SIPA_01192365_000039

Lutte contre l’antisémitisme à l’université : députés et sénateurs trouvent un accord en commission mixte paritaire

La proposition de loi du Sénat visant à lutter contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur a fait l’objet d’un accord en commission mixte paritaire, ce mardi. Le texte prévoit notamment l’obligation de formation des étudiants à la lutte contre l’antisémitisme et le racisme tout au long de leur parcours d’enseignement.
Simon Barbarit

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

« Un texte issu d’une mission mise en place il y a un an, c’est à saluer par les temps qui courent ». C’est la première impression du président centriste de la commission de la culture et de l’éducation, Laurent Lafon, à la sortie de la commission mixte paritaire sur la proposition de loi du Sénat visant à lutter contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur qui s’est révélée conclusive.

En avril 2024, des accusations d’antisémitisme lors d’une conférence pro palestinienne à Sciences Po avaient, en effet, conduit la commission de la culture et de l’éducation à lancer une mission flash sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur, conduite par les rapporteurs, Pierre-Antoine Levi (centriste) et Bernard Fialaire (RDSE). En février, le Sénat adoptait à l’unanimité la proposition de loi, issue des 11 recommandations de la mission. « Entre octobre 2023 et avril 2024, seules six commissions disciplinaires ont été saisies pour des actes antisémites alors que 67 incidents avaient été recensés sur la même période. Ce fossé entre les faits et les poursuites témoigne d’un dysfonctionnement profond. Ce n’est pas acceptable », avait rappelé Antoine Levi, en séance.

Le premier article du texte intègre donc la formation à la lutte contre « contre l’antisémitisme, le racisme, les discriminations, les violences et la haine » aux missions des établissements scolaires et d’enseignement supérieur. Cette formation est intégrée aux cursus de chaque étudiant. « L’antisémitisme d’atmosphère, cela demande une formation », il est nécessaire de bien pouvoir « le repérer, le percevoir » et « proposer des solutions », avait mis en avant Bernard Fialaire en séance.

Retour à l’intitulé du Sénat

A l’Assemblée nationale, les députés avaient élargi l’intitulé du texte à la lutte « contre l’antisémitisme, le racisme, les discriminations, les violences et la haine » dans l’enseignement supérieur. En commission mixte paritaire, les parlementaires sont revenus au titre original. « Notre texte est la suite des travaux de la mission sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur, il était donc normal de conserver ce titre. Mais nous ne voulons pas faire de hiérarchie. C’est pourquoi chaque titre de la proposition de loi porte la lutte contre « l’antisémitisme, le racisme, les discriminations, les violences et la haine », explique Bernard Fialaire.

Pas de définition de l’antisémitisme dans la loi

« Il y a eu un débat sur la définition de l’antisémitisme. Un amendement de la députée Caroline Yadan (Renaissance, Français établis hors de France) précisait que le texte luttait contre les formes renouvelées de l’antisémitisme définies par l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA). Cette précision a été ôtée », relate le sénateur socialiste David Ros.

Ces dernières années, l’Assemblée nationale et le Sénat ont adopté, non sans débat, des résolutions non-contraignantes reprenant la définition de IHRA. Une définition qui associe l’antisionisme à une nouvelle forme d’antisémitisme (lire notre article). « Nous avons estimé que préciser cette définition dans la loi apportait de la confusion », explique Laurent Lafon.

L’article 2 a pour objectif de créer une mission égalité-diversité et d’améliorer le suivi des signalements des actes antisémites réalisés en vertu de l’article 40 du Code de procédure pénale. Il instaure par ailleurs une obligation de signalement des actes antisémites pour les présidents d’établissement et l’ensemble de leurs personnels.

Possibilité de dépayser la procédure disciplinaire

Le dernier article renforce les pouvoirs d’investigation des présidents d’université en matière d’actes antisémites, et notamment en matière de mesures disciplinaires avec la possibilité pour les présidents d’université « de dépayser » la procédure disciplinaire en ayant recours à une nouvelle instance présidée par un magistrat administratif, échelle de la région académique, et dont les modalités de réunion seront fixées par décret.

Les conclusions de la CMP sur la proposition de loi, seront examinées le 19 juin à 14h au Sénat. « On se dirige vers un vote assez large si ce n’est unanime », s’avance Laurent Lafon.

 

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Lutte contre l’antisémitisme à l’université : députés et sénateurs trouvent un accord en commission mixte paritaire
2min

Politique

« On impose des rythmes de cadres à des enfants », constate Sylvain Chemin, membre de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant

Depuis septembre, près de 140 citoyens tirés au sort se réunissent plusieurs fois par mois au Conseil économique et social pour débattre des temps de l’enfant. Sylvain Chemin, responsable immobilier à Cherbourg-en-Cotentin et père d’une collégienne en classe de 6ème, a pris part aux travaux de cette nouvelle Convention. Son constat est clair et limpide, la réalité des collégiens et des lycéens est à rebours des mesures préconisées. Il témoigne au micro de Quentin Calmet dans l’émission Dialogue Citoyen.

Le

World News – October 14, 2025
10min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : vers « un vote contre » des députés Renaissance, mais un soutien des sénateurs macronistes

La suspension de la réforme des retraites divise au sein de Renaissance. « Il y a deux écoles », entre ceux, plutôt issus de l’aile gauche, prêts à soutenir « le deal » entre Sébastien Lecornu et le PS, et les autres, notamment de l’aile droite, qui ne veulent pas se « dédire » et pour qui cette « concession énorme » reste au travers de la gorge…

Le

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement
5min

Politique

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement

La définition des séances de travail sur le budget 2026 a froissé le président du Sénat, mardi, lors d’une réunion avec les présidents de commission et le gouvernement. Il estime que le Sénat ne peut pas prendre le relais des textes budgétaires dans de bonnes conditions. Une nouvelle conférence des présidents doit revenir sur la question la semaine prochaine.

Le

General policy speech by Prime Minister at Senate
5min

Politique

Lutte contre le communautarisme : la droite du Sénat propose encore une fois de réviser la Constitution

Lundi, le Sénat examinera une proposition de loi de la droite et du centre visant à inscrire dans la Constitution que « nul individu ou nul groupe ne peut se prévaloir de son origine ou de sa religion pour s’exonérer du respect des règles applicables ». Un principe que la majorité sénatoriale remet à l’ordre du jour régulièrement ces dernières années par le dépôt de différents textes. On retrouve aussi la même idée dans un texte de Marine Le Pen.

Le