Du travail dans la restauration, "je traverse la rue, je vous en trouve": la suggestion de se réorienter lancée par Emmanuel Macron à un jeune horticulteur au chômage a suscité de nombreux commentaires dimanche.
"J'ai 25 ans, j'ai beau envoyer des CV et des lettres de motivation, ça ne fait rien", avait confié samedi au président ce jeune homme, venu au palais de l'Elysée à l'occasion des journées du patrimoine.
"Vous voulez travailler dans quel secteur ?", l'interroge le président dans un bref échange capté par les caméras. "A la base, je suis en horticole", répond le jeune homme.
Le président lui suggère alors de changer de secteur. "Si vous êtes prêt et motivé, dans l'hôtellerie, les cafés et la restauration, dans le bâtiment, il n'y a pas un endroit où je vais où ils ne me disent pas qu'ils cherchent des gens. Pas un! Hôtels, cafés, restaurants, je traverse la rue, je vous en trouve !", poursuit le président de la République en désignant d'un geste les rues alentour.
Le secteur de l'hôtellerie et de la restauration connaît une pénurie aiguë de main d'oeuvre. En août, Roland Héguy, président de la principale organisation du secteur hôtelier, l'Umih, avait affirmé à l'AFP que le secteur était "en capacité de signer 100.000 embauches tout de suite", dont la moitié en CDI.
Le jeune homme se dit d'accord avec l'idée, et le président insiste: "Vous faites une rue, vous allez à Montparnasse, vous faites la rue avec tous les cafés et les restaurants... Franchement, je suis sûr qu'il y en a un sur deux qui recrute en ce moment. Allez-y !"
"Entendu, merci", dit le jeune horticulteur, avant que les deux hommes ne se serrent la main. Ce n'est pas la première fois que le chef de l'Etat répond à des chômeurs qui l'interpellent dans ses bains de foule, en insistant sur le manque de main d’œuvre dans certaines filières.
Son échange a suscité dimanche de nombreux commentaires acerbes, d'abord sur les réseaux sociaux, puis de la part des oppositions.
Depuis son élection, le président s'est vu accuser à plusieurs reprises de tenir des propos hautains sur la question sociale, notamment quand il a évoqué le "pognon de dingue" des aides sociales, ou les "Gaulois réfractaires".
"Macron invite 6 millions de personnes à traverser la rue pour avoir du boulot. Pour lui, les chômeurs sont coupables de leur chômage. Où vit cet homme ? Qui a jamais insulté plus odieusement les Français en difficulté ?", a ainsi asséné sur Twitter Jean-Luc Mélenchon.
Consacré "méprisant de la République" par le communiste Ian Brossat, le chef de l'Etat s'est vu également accusé de "mépris permanent" par la députée LR Valérie Boyer.
Des accusations vivement récusées par Christophe Castaner, délégué général de La République en marche et secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement.
"Est-ce que ce que dit le président de la République est faux ?", a-t-il interrogé lors du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro: "Vous préférez la langue de bois ? (...) Moi, je préfère un président de la République qui dit la vérité".