Lutte contre le réchauffement climatique : « La France perd son leadership », regrette Guillaume Gontard
Lors d’un sommet virtuel réunissant une quarantaine de dirigeants mondiaux, le président américain, Joe Biden a annoncé des objectifs ambitieux : la réduction des émissions de gaz à effet de serre de 50 % à 52 % d’ici 2030. Pour le patron du groupe écologiste du Sénat, Guillaume Gontard, « Emmanuel Macron n’a toujours pas compris cette urgence ».
Par Public Sénat avec l'AFP
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Joe Biden a choisi le 22 avril, jour de la Terre, pour signer le retour des Etats-Unis dans la lutte contre réchauffement climatique. Dès l’ouverture du sommet qui réunit sur deux jours une quarantaine de dirigeants mondiaux, Le 46e président des Etats-Unis a promis de réduire les émissions de gaz à effet de serre de la première économie mondiale de 50 % à 52 % d’ici 2030 par rapport à 2005.
Une annonce qui intervient au lendemain de l’accord des 27 Etats membres de l’Union européenne et du Parlement sur une réduction nette d’au moins 55 % de ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.
Joe Biden opère ainsi un virage à 180 degrés, quatre ans après le désengagement de son prédécesseur, Donald Trump, de l’Accord de Paris sur le climat.
Mettant en garde contre « le coût de l’inaction » et vantant les bénéfices économiques « extraordinaires » qui peuvent découler des réformes écologiques, Joe Biden a exhorté le reste du monde à suivre l’exemple américain au nom d’un « impératif moral et économique ».
« Nous devons passer à l’action, nous tous, nous devons accélérer » […] « aucun pays ne peut résoudre cette crise tout seul » a-t-il martelé.
A l’image de l’accord trouvé hier par l’Union européenne, ce nouvel engagement doit permettre à l’économie américaine d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
La Chine, la Russie, le Brésil se mettent au vert
Les pays qui comptent pour plus de la moitié de l’économie mondiale ont suivi l’impulsion américaine.
La Chine, premier émetteur de gaz à effet de serre, s’est engagée à « coopérer » contre le réchauffement avec les Etats-Unis. Vladimir Poutine a lui promis que la Russie, producteur majeur d’hydrocarbures, ferait passer le volume cumulé de ses émissions nettes de gaz à effet de serre en dessous de celui de l’Union européenne lors des 30 prochaines années.
Le Premier ministre britannique, Boris Johnson indique un objectif de réduction des émissions du Royaume-Uni de 78 % d’ici 2035 par rapport à 1990. Son homologue canadien, Justin Trudeau s’est engagé à les baisser de 40 % à 45 % d’ici 2030 par rapport à 2005, au lieu de 30 % précédemment, selon Radio-Canada. Le chef du gouvernement japonais, Yoshihide Suga promet quant à lui que son pays allait réduire ses émissions de CO2 à 46 % à l’horizon 2030 par rapport à 2013.
Même le président brésilien Jair Bolsonaro a assuré que son pays visait désormais la neutralité carbone à l’horizon 2050.
« Un choix historique » salué par Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a salué l’engagement américain. « C’est un choix historique sur le chemin qui nous mène vers Glasgow » (ville qui accueillera la conférence climat de la COP 26 en novembre). « Un seul objectif dans les prochaines semaines et les prochains mois : accélérer. Accélérer sur la mise en œuvre des engagements de l’horizon 2030 », a-t-il poursuivi, en demandant « un plan d’action qui soit précis, mesurable, vérifiable ».
Emmanuel Macron a demandé une nouvelle fois de « donner un prix au carbone » en « intégrant la dimension environnementale dans le coût des investissements » et dans les « relations commerciales ». Une allusion à la taxe carbone que l'UE veut mettre en place à ses frontières.
« Il faut très vite qu’on change de Président pour mettre en place une politique écologique » demande Guillaume Gontard
Cet objectif affiché par le président de la République peine à convaincre les écologistes. « Qu’est ce qui a fait changer la politique américaine ? C’est un changement de Président. Il faut très vite qu’on change de Président pour mettre en place une politique écologique », raille Guillaume Gontard, le président du groupe écologiste du Sénat, interrogé par Public Sénat.
Pour le sénateur de l’Isère, « Emmanuel Macron n’a toujours pas compris cette urgence ». « Si on regarde à tous les niveaux, on est à la ramasse […] annonce après annonce, on ne tient pas ces objectifs » dénonce-t-il en faisant référence notamment à la déclaration du ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie qui a reconnu, hier, que l’objectif de 15 % des surfaces agricoles cultivées en bio ne serait pas tenu à l’issue du quinquennat. « Après les accords de Paris, la France pouvait tirer tout le monde vers le haut, mais on est en train de perdre totalement ce leadership » regrette-il.
Un décalage entre les objectifs affichés et les moyens alloués avait été pointé en février dernier par le Haut Conseil pour le Climat (HCC), lors de la présentation du projet de loi « Climat et Résilience ». La France « est en retard » dans les objectifs qu’elle s’est fixés avait relevé le HCC, appelant le gouvernement « à rectifier le tir ». Le texte sera examiné au Sénat au mois de juin.
La réunion à l’Elysée n’a pas abouti sur un accord. Mais avec des lignes rouges qui peuvent paraître très éloignées, la sortie de crise semble encore lointaine. Un début de rapprochement émerge cependant sur la méthode, autour du non-recours au 49.3.
Depuis la chute de Bachar Al-Assad, certaines déclarations de responsables politiques conciliant avec le régime dictatorial refont surface. En octobre 2015 par exemple dans l’émission « Preuves par 3 » sur Public Sénat, Jean-Luc Mélenchon estimait que les bombardements russes et syriens faisaient partie d’une guerre nécessaire contre les rebelles.
Reçus par Emmanuel Macron ce mardi, avec d’autres formations politiques à l’exception de LFI et du RN, socialistes et écologistes se sont engagés, s’ils accèdent au pouvoir, à ne pas utiliser le 49.3 à condition que les oppositions renoncent à la motion de censure. « Ça a été repris par Horizons, par le MoDem », a assuré Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS.
À la sortie d’une réunion avec les partis, hors LFI ou RN, le patron des députés de la Droite républicaine insiste à nouveau sur la nécessité d’aboutir à un accord de non-censure pour qu’un gouvernement survive. Il maintient sa ligne rouge : la droite ne veut ni ministres issus de la France insoumise, ni application du programme du Nouveau Front populaire.
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