LR : la campagne de Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez pour la présidence du parti officiellement lancée

L’élection du futur président des Républicains se tiendra les 17 et 18 mai. À la fois ministre et candidat, Bruno Retailleau assure que la guerre des chefs « ne viendra pas de lui ». En face, Laurent Wauquiez, qui espérait s’imposer naturellement à la tête du parti, répète que cette fonction n’est pas compatible avec l’agenda d’un ministre.
Romain David

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Le calendrier de refondation des Républicains se précise. L’élection du prochain président du parti aura lieu les 17 et 18 mai, avec un éventuel second tour une semaine plus tard, annoncent les principaux représentants LR à l’issue d’un bureau politique qui s’est tenu ce lundi en fin de journée. Cette date, déjà évoquée lors d’un comité stratégique la semaine dernière, donne l’avantage à Laurent Wauquiez, dans la compétition qui l’oppose désormais à Bruno Retailleau pour la présidence du parti, alors que les LR redoutent une nouvelle guerre des chefs dévastatrice.

La haute autorité des Républicains aura pour mission de piloter l’organisation du scrutin. Les nouveaux adhérents, à jour de cotisation jusqu’à un mois avant la date de l’élection, pourront y participer. De quoi laisser le temps à chaque candidat de mobiliser pour faire le plein de « cartes », selon la formule consacrée. En revanche, aucune décision n’a été arrêtée à ce stade sur un possible changement de nom du parti, ce débat est renvoyé à plus tard. À la charge du prochain président d’y donner suite.

Trois mois de campagne

Laurent Wauquiez poussait pour une élection mi-mai, soit 90 jours après la décision du bureau politique, conformément à ce que prévoient les statuts du parti. Le chef de file des députés de La Droite républicaine table sur ce délai, nous dit-on, pour faire le tour des fédérations et rassembler autour de son nom, alors qu’il espère s’imposer comme le leader naturel de sa famille, notamment en vue d’une éventuelle candidature à la présidentielle.

À l’inverse, Bruno Retailleau espérait bénéficier d’un calendrier resserré, avec un vote en avril. En effet, les statuts du parti prévoient la possibilité de tenir une élection entre 50 et 65 jours après la décision du bureau politique en l’absence de présidence, ce qui est le cas depuis que l’ancien patron des LR, Éric Ciotti, a quitté le navire pour rallier Marine Le Pen. Surtout, il s’agissait pour le ministre de l’Intérieur de profiter à plein de la dynamique sondagière dont il bénéficie depuis sa nomination place Beauvau.

Lors de la réunion de ce lundi soir, les deux candidats ont demandé à prendre la parole. « Les échanges ont été cordiaux. L’intervention de Bruno Retailleau a été courte et très applaudie. Celle de Laurent Wauquiez plus longue, un peu plus offensive… et moins applaudie », rapporte un participant, soutien du ministre de l’Intérieur.

Un ministre-candidat

« J’essaye de faire en sorte que l’on additionne les talents. D’un côté, que ceux qui sont ministres au gouvernement fassent leur travail, et de l’autre, une parole libre, indépendante, au parti pour pouvoir défendre ce que l’on veut faire à droite », a expliqué Laurent Wauquiez à son arrivée, alors que la candidature de Bruno Retailleau pourrait potentiellement contrarier ses ambitions présidentielles. De fait, le ministre de l’Intérieur multiplie les soutiens depuis qu’il s’est déclaré, notamment celui de l’eurodéputé François-Xavier Bellamy, pourtant réputé très proche de Laurent Wauquiez.

Peut-on faire campagne et être à la fois ministre ? « Sans aucun problème. Nous avons de grands exemples, avec Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Bayrou », explique de son côté Bruno Retailleau, qui assure, par ailleurs, qu’il restera impliqué « à 300 % » dans son portefeuille ministériel. « Vous savez, quand on est ministre de l’Intérieur, il n’y a pas de temps libre… », cingle Laurent Wauquiez.

La guerre des chefs aura-t-elle lieu ?

Présent à ce bureau politique, Jean-François Copé, le maire de Meaux, qui en 2012 a été pris dans une bataille fratricide avec François Fillon pour la présidence de l’ex-UMP. À l’époque, l’ancien Premier ministre avait contesté la victoire de Jean-François Copé, arrivé en tête avec moins d’une centaine de voix. Le conflit entre les deux hommes s’était étiré sur pratiquement huit mois. « Ça me rajeunit », a plaisanté l’édile ce lundi soir. « Ça me rappelle plutôt de bons souvenirs, c’était une époque où les chanteurs avaient de la voix… »

« J’ai beaucoup à faire et jamais cette guerre des chefs ne viendra de moi », a répété à plusieurs reprises ce lundi soir Bruno Retailleau. « Ce que je veux, c’est proposer un nouveau projet. Je sens que depuis que je suis au ministère de l’Intérieur, il y a une fierté pour la droite, et je pense qu’il faut la consolider et l’élargir », a-t-il expliqué.

« Je veillerais à ce que cette élection se passe le mieux possible », a déclaré à la sortie de ce bureau politique la ministre de l’Agriculture Annie Genevard, également secrétaire générale des Républicains. « Je pense qu’il est possible d’être compétiteurs sans être adversaires. Je fais confiance à la responsabilité de l’un et l’autre ». Les prochaines semaines diront si elle a eu raison.

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