Macron confronté au casse-tête de la présidence de la Commission européenne
Actuellement sans voix claire au chapitre ni même candidat idéal à sa main, Emmanuel Macron est engagé dans un bras de fer avec le Parlement...
Par Jérémy MAROT
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Publié le
Actuellement sans voix claire au chapitre ni même candidat idéal à sa main, Emmanuel Macron est engagé dans un bras de fer avec le Parlement européen sur le choix du futur président de la Commission.
Au centre de ce jeu de pouvoir, un mot allemand devenu vocable courant dans les couloirs de Strasbourg ou Bruxelles: "spitzenkandidat".
Il désigne le chef de file de chaque grande famille politique (la droite du PPE, les centristes de l'ADLE, les sociaux-démocrates du S&D...) lors des élections européennes. Le chef de file du groupe sorti en tête des élections de juin 2019 aurait ensuite vocation à devenir le président de la Commission européenne.
Le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker prononce un discours à la Commission européenne, à Bruxelles, le 14 février 2018
AFP/Archives
C'est du moins ce que les eurodéputés avaient réussi à imposer en 2014, en propulsant le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, issu du PPE, à la tête de la Commission, malgré les réticences de certains chefs d'Etat ou de gouvernement, dont Angela Merkel.
Or, M. Macron souhaite remettre en cause ce processus, fondé sur une interprétation des textes favorable au Parlement, afin de briser le jeu des grands partis européens dont il est pour l'heure absent.
"Je ne laisserai pas à ces grands partis européens le monopole du débat sur l’Europe et les élections européennes", avait-il lancé lors de son discours de la Sorbonne de septembre.
Guy Verhofstadt se rendant à une réunion sur le Brexit, à Bruxelles, le 4 décembre 2017
POOL/AFP/Archives
"Macron dit qu'il faut aller au bout du chemin sur la question du Spitzenkandidat, qui reste un truc secret, pas transparent et pour lequel les citoyens ne peuvent pas voter", fait valoir à l'AFP le patron de l'ADLE Guy Verhofstadt.
D'où, selon différentes sources, l'idée avancée par M. Macron de constituer des listes transnationales lors des prochaines élections. S'il ne l'a pas présenté officiellement ainsi, elles auraient en réalité servi à faire élire par les citoyens les futurs commissaires européens, dont le président de la Commission, placé en tête de liste.
"Mais, ça, le PPE ne le veut pas. Ils sont là à dire: +Macron, aïe aïe. Il va bouleverser l'échiquier politique européen. Ca va nous coûter le pouvoir de décider comme on le fait depuis 20-30 ans+", résume M. Verhofstadt.
- Le dilemme Barnier -
"Sur la question du futur démocratique de l'Europe, je constate que Macron s'oppose en réalité au renforcement de la démocratie parlementaire européenne. Il est en faveur des listes transnationales (...) et d'un autre côté il est contre le Spitzenkandidat, ce qui est inacceptable. Il ne s'engage que sur les sujets qui vont dans son intérêt", tempête de son côté le patron du PPE Manfred Weber.
Le Français Michel Barnier, négociateur pour le Brexit, lors d'une conférence de presse à Bruxelles, le 9 février 2018
AFP/Archives
Le principe des listes transnationales a donc été rejeté par le Parlement début février, les eurodéputés infligeant ainsi un camouflet politique à M. Macron avant que le sujet ne vienne sur la table du Conseil européen jeudi.
Contourner la mécanique des partis permettrait à M. Macron de résoudre son problème de candidat.
A l'heure actuelle, le Français Michel Barnier, négociateur pour le Brexit, est en bonne position, à condition d'être endossé par le PPE lors du congrès du groupe les 7-8 novembre à Helsinki.
"Il tient la corde", confirme un eurodéputé français expérimenté, et un poids-lourd allemand loue son "profil solide", "très apprécié".
Si M. Barnier est réputé proche de l'Elysée, il peinera cependant à en recevoir l'appui officiel, car il est soutenu par un PPE trop marqué à droite. "Le risque que je vois dans un soutien à Barnier, c'est les interprétations que l'on fera après", confirme une source au sein de La République en marche.
M. Macron devra alors trouver son propre cheval, issu probablement de la famille centriste (ADLE).
A ce jeu, le nom de la Commissaire à la concurrence, la Danoise Margrethe Vestager, revient souvent, même si une source parlementaire relève qu'il est compliqué de pousser une personnalité non membre de la zone euro.
Un choix par défaut qui souligne aussi le manque d'envergure du personnel politique français au niveau européen.
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