Loi immigration : le Sénat adopte la mise en place de quotas pour l’immigration économique

Au début de l’examen du projet de loi immigration, le Sénat a adopté l’article prévoyant la mise en place de quotas pour les personnes admises au séjour à l’exclusion des demandeurs d’asile.
Simon Barbarit

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

C’est l’un des nombreux apports de la droite sénatoriale. La mesure a été inscrite à initiative de Bruno Retailleau, le président du groupe LR au Sénat : la tenue annuelle d’un débat parlementaire sur l’immigration au cours duquel seraient fixés, pour une durée de trois ans, les quotas de personnes admises à séjourner sur le territoire selon les titres de séjour.

Ces quotas ne concernent pas les demandes d’asile. En ce qui concerne pour l’octroi de titres liés au regroupement familial, un simple objectif est fixé. « Ça ne me paraît pas non conforme à la Constitution […] Ce serait une bonne chose qu’on est ce débat au Parlement avec un gouvernement qui justifierait (en s’appuyant) sur des questions économiques, de sa politique migratoire », a soutenu le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Un amendement visant à « quantifier et favoriser le dépôt des demandes d’asile depuis le pays d’origine »

Le groupe écologiste, soutenu par les socialistes et les communistes, avait déposé un amendement de suppression de l’article. « Sur le regroupement familial, on se heurte à des dispositions internationales », a objecté la sénatrice socialiste, Marie-Pierre de la Gontrie.

Le sénateur LR, André Reichardt a fait passer, avec un avis favorable de la commission des lois et du gouvernement, un amendement visant à « quantifier et favoriser le dépôt des demandes d’asile depuis le pays d’origine ». Le ministre de l’Intérieur a, néanmoins renvoyé, cette question au débat autour de la proposition de loi constitutionnelle sur l’immigration déposée par le groupe LR et dont l’examen est prévu le 12 décembre. « Il faudrait au minimum une révision constitutionnelle […] cette révision ne devra pas seulement modifier la Constitution mais aussi le préambule de 1946 et je ne crois pas que votre proposition de loi écrase le préambule de 1946 », a-t-il prévenu.

En effet, le quatrième alinéa de ce préambule, qui fait partie du bloc de constitutionnalité, indique que « tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur les territoires de la République ». Et le ministre d’en déduire. « Nous ne pourrons pas empêcher des demandeurs d’asile de faire leur demande sur le territoire de la République […] Je suis prêt à regarder des demandes d’asile à la frontière ou dans des consulats, mais ce ne sera jamais 100 % ».

« On ne peut pas laisser croire à la population de notre pays que la politique des quotas serait une réponse »

La sénatrice socialiste, Laurence Harribey a rappelé qu’en 2008, Brice Hortefeux alors ministre de l’Intérieur avait mandaté l’ancien président du Conseil constitutionnel, Pierre Mazeaud sur cette question des quotas. « Il avait conclu que les quotas migratoires étaient irréalisables et sans intérêt. D’ailleurs, la droite ne l’a jamais mis en œuvre. Il s’agit d’un affichage a-t-elle dénoncé. L’élue PS a également alerté sur les quotas pour les étudiants étrangers « qui pourraient être contraires aux intérêts du pays ».

La présidente du groupe communiste, Cécile Cukierman a appelé la droite à avoir « un discours de vérité ». « On ne peut pas laisser croire à la population de notre pays que la politique des quotas serait une réponse quand vous avez plus d’un tiers de la population mondiale qui n’a pas accès couramment à l’eau potable ».

A l’extrême droite, le sénateur Reconquête, Stéphane Ravier s’est dit lui favorable à une politique de quotas mais pour la « remigration ».

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Loi immigration : le Sénat adopte la mise en place de quotas pour l’immigration économique
3min

Politique

« L’humour est de gauche » selon l’humoriste belge Alex Vizorek

C’est l'un des Belges les plus connus de la scène humoristique francophone. Passé par France Inter, il officie désormais à RTL. Comment un humoriste est-il passé d’un public à l’autre ? Comment faire indifféremment rire un public de droite et de gauche ? Cette semaine, Alex Vizorek est l’invité de Rebecca Fitoussi dans l’émission Un monde, un regard.

Le

Loi immigration : le Sénat adopte la mise en place de quotas pour l’immigration économique
3min

Politique

Parlement européen : « la droite traditionnelle pro-européenne joue avec l’extrême droite » pour Javier Moreno Sanchez   

« Un discours ferme et rassembleur ». Pour la députée centriste du groupe Renew, Fabienne Keller, les propos tenus par Ursula von der Leyen sont « absolument essentiels en ce moment historique où nous sommes en tension maximum avec Vladimir Poutine ». La présidente de l’exécutif européen a en effet annoncé une esquisse de nouvelles sanctions contre la Russie. Dans ce contexte, l’eurodéputée française estime que « la défense que l’on n’a pas voulue dans les années 50, s’impose à nous » désormais.   « C’est un peu tard mais elle commence à réagir »   Concernant le conflit israélo-palestinien, l’eurodéputé espagnol Javier Moreno Sanchez espère que qu’Ursula von der Leyen ira plus loin dans la condamnation des actes commis par l’Etat hébreu. « Ce que nous lui demandons, c’est qu’elle agisse avec la même fermeté dans les deux guerres qu’on a à nos portes ». A la surprise générale, la présidente de la Commission a annoncé vouloir suspendre une partie de l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, mais pour le social-démocrate, c’est l’ensemble de ce texte qui doit remis en cause.     Mais pour l’eurodéputé espagnol, l’urgence est de ne pas revenir sur les grands textes des précédentes mandatures de la Commission. Qu’il s’agisse du pacte migratoire ou des mesures écologiques, « il ne faut pas qu’Ursula von der Leyen démonte les propositions qu’elle a faites (…) on ne savait pas que la droite traditionnelle pro-européenne allait jouer avec l’extrême droite ».  « Ce n’est pas une Europe sociale, mais une Europe militariste »   Le groupe des Conservateurs et réformistes est nettement plus critique vis-à-vis du grand oral de la présidente de la commission. L’élu roumain Gheorghe Piperea souhaite la démission de la commissaire allemande. En juillet, il faisait déjà partie de ceux qui avait voté une motion de censure à l’encontre de cette dernière. Pour cet eurodéputé conservateur l’Union européenne nourrirait le conflit ukrainien en multipliant ses aides, notamment militaires. Ce député a par ailleurs dénoncé l’accord commercial conclu « sur un terrain de golf en Ecosse » entre Ursula von der Leyen et Donald Trump, le qualifiant « d’échec ».    Retrouver l’intégralité de l’émission en intégralité ici  

Le

Avis d’arret de travail Illustration
9min

Politique

Report de congés pour cause d’arrêt maladie : la délégation aux entreprises du Sénat saisit Sébastien Lecornu face à une décision « terrible » pour les PME

« Je saisis par courrier le premier ministre pour qu’une action au sommet de l’Etat soit engagée dans les plus brefs délais auprès des instances européennes », annonce à publicsenat.fr le président de la délégation aux entreprises du Sénat, le sénateur LR Olivier Rietmann, alors qu’un salarié malade pendant ses vacances pourra reporter ses congés, selon une décision de la Cour de cassation.

Le