Loi séparatisme : « Le diagnostic est juste et il faut faire cette loi », pour Haïm Korsia, le grand rabbin de France
Dans le cadre de l’examen du projet de loi sur « le respect des principes de la République », le Sénat a auditionné, ce mardi, le grand rabbin de France. Contrairement aux autres représentants des cultes, Haïm Korsia salue pleinement ce texte et critique au passage les fédérations musulmanes rétives à la charte des principes de l’islam de France. 

Loi séparatisme : « Le diagnostic est juste et il faut faire cette loi », pour Haïm Korsia, le grand rabbin de France

Dans le cadre de l’examen du projet de loi sur « le respect des principes de la République », le Sénat a auditionné, ce mardi, le grand rabbin de France. Contrairement aux autres représentants des cultes, Haïm Korsia salue pleinement ce texte et critique au passage les fédérations musulmanes rétives à la charte des principes de l’islam de France. 
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Par Héléna Berkaoui

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Alors que le projet de loi sur « le respect des principes de la République » est débattu à l’Assemblée nationale, le Sénat entame l’examen du texte. La Haute assemblée poursuit cette semaine l’audition des représentants des cultes, elle recevait ce matin le grand rabbin de France, Haïm Korsia.

Le président de la conférence des évêques de France, lui aussi auditionné dans la matinée, ne s’est pas montré tendre, dénonçant notamment des mesures répressives contre les croyants. C’est également le cas du président de la Fédération protestante de France (lire ici) ou du président du Conseil français du culte musulman (voir là).

A rebours des autres dignitaires religieux, Haïm Korsia s’est, lui, montré bien plus allant face à ce texte. « Le diagnostic est juste et il faut à mon sens faire cette loi », a-t-il affirmé devant la commission des Lois sénatoriale en rappelant le contexte sécuritaire et les derniers attentats. Annoncé en juillet 2020 sous le nom de « projet de loi contre les séparatismes », ce texte qui arrive au Parlement suscite pourtant de nombreuses critiques et son lot d’inquiétudes.

Sur la forme, les organisations musulmanes redoutent « un sentiment de suspicion généralisée », et sur le fond le contrôle accru des associations religieuses, fait craindre des complications inutiles. Des critiques rejetées en bloc par Haïm Korsia. Sur le contrôle des flux financiers étrangers, le grand rabbin de France estime par exemple, qu’il n’est en rien gênant dans la mesure où il n’interdit pas lesdits financements : « Ça ne devrait gêner personne de dire “voilà d’où viennent les fonds afférents à notre fonctionnement” ! »

« Ma seule crainte est que l’on présente cela comme un fait simple : les religions sont un risque pour l’Etat »

Au passage, Haïm Korsia s’est agacé de la réticence de certaines associations musulmanes à signer la charte des principes de l’islam de France : « Je suis sidéré de voir les pudeurs de jeunes filles de certains à signer un texte pour les valeurs républicaines ». Comme il le souligne, Le Figaro indiquait ce matin que trois fédérations musulmanes n’avaient encore pas signé cette charte.

Si le Grand rabbin de France reste beaucoup plus favorable à cette loi que les autres représentants des cultes, il émet néanmoins quelques réserves. « Si on en est à réaffirmer les principes républicains, ma seule crainte est que l’on présente cela comme un fait simple : les religions sont un risque pour l’Etat », a-t-il expliqué. Selon lui, réaffirmer la liberté religieuse dans l’article 1 de la loi pourrait apporter une forme d’équilibre et rassurer par là même.

En outre, ce serait selon lui une manière de réaffirmer le rôle social des associations cultuelles. Alors que les associations qui gèrent les mosquées sont le plus souvent sous loi 1901, le texte entend pousser les associations gestionnaires de lieux de culte à se placer sous le régime de la loi de 1905 qui régit les associations cultuelles et se révèle plus stricte en matière de transparence et de contrôle.

Haïm Korsia souhaiterait que le statut de la loi 1905 puisse être élargi aux activités sociales pour « redonner de la vitalité à ce tissu social ». Une proposition qui n’a pas rencontré beaucoup d’enthousiasme chez les rapporteures du texte, Dominique Vérien estimant que cela comporterait un risque dans la mesure où « l’Islam politique arrive par le social ».

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