Après la chute du gouvernement de Michel Barnier, le chef de l’Etat dispose d’une marge de manœuvre aussi réduite qu’au lendemain des législatives anticipées pour trouver un nouveau Premier ministre, dans la mesure où les équilibres politiques restent les mêmes à l’Assemblée nationale, observe le sondeur Stéphane Zumsteeg, invité de Public Sénat ce mercredi 4 décembre. Toutefois, l’échéance budgétaire de la fin d’année devrait pousser Emmanuel Macron à agir rapidement.
Macron attendu devant les maires de France : « Plus vous approchez de la présidentielle, plus votre crédibilité est faible »
Par Public Sénat
Publié le
C’est un rendez-vous crucial et délicat à l’agenda du président de la République. Jeudi, Emmanuel Macron prononcera un discours à l’occasion de la clôture du congrès annuel de l’Association des maires de France. Et il y a fort à parier que le chef de l’État, probable candidat à sa réélection, marche sur des œufs pour éviter de brusquer davantage les élus locaux, après cinq années de relations houleuses entre l’exécutif et les collectivités territoriales. « Le dernier congrès des maires du président de la République… Honnêtement, il va y avoir beaucoup d’humilité », a résumé mardi, sur le plateau de « Sens Public » sur Public Sénat, Franck Louvrirer, le maire LR de La Baule-Escoublac, qui fut également le conseiller presse et communication de Nicolas Sarkozy.
« À quelque mois de l’élection présidentielle, la crédibilité du discours du président sera très faible », estime cet élu. De fait, le terme approchant du mandat amoindrit automatiquement le poids des annonces que pourrait faire Emmanuel Macron, et renvoie aussi à l’hypothèse d’un second mandat. « Emmanuel Macron est en période électorale, il aura besoin des maires pour se représenter s’il le souhaite. Or, plus vous approchez de l’élection, plus votre crédibilité est faible », explique Franck Louvrier. « Le message sera très peu entendu, car il y a l’incertitude du résultat de la présidentielle, et le fait que le discours sera plus opportuniste aujourd’hui qu’il ne l’aurait été il y a cinq ans. » Pour le chef de l’État, l’opération séduction pourrait commencer dès mercredi soir, avec la réception d’une importante délégation de maires à l’Elysée.
La réforme oubliée
Franck Louvrier considère que le chef de l’État a manqué au cours de son quinquennat l’occasion d’entamer une nouvelle réforme de la décentralisation, pourtant appelée de leurs vœux par de nombreux élus locaux. « Les maires souhaitent plus de liberté dans leur action locale, et donc plus de décentralisation », soutient-il. « Ils veulent plus de moyens juridiques, et parfois plus de moyens financiers ». Or, au cours des cinq années écoulées, « on a fait l’inverse, on leur a retiré l’autonomie financière avec la suppression de la taxe d’habitation, et on les a emmerdés sur tout ce qu’ils peuvent faire, par exemple en matière de logement », déplore le maire de La Baule-Escoublac.
Un peu plus tôt, également sur Public Sénat, le président du Sénat, Gérard Larcher, avait estimé que le projet de loi 3DS n’allait pas assez loin, et a lui aussi plaidé pour davantage de décentralisation.
Alors que la crise des Gilets Jaunes et la pandémie de covid-19 ont remis au premier plan les édiles, beaucoup attendent du président de la République « un grand discours concernant la reconnaissance du rôle et de la place des maires », comme l’a expliqué lundi le patron de l’AMF, François Baroin. L’éventualité d’une « nationalisation » de la dette covid-19 supportée par les communes - estimée à 5 ou 6 milliards d'euros - fait également partie des sujets sur lesquels l’AMF réclame un geste de la part d’Emmanuel Macron.