exceptionnel" et que sa "position" dans sa campagne n'était "pas à mettre en cause".
Dans son communiqué publié, elle dénonce les "manoeuvres engagées pour affaiblir (son) action et (son) équipe à Lille et fragiliser en particulier les personnalités issues du parti socialiste qui ont décidé de (la) rejoindre".
Une source LREM lilloise a toutefois assuré jeudi à l'AFP que les fuites à la presse sur le duo Bailly-Pargneaux provenaient "à coup sûr de marcheurs eux-mêmes". "Il y a vraiment une ambiance terrible au sein de LREM dans le Nord et, depuis son investiture pour les municipales (en juillet), Violette n'a pas réussi à fédérer les marcheurs", affirme cette source.