LR temporise 8 jours avant d’exclure Philippe et Darmanin

LR temporise 8 jours avant d’exclure Philippe et Darmanin

Embarrassé par le ralliement de plusieurs de ses ténors à Emmanuel Macron, LR a préféré temporiser, en accordant mardi un délai de huit jours,...
Public Sénat

Par Nadège PULJAK

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Embarrassé par le ralliement de plusieurs de ses ténors à Emmanuel Macron, LR a préféré temporiser, en accordant mardi un délai de huit jours, notamment à Edouard Philippe et Gérald Darmanin, avant de les exclure.

Un courrier de la direction de LR a été adressé "à Edouard Philippe, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Franck Riester et Thierry Solère, pour leur permettre de s’expliquer", le Bureau politique ayant décidé "à l'unanimité que sans réponse de leur part d’ici 8 jours, leur départ des Républicains serait acté", a indiqué la direction de LR à l'AFP.

Le bureau politique avait dans un premier temps décidé d'exclure immédiatement M. Darmanin, candidat en place non éligible aux dernières élections sénatoriales sur une liste LREM, pour "dissidence électorale".

Ce dernier, ex-directeur de la campagne de Nicolas Sarkozy lors de la primaire de la droite, aujourd'hui ministre de l'Action et des Comptes publics, est perçu comme l'étoile montante du gouvernement. "Concentré sur son travail ministériel, M. Darmanin ne fait pas de commentaires", a-t-on réagi dans son entourage.

"Pas de commentaire" non plus du côté de Matignon, où Gilles Boyer, le conseiller politique de M. Philippe, a rappelé avec ironie sur Twitter qu'il était membre de la Commission des recours de LR.

Sur la cinquantaine de personnalités présentes au BP, seul Christian Estrosi, maire de Nice, avait voté contre son exclusion, Laurence Sailliet, proche du président des Hauts-de-France,Xavier Bertrand, choisissant elle de s'abstenir.

Mais finalement, à la demande de Laurent Wauquiez, vice-président du parti et favori pour sa présidence, et de Bernard Accoyer, secrétaire général de LR, il a été décidé d'accorder à tous le même traitement, a indiqué la direction.

Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes publics, le 28 septembre 2017 à Paris au ministère des Finances
Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes publics, le 28 septembre 2017 à Paris au ministère des Finances
AFP

En plus de MM. Philippe et Darmanin, sont donc concernés par cette décision Sébastien Lecornu, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Ecologie, et les deux principaux députés "constructifs": M. Riester (Seine-et-Marne), président de ce groupe qui compte en tout trente-cinq députés, dont onze issus de LR, et M. Solère (Hauts-de-Seine), questeur de l'Assemblée.

- "Gestes symboliques et sacrificiels" -

Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, lui aussi issu de LR, dont le cas a été automatiquement tranché lorsqu'il a décidé de rejoindre le parti du président, La République en marche (LREM), a estimé mardi soir sur CNews que "ce n'est jamais bon signe pour un parti quand il se met à exclure".

Alors que les LR ayant rejoint le camp de Macron sont perçus comme des "traîtres" par leur parti d'origine, M. Le Maire accusait en retour son ancienne formation de s'être "trahie elle-même. Et M. Le Maire de rappeler que LR avait soutenu jusqu'au bout François Fillon, "qui avait dit qu'il se retirerait s'il était mis en examen". "Il s'est trahi une deuxième fois, quand au deuxième tour de l'élection présidentielle, pour la première fois dans l'histoire de la droite républicaine, notre parti a refusé de choisir entre Emmanuel Macron et les extrêmes".

"Il s'est trahi une troisième fois, quand au moment des législatives, il a décidé de changer de projet après en avoir défendu un autre quelques mois auparavant", a-t-il insisté. "Un parti qui s'est trahi trois fois, j'ai préféré le quitter".

Comme il en avait été décidé lors d'un précédent BP, le 11 juillet dernier, les cinq personnalités concernées, si elles le désirent, pourront aller s'expliquer devant une commission spéciale, composée des députés LR Jean Leonetti, Patrick Ollier et Isabelle Le Callennec.

"Je suis triste de voir certains dirigeants des Républicains prendre des postures d'exclusion et de rétrécissement, là où Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy ont toujours cherché à rassembler les Français. Je suis triste de voir (qu'ils) préfèrent penser à leur positionnement politique partisan plutôt qu'à la France", a écrit Sébastien Lecornu à Bernard Accoyer, secrétaire général des Républicains, dans une lettre transmise mardi soir à l'AFP.

Dans la même thématique

LR temporise 8 jours avant d’exclure Philippe et Darmanin
4min

Politique

Budget 2025 : « Le message qui est envoyé est dramatique, ce n’est pas un coup de rabot, on y est allé à la hache », déplore Guillaume Gontard

Avant la commission mixte paritaire sur le budget, les oppositions formulent leurs réserves sur le texte issu du Sénat. Sur le plateau de Parlement Hebdo, l'écologiste Guillaume Gontard dénonce un budget « totalement austéritaire », le député RN, Gaëtan Dussausaye, évoque un « budget de punition sociale ». Néanmoins, le fond des critiques et la position à adopter en cas de recours au 49-3 divergent.

Le

DOUAI : GERALD DARMANIN
5min

Politique

Narcotrafiquants : Gérald Darmanin annonce une première prison de haute sécurité fin juillet

Alors qu’approche l’examen à la chambre haute, de la proposition de loi sénatoriale et transpartisane sur le narcotrafic, le ministre de la Justice, Gérald Darmanin a annoncé, la mise en place d’une première prison de haute sécurité fin juillet, et deux autres d’ici deux ans, pour détenir « plus de 600 » narcotrafiquants « particulièrement dangereux ».

Le

LR temporise 8 jours avant d’exclure Philippe et Darmanin
2min

Politique

Budget 2025 : « La copie qui sort du Sénat propose plus de 6 milliards d’économies par rapport au projet initial du gouvernement », se félicite Jean-François Husson

Ce 23 janvier, le Sénat a adopté le projet de loi de finances pour 2025. « Une satisfaction » pour son rapporteur général, le sénateur Les Républicains Jean-François Husson. Le travail n’est toutefois pas terminé : le texte doit encore aboutir à un accord entre sénateurs et députés en commission mixte paritaire.

Le