Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière, a appelé à "un nouveau Mai-68" et à une "explosion sociale" contre la politique d'Emmanuel Macron, dimanche, lors de la fête annuelle de son parti à Presles (Val d'Oise) en demandant à ses troupes de se mobiliser les 22 et 26 mai prochains.
Environ 15.000 personnes, selon les organisateurs, assistaient à cette fête dans un parc boisé de cette commune du Val d'Oise où le parti marxiste-léniniste organisait de nombreuses activités, ludiques, pédagogiques et politiques. De samedi à lundi soir, environ 25.000 personnes sont attendues, selon LO.
L'ambiance "à la bonne franquette" des festivités -des stands proposant des débats sur "l'antisémitisme de gauche: l'exemple britannique", "la crise des hôpitaux aux Antilles" ou "les postiers face aux attaques de leur direction", côtoient buvettes, orchestres de jazz et autres ateliers poterie- tranchait avec le ton très combatif de la responsable de Lutte ouvrière.
"Contre l'offensive de Macron et du capital, le monde du travail doit rendre les coups" et "avec tous ceux qui ne supportent plus la situation et souhaitent une nouvelle explosion sociale, nous affirmons que oui, il faut un nouveau mai-juin 1968 !", lançait-elle à la foule attentive. "Tôt ou tard, les exploités se lèveront de nouveau en masse".
"En un an, Macron a enchaîné les attaques contre les travailleurs", a-t-elle dénoncé, énumérant "les ordonnances travail pour que le patronat puisse licencier plus vite et moins cher", "la hausse de la CSG que les retraités ont payé de plein fouet", "la sélection dans les universités" ou le "contrôle des chômeurs".
"Si nous ne mettons pas un coup d’arrêt à tout cela, où en serons-nous dans cinq ou dix ans ? Quelle sera la vie de nos enfants ? Derrière le +changement+ et la +modernité+ affichés par Macron, il y a un président qui n’a d’yeux que pour les fameux premiers de cordée et les machines à faire du fric", a-t-elle encore accusé.
- Sévérité avec les leaders de gauche -
L'ancienne candidate à l'élection présidentielle (0,65% en 2017) sous les couleurs de LO, parti aux 8.000 membres revendiqués, a demandé à ses troupes de participer à la journée d'action de la Fonction publique le 22 mai et réitéré son appel à manifester le 26 mai, aux côtés d'une cinquantaine d'organisations politiques, syndicales et associatives, en lançant toutefois un avertissement.
"Avec Mélenchon ou le PCF, (c'est) une contestation partagée de Macron mais les perspectives sont opposées", a-t-elle assuré, alors que le leader de La France insoumise venait d'appeler un peu plus tôt à la constitution d'un "Front populaire" de partis, syndicats et associations.
"Tout en œuvrant pour le succès de cette manifestation, nous ne signons pas l’appel unitaire car nous rejetons l’opération politique qui se dessine et nous appelons les travailleurs à la méfiance", a-t-elle réaffirmé, jugeant avec une grande sévérité les leaders de gauche (LFI, PCF ou Générations).
Selon elle, "l’alternative que cette opération construit est une nouvelle mouture de l’Union de la gauche de l’époque Mitterrand et de la Gauche plurielle du temps de Jospin", qui s'est finalement "transformée en déception, voire en désespoir" pour les "travailleurs et militants ouvriers".
"Quels que soient leurs discours d’aujourd’hui, lorsqu’ils seront au pouvoir, ils gouverneront à leur tour au service des plus riches", assène-t-elle. "Alors, si nous dénonçons souvent les mêmes choses que Mélenchon, Laurent ou Hamon, nous ne le faisons pas du tout dans la même perspective".
"Quand ces derniers dénoncent Macron pour préparer le retour de la gauche au pouvoir qui gérera les affaires de la bourgeoisie, nous le dénonçons pour armer politiquement les travailleurs dans la perspective qu’ils agissent eux-mêmes, collectivement", insiste Mme Arthaud.