Loi bioéthique : les modifications du Sénat largement écartées
Le projet de loi bioéthique est arrivé à l’Assemblée le 27 juillet pour sa deuxième lecture. Remboursement pour tous de la PMA par la sécurité sociale, congélation des ovocytes, filiation... En commission, les députés sont largement revenus sur les amendements votés par les sénateurs en début d'année. 

Loi bioéthique : les modifications du Sénat largement écartées

Le projet de loi bioéthique est arrivé à l’Assemblée le 27 juillet pour sa deuxième lecture. Remboursement pour tous de la PMA par la sécurité sociale, congélation des ovocytes, filiation... En commission, les députés sont largement revenus sur les amendements votés par les sénateurs en début d'année. 
Public Sénat

Par Marylou Magal

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Initialement prévu pour le début du mois de juillet, mais repoussé en raison du remaniement gouvernmental, l’examen du projet de loi bioéthique est finalement arrivé en deuxième lecture à l’Assemblée nationale le 27 juillet. Lors de son premier passage au Sénat en début d'année, le texte avait été largement amendé par la Haute chambre. Cet été, en commission parlementaire, les députés ont réintroduit nombre de mesures écartées par les sénateurs.

Remboursement pour tous de la PMA : une nouvelle bataille à venir

Ainsi, après son passage au Palais du Luxembourg, le remboursement pour tous par la sécurité sociale de la procréation médicalement assistée (PMA), avait été réduit aux PMA à caractère « médical », après constatation d’une infertilité, notamment. « Je ne vois pas la légitimité d'un financement par l'assurance-maladie de quelque chose qui ne relève en aucun cas d'une indication médicale », avait alors justifié le président de la commission des Lois du Sénat, Philippe Bas.

Les députés de la commission sont donc revenus sur cet amendement, estimant que la décision du Sénat excluait les couples de femmes, ainsi que les femmes seules et les couples hétérosexuels ne parvenant pas à concevoir sans avoir été diagnostiqués infertile.

Filiation, diagnostic pré-implantatoire... les députés reviennent à la charge

La filiation par déclaration anticipée, jugée moins discriminante pour les couples homosexuels que l’adoption comme seul mode de filiation pour le parent qui ne porterait pas l’enfant, a également été rétablie. « Ce n’est pas une adaptation, c’est en quelque sorte un bouleversement car il y a quand même une remise en cause du principe comme quoi la mère qui accouche est la mère certaine », avait estimé le sénateur centriste Olivier Henno, au moment de la discussion du projet de loi au Sénat.

Les députés ont également réintroduit l’élargissement du diagnostic pré-implantatoire, permettant de rechercher le nombre de chromosomes chez l’embryon conçu par PMA, afin de repérer les éventuels cas de trisomie lors de son implantation. En février dernier, le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau dénonçait une « démarche d’eugénisme ».

L'article 2 sur la congélation des ovocytes fait son retour

Dans la continuité du travail du sénateur socialiste Bernard Jomier, qui avait déposé, en février, des amendements relatifs à la définition d’un référentiel consensuel pour les enfants intersexes, la commission parlementaire en charge du projet de loi bioéthique a réinscrit dans la loi les dispositions qui demandent à ce que les enfants dits "intersexes", c'est-à-dire nés avec des variations sexuelles des deux sexes, soient reçus et examinés dans des centres spécialisés dans ce domaine.

De retour également, l’article 2, qui prévoit la possibilité pour les femmes de faire prélever et congeler leurs ovocytes en vue d’une grossesse ultérieure. Enfin, revenant sur un autre ajout du Sénat, les députés ont supprimé l’article 1er du texte, qui précisait que « personne n’a de droit à l’enfant ». Le texte devrait être examiné en séance publique en fin de semaine, et repasser devant la Haute chambre à l'automne.

Partager cet article

Dans la même thématique

Paris: French Prime Minister Sebastien Lecornu  delivers his policy speech
8min

Politique

Budget de la Sécu : le PS devra-t-il rejeter le texte, malgré la suspension de la réforme des retraites ?

La suspension de la réforme des retraites passera par un amendement au budget de la Sécu. Mais le texte comporte de nombreuses mesures dénoncées au PS. « On va se battre pied à pied pour sortir toutes les saloperies qui existent », prévient le patron des sénateurs PS, Patrick Kanner. En interne, certains dénoncent aujourd’hui « l’erreur » d’Olivier Faure, qui a exigé le non-recours au 49-3, au risque de donner « un budget invotable ». « Si la copie est trop injuste, nous voterons contre », prévient la porte-parole du PS, Dieynaba Diop.

Le

Loi bioéthique : les modifications du Sénat largement écartées
4min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : « La censure n’aurait pas été une position totalement stupide », pour les Républicains, avance Muriel Jourda

Le gouvernement Lecornu II est parvenu à se négocier un sursis, en acceptant de suspendre la réforme des retraites jusqu’au 1er janvier 2028, ardemment réclamée par les socialistes. Une ligne rouge des Républicains, qui ont toutefois décidé de ne pas censurer. Un choix que n’aurait pas fait la sénatrice Muriel Jourda.

Le

Paris: no-confidence debate in French parliament
6min

Politique

Inéligibilité : pourquoi le Conseil d’Etat a rejeté le recours de Marine Le Pen ?

C’était attendu, le Conseil d’Etat a refusé de transmettre au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) de Marine Le Pen. La triple candidate à l’élection présidentielle avait promis d’utiliser « toutes les voies de recours possibles » pour contester l’exécution provisoire de sa peine de 5 ans d’inéligibilité prononcée en première instance dans l’affaire des emplois fictifs d’assistants parlementaires RN. Mais elle va devoir attendre la décision de son procès en appel pour savoir si elle pourra se présenter devant les électeurs. Explications.

Le

Vote results displayed after no-confidence motion against French Prime Minister
4min

Politique

Rejet de la motion de censure LFI : découvrez les détails du vote

La motion de censure de La France Insoumise, examinée ce matin par les députés, a été rejetée. 271 voix ont été récoltées contre les 289 nécessaires. Sept élus socialistes lui ont apporté leur vote. Celle déposée par le RN a également échoué avec 144 voix pour.

Le