Lutter contre la dette et le déficit, le (vieux) mantra de François Bayrou

Le premier ministre défend « depuis 25 ans », rappelle-t-il lui-même, la nécessité de lutter contre la dette. En 2002, 2007 et 2012, l’ancien candidat à la présidentielle en faisait en effet déjà une nécessité, avant que le sujet ne soit plus largement défendu par une partie de la classe politique.
François Vignal

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

C’est un leitmotiv, une constance dans son engagement. Lutter contre les déficits excessifs et la dette n’est pas une nouvelle lubie pour François Bayrou, qui a cherché à en démontrer la nécessité mardi matin, entouré de ses ministres. Le premier ministre en défend l’idée depuis longtemps. « Il faut lui reconnaître une chose. Il a toujours été dans cette posture du professeur, de l’apprenant et il a toujours été sur la ligne de l’austérité budgétaire. Il a toujours incarné ça. Il est totalement droit dans ses bottes », relève Philippe Moreau Chevrolet, spécialise en communication politique.

Comme un Béarnais n’est jamais mieux servi que par lui-même, François Bayrou l’a rappelé lui-même. « Au travers des 30 dernières années, je n’ai qu’un privilège à faire valoir ici : c’est que je me suis battu sur ce sujet depuis 25 ans. Je n’ai jamais bougé de cette ligne. Je pense que c’est une question vitale », a affirmé le premier ministre (voir la vidéo).

« Chiffre tellement astronomique qu’on se dit qu’il n’a pas de réalité »

En effet. Invité en octobre 2002 de RTL, celui qui s’était présenté à l’élection présidentielle pour la première fois, la même année, défend déjà le même discours, avec les mêmes arguments qu’aujourd’hui. « La première étape de la réforme – si on croit que la réforme est nécessaire à la France, ce que je crois – c’est la vérité. Par exemple, tout le monde parle de déficits et personne ne se rend compte que le déficit, c’est purement et simplement de la dette qu’on accumule – et pas pour des sommes minces : la dette de la France est de 1.000 milliards d’euros, 6.000 milliards de francs », lance l’ancien président de l’UDF, avant d’ajouter : « C’est un chiffre tellement astronomique qu’on se dit qu’il n’a pas de réalité. Si on divise cette dette par le nombre des Français, ça fait 100.000 francs, 15.000 euros par tête. Si vous avez une famille de 5 personnes, elle va devoir rembourser 500.000 francs sur les années qui viennent ».

En 2007, François Bayrou tente à nouveau sa chance à l’élection à la magistrature suprême. Lors d’un discours à Poitiers, en février 2007, il dit : « J’ai pris l’engagement de ne jamais prendre la parole pendant cette campagne devant une salle, à la radio ou à la télévision, sans dire que nous ne pouvons pas continuer à creuser le déficit de la France et à augmenter la dette de notre pays comme nous le faisons. Nous ne pouvons pas continuer ». S’adressant aux deux candidats en tête, il lance » : « Ce n’est pas possible qu’ils continuent tous les soirs à signer des chèques qui seront en bois, à promettre à chacune des catégories de Français sans aucune exception, quel que soient l’âge, le statut, la profession, les opinions, des dizaines de milliards d’euros que nous n’avons plus. Il faut qu’ils arrêtent de garantir à chacun une allocation supplémentaire, une subvention supplémentaire, une augmentation supplémentaire, un crédit supplémentaire. Ce n’est pas possible, même de le faire croire. Naturellement, ils ne pourront pas le faire. Personne ne pourra le faire dans un pays qui a les finances publiques comme nous les avons laissées devenir. Ce n’est pas civique de le faire croire ».

« Thérapie de choc » de 100 milliards d’euros en 2012

A nouveau candidat à la présidentielle en 2012, il prône alors une « thérapie de choc ». François Bayrou défend la nécessité d’économiser pas moins de 100 milliards d’euros pour réduire la dette du pays. Il vise 50 milliards via l’augmentation d’impôts et 50 milliards via des coupes budgétaires, mais il ne rentre pas vraiment dans les détails. Pour François Bayrou, déjà, « un retour à la santé du pays est le seul moyen de garder son équilibre », défend-il alors, en décembre 2011 sur France 2. Aujourd’hui au pouvoir, c’est « l’heure de vérité » pour le pays, comme dit François Bayrou, mais aussi pour lui.

Partager cet article

Dans la même thématique

Lutter contre la dette et le déficit, le (vieux) mantra de François Bayrou
2min

Politique

Écologie : le Sénat confirme les coupes budgétaires dans le Fonds Vert

Malgré la protestation de la gauche et de certains élus de la majorité sénatoriale, le Sénat n’a pas touché au coup de rabot prévu par le gouvernement sur le Fonds Vert, qui sert à financer la transition écologique des collectivités. De 2,5 milliards en 2024, le budget du Fonds Vert est donc passé à 650 millions en 2026.

Le

Paris: Weekly session of questions to the government at the National Assembly
9min

Politique

« C’est la survie de notre famille qui se joue » : l’union des droites avec le RN travaille les LR

Alors que Nicolas Sarkozy n’appellera pas au front républicain et que Bruno Retailleau défend l’union des droites « par les urnes », la question d’un possible rapprochement des LR avec le RN divise encore. La ligne reste au rejet de tout accord d’appareils, plusieurs parlementaires craignant pour « la survie » des LR en cas de fusion-absorption avec le RN. Mais certains sont prêts à se laisser tenter.

Le

XINHUA PHOTOS OF THE DAY
5min

Politique

[Info Public Sénat] Nicolas Sarkozy pour l’union des droites ? « Un emballement totalement disproportionné », pointe son entourage, « il n’a jamais pactisé avec le RN »

Dans son ouvrage écrit en prison, Nicolas Sarkozy affirme qu’il n’appellera pas au front républicain et soutient pour la droite le « rassemblement le plus large possible, sans exclusive ». Beaucoup y voient une défense de l’union des droites. Mais l’entourage de l’ex-chef de l’Etat dément. « Nicolas Sarkozy a toujours dit qu’il fallait parler aux électeurs du RN, mais absolument pas s’allier au parti », soutient-on.

Le