Rue de Vaugirard, au siège des Républicains, Bernard Accoyer a présenté le fruit de 4 mois de consultation de 41 000 adhérents sur les 235 000 que compte le parti. Le résultat est contenu dans un rapport de 80 pages sobrement intitulé « refondation de la droite et du centre », « une boussole », « un avertissement », « un commencement ». « C’est un travail qui a été engagé dès le lendemain de nos deux défaites historiques du printemps (…) D’une certaine façon, oui c’est un inventaire de ce que la droite et le centre ont fait ou non pas fait depuis plusieurs décennies » a précisé le secrétaire général du mouvement. En bon médecin, Bernard Accoyer a donc commencé par le diagnostic de la droite avant de passer la main en décembre à Laurent Wauquiez, Florence Portelli ou Maël le Calan, les trois candidats au poste de président des Républicains.
« Ce sont les idées qui dirigent le monde »
Bruno Retailleau se félicite de la démarche de refondation de LR
Au Sénat, le président du groupe LR, Bruno Retailleau se félicite de la démarche de refondation. « J’étais un des tout premiers à la demander. Plutôt que de se précipiter à élire un chef, il faut savoir quel est l’idéal que la droite et le centre veulent porter devant les Français » indique –t-il avant de prendre un peu de hauteur. « La première idée que je retiens c’est celle de (Joseph Ernest) Renan. Ce sont les idées qui dirigent le monde ».
La culture française au centre de la reconquête de la droite
Sophie Primas estime que la culture peut-être "un pivot central" de LR pour repartir
« Les électeurs de droite sont globalement satisfaits de la politique menée par Emmanuel Macron mais ne sont pas en capacité de discerner les valeurs portées par La République en Marche » analyse Jean-Daniel Levy, directeur du département politique et opinion d'Harris Interactive, et qui a livré un travail d’expertise pour ce rapport. Si, selon les adhérents, la droite doit être avant tout réformatrice (49%), libérale (36%) et gaulliste (33%), « la famille est systématiquement citée comme une valeur phare ». « Enfin, les électeurs valorisent la culture française. Cette approche, moins restrictive que l’identité, embrasse des valeurs telles que le patrimoine, l’histoire, au sein desquelles s’ajoute un fond culturel catholique » ajoute Jean-Daniel Levy.
« Ce que je retiens de marquant, c’est quelque chose qui me fait extrêmement plaisir (…) On remet la culture au centre de notre projet politique. C’est un beau message et je pense que ça peut-être un pivot central de notre mouvement pour repartir » se félicite Sophie Primas, présidente de la commission des affaires économique du Sénat.
Le sénateur du Nord, Marc-Philippe Daubresse pointe lui « la difficulté de trouver la bonne définition de ce qu’est la culture française, de ce que sont les racines judéo-chrétiennes de la France. Elles doivent s’adapter à un monde où il y a plusieurs religions qui peuvent d’ailleurs parfaitement cohabiter ensemble à condition de respecter les lois de la République ».
Pas de « discours simpliste » concernant l’islam
Élément marquant du rapport, les adhérents LR rejettent « tout discours simpliste » concernant l’islam, lui préférant « une réflexion très approfondie sur ces questions ». « Ça, ça ne va pas faire plaisir à Wauquiez, » ricane un sénateur LR avant d’entrer en réunion de groupe. En effet, plusieurs propositions ne semblent pas s’accommoder de la ligne tenue par le grand favori du scrutin. Par exemple, on note que les adhérents LR « perçoivent, à raison, le danger du mythe de l'homme providentiel qui (…) relève d'une forme de populisme ». Les militants sont également attachés à l'existence de différentes sensibilités au sein du mouvement.
Mais au moins deux recommandations doivent pouvoir satisfaire une majorité des cadres LR. Les militants croient toujours au clivage droite/gauche (pour 73% d’entre-deux) et 70% rejettent la primaire pour l'élection présidentielle. Enfin, les contributions militantes font ressortir un positionnement clair. Ils « veulent une droite ni vassale de Macron, ni suiveuse du Front national ».
Une refondation en remplace une autre
De mémoire (courte), la droite n'en est pas à sa première tentative de renouvellement. « Dans le passé, on a déjà eu des démarches comme celle-ci, autour d’un projet interactif. Il y a quelques mois, nous avons fait des dizaines de conventions thématiques. Chacune d’entre elle était conclue par un vote des militants » rappelle le sénateur, Alain Joyandet. En 2016, le président des Républicains, Nicolas Sarkozy, qui n’était pas encore officiellement candidat à la primaire de droite, avait en effet lancé cette série de conventions. Mais Alain Juppé, François Filon ou encore Bruno Le Maire ne s’étaient pas sentis concernés par le projet qui en était ressorti. « Il sera opportun pour les candidats de tenir compte de ce travail et je suis sûr qu’ils s’en inspireront » a espéré Bernard Accoyer, ce mardi.