Office Francais de l’Immigration et de l’Integration a Nice

Loi immigration : comment le Sénat veut limiter le regroupement familial

A quelques jours de l’examen en séance publique au Sénat du projet de loi immigration, comment appréhender les points principaux de ce texte assez technique ? Bien décidée à limiter le nombre de régularisations, la majorité sénatoriale de la droite et du centre a restreint, en commission, les conditions du regroupement familial.
Simon Barbarit

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le 6 novembre prochain, la Haute assemblée examinera en séance publique le projet de loi immigration, un texte qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. Reporté plusieurs fois depuis un an et demi, le texte a été examiné dès le mois de mars par la commission des lois. A cette occasion, les élus de la majorité sénatoriale de la droite et du centre ont resserré les conditions d’accès du regroupement familial en inscrivant deux nouveaux articles. Auditionné en février dernier par la commission, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin s’était dit « favorable […] à des dispositions qui pourraient limiter le regroupement familial sans être contraires à la Constitution ». Toutefois, son texte ne prévoyait pas de dispositions en ce sens.

  • Le regroupement familial, qu’est-ce que c’est ?

Il s’agit d’un régime particulier d’immigration encadré par une directive européenne de 2003 et transposé en droit français dans le code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (Ceseda). Pour en bénéficier, c’est-à-dire pour faire venir son conjoint ou ses enfants en France lorsqu’on est étranger, il faut remplir plusieurs conditions. Tout d’abord, le « regroupant » doit séjourner régulièrement en France depuis au moins 18 mois, avoir des ressources stables (la moyenne mensuelle du SMIC sur les 12 derniers mois), et disposer d’un « logement considéré comme normal pour une famille comparable vivant dans la même région géographique ». De plus, le regroupant doit se conformer « aux principes essentiels qui, conformément aux lois de la République, régissent la vie familiale en France ». C’est-à-dire accepter la monogamie, l’égalité homme femme, la règle selon laquelle la France est une République laïque… A noter que les ascendants ne sont pas concernés par le regroupement familial. Les bénéficiaires, enfants et conjoints se voient accorder un titre de séjour temporaire d’un an.

  • La condition de séjour rallongée à 24 mois

Dans leur rapport, les sénateurs ont constaté une hausse de 17,8 % de l’immigration familiale entre 2018 et 2021. 12 149 titres délivrés en 2018 contre 14 314 en 2021. Une hausse liée « au rattrapage » des années Covid, seuls 10 041 titres délivrés en 2020. « L’immigration en France demeure une immigration largement familiale », constatent néanmoins les élus.

Bien décidée « à limiter le nombre de régularisations », comme l’a martelé le président du groupe LR, Bruno Retailleau, la majorité sénatoriale a resserré, en commission, les conditions d’accès du regroupement familial, via l’ajout de 2 nouveaux articles au projet de loi. Sous leur rédaction, « la condition de séjour exigée pour qu’un étranger résidant en France puisse formuler une demande de regroupement familial pour l’un de ses proches, est rallongée de 18 à 24 mois.

Concernant les conditions de ressources, elles ne doivent plus être uniquement « stables et suffisantes » mais également « régulières ». La commission a aussi imposé au demandeur de disposer d’une assurance maladie pour lui et sa famille.

  • Connaissance minimale de la langue

Le nouvel article 1er C rédigé par la commission porte sur la famille du demandeur. Ses membres devront justifier, à leur arrivée sur le territoire, d’un niveau minimal (A1) de langue française « lui permettant au moins de communiquer de façon élémentaire, au moyen d’énoncés très simples visant à satisfaire des besoins concrets et d’expressions familières et quotidiennes ». Cette justification pourra être opérée « par tout moyen », comme la réussite d’un examen de langue, ou dans le cadre d’un entretien. « Il appartiendrait au pouvoir réglementaire d’en prévoir les modalités concrètes », précise le rapport du Sénat.

D’autres amendements de séance, déposés par la droite, restreignent encore les conditions d’accès au regroupement familial. Ils ont pour objet d’abaisser à 16 ans, l’âge d’éligibilité maximal des enfants du demandeur fixé à 18 ans actuellement.

Dans la même thématique

L’hémicycle du Sénat
7min

Politique

Aide médicale d’Etat : la majorité sénatoriale divisée sur les conclusions du rapport Stefanini Evin

Un rapport remis lundi au gouvernement balaye l’hypothèse d’une suppression de l’Aide médicale d’Etat (AME), tout en préconisant une réforme du dispositif. Cette étude prend toutefois ses distances avec le chemin tracé par la majorité sénatoriale, qui a fait disparaître l’AME lors de l’examen du projet de loi immigration en novembre, pour lui substituer une aide d’urgence.

Le

TOULOUSE:Nouvelle unite hospitaliere specialement amenagee (UHSA)
3min

Politique

Attentat de Paris : une proposition de loi du Sénat pour fixer une durée de sûreté d’hospitalisation en psychiatrie

L’attentat de Paris commis par un homme souffrant de troubles psychiatriques et qui était soumis à une injonction de soins jusqu’en en avril, relance le débat sur l’irresponsabilité pénale. La sénatrice centriste, Nathalie Goulet a redéposé un texte datant de 2021 qui prévoit pour les personnes ayant été déclarées irresponsables pénalement, une durée de sûreté d’hospitalisation.

Le

Budget : un rapport du Sénat épingle la progression du coût de l’aide médicale d’État
6min

Politique

« L’aide médicale d’État n’apparaît pas comme un facteur d’attractivité » pour l’immigration, selon un rapport commandé par le gouvernement

Considéré comme « un appel d’air » migratoire par la droite sénatoriale, l’aide médicale d’État avait été supprimée dans le cadre du projet de loi immigration avant d’être réintégrée en commission par les députés. Un rapport sur ce dispositif commandé par l’exécutif vient tempérer cette affirmation et juge ce dispositif à destination des étrangers en situation irrégulière « globalement maîtrisé ».

Le