La situation se décante pour l'élection à la présidence des Républicains après le retrait de Bruno Retailleau, Christian Jacob et Guillaume...
LR: Retailleau pas candidat, voie ouverte pour Jacob, Peltier en embuscade
La situation se décante pour l'élection à la présidence des Républicains après le retrait de Bruno Retailleau, Christian Jacob et Guillaume...
Par Baptiste PACE
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La situation se décante pour l'élection à la présidence des Républicains après le retrait de Bruno Retailleau, Christian Jacob et Guillaume Peltier demeurant les noms les plus cités pour une candidature à la tête d'un parti en crise depuis les européennes.
Un mot d'ordre principal: "éviter une guerre des chefs". Depuis la démission de Laurent Wauquiez, dirigeants et cadres LR semblent surtout soucieux de ne pas "revivre une guerre Copé-Fillon", dernier affrontement mémorable en date pour la présidence du parti.
Ils s'inquiétaient d'une possible compétition entre les deux chefs de groupe parlementaire Christian Jacob (Assemblée) et Bruno Retailleau (Sénat). Ce scénario est désormais écarté avec le retrait du sénateur de Vendée. Et son homologue de l'Assemblée pourrait se déclarer "dans les prochains jours", selon une source au Palais-Bourbon.
S'il a invoqué la stabilité du groupe LR au Sénat et la volonté d'éviter un affrontement au sommet, M. Retailleau n'en a pas moins délivré quelques avertissements politiques.
"Je pense que la droite n'est pas morte. Je ne sais pas encore qui saura l'incarner. Est-ce que cela peut être LR ? Aujourd'hui, je n'en suis pas sûr", explique au Point cet ancien soutien de François Fillon, qui multiplie les propositions à la tête de son micro-parti Force républicaine.
Le député LR Christian Jacob, le 11 juin 2019 à Paris
AFP/Archives
Quant à Christian Jacob, "il doit être candidat pour lui-même, non par procuration. Il ne faudrait pas qu'il se laisse emprisonner par ceux qui veulent que rien ne change".
M. Jacob, candidat de "ceux qui veulent que rien ne change" ? Le patron des députés LR depuis 2010 "a le soutien privé de Baroin, de Wauquiez et les encouragements de Sarkozy" et "son profil a séduit jusque ceux qui ne voulaient pas d'élection" avant les municipales, explique un dirigeant.
Le député de Seine-et-Marne, 59 ans, présente également l'avantage de ne pas nourrir d'ambition élyséenne. Une caractéristique qui autrefois aurait semblé improbable pour le chef du parti gaullo-bonapartiste mais qui semble être devenu une qualité précieuse dans un parti durement secoué aux européennes (8,48%), vidé d'une partie de ses électeurs par Emmanuel Macron et miné par les départs, comme celui de Valérie Pécresse.
"Il aura la charge d'animer la maison commune, sachant qu'il est probable qu'il y aura une primaire" en vue de 2022, complète-t-on de même source.
-"Renouvellement"-
Parmi les inconvénients de son profil, ce chiraquien historique "n'incarne pas le renouvellement", selon les termes de Guillaume Peltier, qui réfléchit ouvertement à une candidature.
Le premier vice-président du parti appelle surtout la droite à opérer "une révolution idéologique et intellectuelle". Et multiplie les propositions dont certaines agacent au sein de son propre camp, comme celle d'une augmentation générale des salaires.
Guillaume Peltier "a du talent et une certaine cote chez les militants" mais "suscite aussi de l'agacement parmi les parlementaires" pour sa démarche jugée "solitaire", explique un député LR.
Deux autres députés et dirigeants du parti, Guillaume Larrivé et Julien Aubert, envisagent également une candidature, avec une incertitude sur leur capacité à réunir le nombre de parrainages nécessaire parmi les parlementaires.
Chaque candidat devra être parrainé par 13 parlementaires et au moins 1% d'adhérents à jour de cotisation. Le scrutin est prévu le 12 octobre, avec un second tour éventuel le 19.
En attendant, le président par intérim du parti, Jean Leonetti, a lancé sa propre initiative avec la tenue d'une convention le 6 juillet rassemblement les présidents de fédérations départementales, les secrétaires départementaux et les parlementaires. L'idée étant de commencer à "redéfinir le socle" des LR, avec consultations de la base et des sympathisants durant l'été et "restitution" nationale en septembre.
Parallèlement, le président du Sénat Gérard Larcher effectue vendredi dans le Nord, aux côtés de l'ex-LR Xavier Bertrand et de l'UDI Valérie Létard, un premier déplacement dans le cadre de sa "grande initiative" visant à rassembler la droite et le centre dans un projet commun en vue des municipales de mars 2020. Une démarche "intelligente" mais dans laquelle "LR doit avoir sa vraie place", souligne M. Leonetti.
L'impopularité du Premier ministre est bien moindre que celle du chef de l’Etat : Sébastien Lecornu bénéficie de 35% d’opinions favorables contre 21% pour Emmanuel Macron, selon le dernier baromètre Odoxa de décembre 2025. Cet écart s'est même creusé, puisque le locataire de Matignon a progressé de 5 points depuis octobre tandis que le président stagne.
59% des Français sont disposés à se reporter sur un candidat qui ne bénéficie pas de leurs faveurs politiques afin d'empêcher LFI de l’emporter aux prochaines municipales. Ce chiffre dépasse de loin les 44% qui se disent prêts à faire de même contre le RN, selon un sondage Odoxa pour Public Sénat et la presse régionale. C’est au sein de la droite et du centre que le sentiment anti-LFI s’exprime avec le plus de force.
Comme lors des précédentes élections municipales, le thème de la « sécurité et de la lutte contre la délinquance » se dégage largement comme prioritaire pour 50% des Français interrogés, en particulier chez les sympathisants de droite et d’extrême droite, dans un sondage Odoxa pour Public Sénat et la presse régionale. La santé et le niveau des impôts locaux suivent, avec 35% de citations chacun.
Adopté sans surprise par les sénateurs, le projet de loi de finances éveille malgré tout des crispations au sein de la Chambre haute, le chiffre du déficit avoisinant désormais les 5,3% du PIB, loin de la volonté de la majorité sénatoriale de le contenir à 4,7%. La pression s’accroit et se déporte désormais sur la commission mixte paritaire qui se tiendra les 19 et 20 décembre.