Combien sont-ils ? C’est la question que veut résoudre la commission des Affaires économiques du Sénat par le vote d’un amendement pour obliger le gouvernement à recenser, d’ici septembre 2021, les personnes sans domicile (SDF) en France ayant recours aux services d’hébergement temporaire, vivant dans la rue, des abris de fortune ou des camps. En 2012, 144 300 personnes étaient considérées comme sans domicile en France métropolitaine dont 30 000 enfants. La sénatrice les Républicains des Alpes-Maritimes, Dominique Estrosi Sassone, rapporteur pour avis des crédits du logement, souligne dans un communiqué publié ce mercredi que « depuis l’enquête nationale réalisée par l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) et l’Institut national des études démographiques (INED) en 2012, aucune étude complète n’a été menée afin de connaître le nombre de personnes sans domicile en France ». Pour Sophie Primas (LR), présidente de la commission des affaires économiques, « c’est d’abord une question d’humanité, d’anticipation et de bonne gestion des deniers de l’État ».
« Leur nombre a sans doute doublé », alerte la commission. La Fondation Abbé Pierre avance le chiffre de 300 000, soit deux fois plus qu’en 2012, en se fondant sur les 180 000 personnes vivant en centres d’hébergement, les 100 000 dans des lieux d’accueil pour demandeurs d’asile, les 16 000 dans les bidonvilles et les 27 000 personnes sans abri (lors du recensement de la population 2016). « On peut y ajouter les personnes sans abri que certaines municipalités tentent de dénombrer en organisant des « Nuits de la solidarité » : 3 600 à Paris, 1 600 à Montpellier, 1 000 à Rennes », ajoute la commission.
« La crise sanitaire de 2020 a conduit à inscrire plus de 450 millions d’euros de crédits supplémentaires dans la loi de finances rectificative pour un programme doté initialement de 1,9 milliard d’euros », rappelle la commission dans le communiqué. Alors que la précarité augmente fortement sous l’effet de la crise économique, il est devenu « indispensable pour assurer le pilotage des moyens budgétaires et la définition de la politique d’accueil et d’insertion par le logement, que le gouvernement fournisse au Parlement une évaluation complète au regard d’un recensement actualisé de la population à prendre en charge », pressent les sénateurs de la commission des Affaires économiques.