Lutte contre l’antisémitisme : Emmanuel Macron appelle les cultes à un « effort pédagogique »

Ce lundi 13 novembre, le président de la République recevait les représentants des cultes à l’Elysée, en présence du ministre de l’Intérieur. Interrogés à la sortie de la rencontre, les représentants des cultes ont affirmé la nécessité de s’adresser à la jeunesse.
Rose Amélie Becel

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« Ce qu’il s’est passé à l’instant à l’Elysée, à l’initiative du président de la République et en présence du ministre de l’Intérieur, c’est une première démarche », analyse Elie Korchia, président du consistoire central israélite de France, à la sortie de la rencontre des représentants des cultes avec Emmanuel Macron ce lundi matin. Un premier signe d’action, après la grande marche contre l’antisémitisme du 12 novembre, qui a rassemblé 105 000 personnes à Paris et à l’issue de laquelle le président du Sénat Gérard Larcher avait déclaré « une marche doit conduire à une démarche ».

Sur le perron de l’Elysée, le président de la Confédération des évêques de France Éric de Moulins-Beaufort a énuméré les sujets abordés lors de cette rencontre : « Le président nous a expliqué la position de la France dans le conflit entre Israël et le Hamas, puis il a évoqué les perspectives pour un avenir de paix entre Israël et la Palestine. Il a aussi évoqué la société française et l’enjeu que nous assumions notre universalisme républicain, dans un esprit de fraternité. »

Des actions auprès de la jeunesse

Si peu d’initiatives concrètes semblent être sorties de cette rencontre, les prises de parole successives des dirigeants des cultes à l’issue de celle-ci montrent qu’Emmanuel Macron souhaite affirmer l’éducation comme outil de lutte contre l’antisémitisme. « Le président nous a encouragé à multiplier les actions éducatives, en particulier en direction des jeunes, parce qu’il sent qu’il y a une population qu’on n’a pas forcément vue et entendue [lors de la marche du 12 novembre] », a indiqué Éric de Moulins-Beaufort. Selon le représentant du culte catholique, c’est Gérald Darmanin qui sera chargé « de prendre les contacts nécessaires pour que ces suites puissent avoir lieu ».

Le président compte ainsi sur les représentants des cultes pour « participer à un effort pédagogique », comme l’a souligné le président de la Fédération protestante de France, Christian Krieger. « Nos jeunes sont parfois enfermés dans leur propre langage et leur propre réflexion, sans aller vers l’autre. L’objectif du président c’est que cette parole puisse être diffusée dans la jeunesse », complète Eli Korchia, président du consistoire central israélite de France.

Parmi les mesures concrètes demandées, le grand rabbin de France Haïm Korsia souhaite que l’antisémitisme soit érigé en grande cause nationale, même s’il n’a pas réitéré cette demande devant le chef de l’Etat ce matin. « Cette demande, je la réitère à de nombreuses reprises parce que cela voudrait dire qu’on lutte avec tous les moyens de l’Etat. À travers cette lutte contre l’antisémitisme, ce serait aussi la grande cause de la lutte contre le racisme, les inégalités, les rejets qui existent dans la société », estime Haïm Korsia.

« L’antisémitisme ne passera pas par les mosquées de France »

Les prises de paroles à l’issue de cette rencontre ont aussi été l’occasion pour les représentants du culte musulman de clarifier leur position, puisqu’ils n’étaient pas représentés lors de la marche du 12 novembre. « J’ai trouvé qu’à ce moment précis où la France est extrêmement émue, en colère, où il y a des otages… Au lieu de faire une marche contre l’antisémitisme, il aurait fallu [en] faire une lutte contre le racisme », a déploré le recteur de la Grande mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz.

« J’ai asséné avec énormément de force que l’Islam et les musulmans ne peuvent pas être antisémites et que l’antisémitisme ne passera pas par les mosquées de France », a-t-il ajouté. Sans vouloir « faire de concurrence victimaire » avec ce que subissent aujourd’hui les personnes juives, Chems-Eddine Hafiz a affirmé que la séquence ouverte par les attaques du Hamas en Israël était aussi propice à « un déchaînement de déclarations faites contre les musulmans ».

Pour prolonger leur message d’unité dans la lutte contre l’antisémitisme et toutes les formes de haine, les représentants des cultes catholique, protestant et orthodoxe rendent par ailleurs visite au recteur de la Grande mosquée de Paris ce lundi après-midi.

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