Matignon Reunion des premiers ministres francais et estonien
Matignon Meeting of French and Estonian Prime Ministers Gabriel Attal, Premier ministre Francais//04SIPA_pool013480/Credit:Alexandra BONNEFOY-POOL/SIPA/2405041038

Lutte anticorruption : nouveau refus d’agrément pour Anticor, l’association saisit le juge des référés

Vendredi 26 juillet, le gouvernement a implicitement refusé d’octroyer l’agrément à Anticor lui permettant d’intervenir dans les dossiers de corruption. Une décision que l’association conteste devant le juge administratif, saisi en urgence.
Henri Clavier

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

L’association, fondée en 2002, avait perdu son agrément en juin 2023 suite à un arrêt de la cour administrative d’appel de Paris. Depuis, l’association anticorruption a déposé deux demandes auprès de l’administration pour se voir octroyer un agrément, sans succès. 

L’association avait fait une nouvelle demande d’agrément le 25 janvier 2024. Alors que l’administration dispose d’un délai de quatre mois, qu’elle peut proroger de deux mois, pour se prononcer, le Premier ministre n’a pas pris de décision dans le délai de six mois ce qui équivaut à une décision implicite de refus. Le gouvernement avait donc jusqu’au 25 juillet pour se prononcer. 

L’agrément, octroyé à Anticor entre 2015 et 2023 permet notamment de se constituer partie civile lors des procédures pénales. Anticor s’est porté civile dans l’affaire Bygmalion, dans l’enquête visant le secrétaire général de l’Elysée, Alexis Kohler et était à l’origine de la plainte contre le garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, finalement relaxé par la Cour de Justice de la République en novembre 2023. 

« On demande un agrément à des autorités publiques contre lesquelles on a déposé plainte » 

Contacté par Public Sénat, Paul Cassia, président de l’association et professeur de droit public, estime que « la procédure d’attribution de l’agrément anticorruption est très peu pertinente ». Malgré le déport de certains ministres pouvant faire l’objet d’un conflit d’intérêts, le professeur de droit déplore que la procédure ne soit pas entre les mains d’une autorité administrative indépendante. « Anticor est intervenue dans des contentieux impliquant ou ayant impliqué des ministres, tels Élisabeth Borne, Éric Dupond-Moretti ou Amélie Oudéa Castéra. Ainsi, on demande un agrément à des autorités publiques contre lesquelles on a déposé plainte, et donc à l’égard desquelles on est en conflit. L’administration gouvernementale est alors juge et partie, d’où la nécessité de confier cette mission à une autorité indépendante, comme la Défenseure des droits ou la Haute autorité pour la transparence de la vie publique », souligne Paul Cassia. 

Une audience de référé prévue le 7 août 

Face à l’absence de justification et de motivation de la décision implicite du gouvernement relatif à la demande formulée le 25 janvier, l’association a saisi le juge administratif.  « Une audience de référé au tribunal administratif de Paris est prévue le 7 août. Devant le juge administratif, il y a deux procédures, l’une au principal et parallèlement, une procédure d’urgence en référé. Cette seconde procédure permet au juge de suspendre la décision administrative s’il existe une illégalité éventuelle de la décision et qu’il y a urgence », rapporte le président de l’association.

A travers ce recours en référé, Anticor souhaite contraindre l’Etat à se prononcer sur la demande d’agrément de l’association. « Si le juge des référés fait droit à notre demande de suspendre le refus implicite du 26 juillet 2024, il peut ensuite obliger le Premier ministre à réexaminer la demande d’agrément à très bref délai. Il peut aussi compléter cet ordre par une astreinte, ce qui expose l’État à des pénalités financières proportionnelles au temps pris par le Premier ministre pour rendre sa décision sur notre agrément », détaille Paul Cassia. 

Contacté par l’AFP, Matignon estime que « compte tenu du calendrier de la procédure, il semble opportun d’attendre l’issue du contentieux en cours ».

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Paris: End of the meeting with Macron and Presidents  of party and president of assembly group at Elysee Palace
6min

Politique

« Soutien sans participation » : LR se déchire sur la position à adopter face au gouvernement de Sébastien Lecornu

Après la reconduction de Sébastien Lecornu à Matignon par Emmanuel Macron, Les Républicains se sont déchirés sur la nature du soutien à apporter au Premier ministre. Si le parti a finalement voté en faveur d’un soutien sans participation, la séquence a fait apparaître des divisions entre députés et sénateurs et entre Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau.

Le

ILLUSTRE ARTICLE ICI EUROPE
4min

Politique

Union européenne : quelle réponse face à la guerre hybride de Poutine ?

Sabotages, cyberattaques, désinformation, et désormais survols de drones : la guerre hybride que mène la Russie de Vladimir Poutine aux européens, mélange d'intimidation et de manipulation, a pris une nouvelle ampleur ces dernières semaines. Les survols sauvages de l’espace aérien d’une douzaine de pays de l’UE ont mis à l'épreuve l'unité des 27 et de l'OTAN. Face à cette menace de plus en plus concrète, les européens tentent d’orchestrer une réponse commune. Mais des questions demeurent : analyse et débat avec les eurodéputés Chloé Ridel (S&D, France) et Radan Kanev (PPE, Bulgarie) dans "Ici l'Europe".

Le