« C'est exactement le budget qu'on n'aurait pas voulu faire. Il y a deux ans, on aurait proposé à Bercy de faire un budget comme ça, ils auraient dit ‘jamais’ » déclare Eric Woerth. Le projet de loi de finances présenté par Gérald Darmanin et Bruno Le Maire la semaine dernière a mis le pouvoir d’achat des Français au cœur de ses mesures : moins d’impôts sur le revenu, des primes exceptionnelles, suppression totale de la taxe d’habitation dès 2023…
« C’est un budget du moindre effort, où on laisse rouler la pierre. On nous dit plus de taxe d'habitation, qu'elle va être compensée par le foncier bâti, et puis on nous dit que la TVA va régler tout ça. Ce n’est pas très clair » analyse l’ancien ministre. Pour lui, le gouvernement présente un budget bancal, qui ne va pas réformer en profondeur le pouvoir d’achat des contribuables, parce qu’il ne s’attaque pas à l’augmentation salariale. « L’augmentation du pouvoir d'achat par le revenu ça se fait par la consommation, par l'investissement dans les entreprises, par la compétitivité. Il n’y a rien de tout cela dans ce budget. »
Autre oubli de cette réforme financière selon Eric Woerth, une taxation plus juste des entreprises. « Le gouvernement a commencé à baisser les impôts des entreprises, mais de façon extrêmement faible » déplore-t-il. Il pointe par ailleurs dans le budget 2020 une augmentation de l'impôt sur les sociétés, « certainement être entre 3 ou 4 milliards d’euros, alors que les entreprises ne pensaient pas avoir une augmentation de cet impôt. Encore une fois, ce n’est pas clair. »