Première audition de la journée : celle des syndicats de policiers durant deux bonnes heures. « Nous avons fait des propositions pour réécrire cet article 24, mais sans perdre l’objectif de protéger les policiers, ceux qui sont menacés à leur domicile, ceux dont les visages sont affichés sur les murs dans certaines cités… », nous a confiés Stanislas Gaudon, le délégué général d’Alliance Police.
"L'article 24 est très important pour protéger les policiers" selon Stanislas Gaudon
Parmi leurs principaux desiderata : la demande d’un floutage systématique des policiers, car « flouter le visage des policiers n’est pas un problème technique, mais bien un problème politique aujourd’hui. Il existe quatre logiciels pour le faire, même pour les chaînes info ».
Une rencontre avec des représentants de policiers que le co-rapporteur du texte, Loïc Hervé, a jugée « riche et utile ». « Les policiers ressentent actuellement une grande émotion avec cet article 24. Le Sénat veut justement faire retomber la pression en réécrivant justement ce texte avant qu’il ne soit sans doute présenté début mars. Vous savez, on ne fait pas de la poésie au Sénat, on fait du droit », confie le sénateur. Avant d’ajouter : « Les récentes déclarations d’Emmanuel Macron et de Gérald Darmanin ne nous aident pas. C’est le Parlement qui fait la loi. Nous entendrons tout le monde, mais c’est nous qui tenons la plume ».
Loïc Hervé: "C'est le Parlement qui fait la loi"
La deuxième audition était la plus attendue. Mais visiblement, il n’est pas ressorti grand-chose de la prestation du préfet de police, Didier Lallement durant à peine 45 minutes. « Didier Lallement n’était pas sur le gril. Ce n’est pas une commission d’enquête et mon rôle n’est pas de poser des questions investigatrices. Mon rôle à moi c’est de réécrire le texte », relate le sénateur Marc-Philippe Daubresse, qui précise tout de même avoir abordé plusieurs sujets avec le préfet comme « la protection fonctionnelle ».
La dernière audition menée par les sénateurs Daubresse et Hervé doit avoir lieu ce soir à 19 heures, avec Jean-Marie Delarue. Ce dernier devait au départ être auditionné en tant que « personnalité qualifiée » avant même d’être nommé par Matignon comme nouveau président de « la commission indépendante chargée de proposer des mesures afin de mieux concilier le travail des journalistes et celui des forces de l’ordre lors d’une manifestation ».
La dernière audition de la soirée était celle de Jean-Marie Delarue, et le moins que l’on puisse dire c’est que le nouveau président de la « commission indépendante » a impressionné son auditoire. Il a surtout rassuré les sénateurs quant à leur rôle premier de légiférer et sa volonté de ne pas les court-circuiter.
Selon le sénateur LR Marc-Philippe Daubresse, l’ancien contrôleur général des lieux de privation de libertés a d’abord proposé « une analyse complète de la proposition de loi en 10 points, comme sur les drones ou encore les capacités d’investigation de la police… » « 80 % des points très techniques soulevés » par ce dernier n’auraient même « jamais été abordés auparavant », dixit les sénateurs.
Mieux, Jean-Marie Delarue a en effet assuré qu’il avait demandé « une feuille de route plus claire » au gouvernement, car lorsqu’il a accepté de présider cette nouvelle commission, le « Bauveau de la Sécurité » d’Emmanuel Macron n’avait pas été encore annoncé.
En conséquence, Jean-Marie Delarue a confirmé ce mardi soir aux sénateurs qu’il ne réunirait pas sa commission avant la mi-janvier et qu’il ne marcherait donc pas sur les plates-bandes du Sénat. « Il ne souhaite pas interférer dans le travail législatif du Sénat, et nous a assuré qu’il n’était pas question pour lui de réécrire le texte mais bien de se consacrer à l’amélioration de relations entre les journalistes et les policiers en manifestations », révèle le rapporteur Daubresse, qui se déclare « très satisfait ».
Il faudra malgré tout que Jean-Marie Delarue ne prenne pas trop son temps pour remettre son rapport. Le nouveau texte pourrait en effet être présenté au Sénat début mars.