Macron élu président avec près de deux tiers des voix face à Le Pen
Emmanuel Macron a été élu dimanche président de la République en battant largement Marine Le Pen lors d'un second tour marqué par une forte...
Par Baptiste PACE et Marc PREEL
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Emmanuel Macron a été élu dimanche président de la République en battant largement Marine Le Pen lors d'un second tour marqué par une forte abstention, mais de nombreux défis attendent cet homme jeune à l'ascension fulgurante, à commencer par l'obtention d'une majorité à l'Assemblée.
Au terme d'une campagne riche en rebondissements, le candidat centriste, 39 ans, va devenir le huitième président de la Ve République, le plus jeune de l'Histoire, en obtenant plus de 65,8% des voix face à la candidate d'extrême droite (environ 34,2%), selon les résultats quasi définitifs.
Emmanuel Macron retrouve ses partisans, massés par milliers devant la pyramide du Louvre, après une traversée solennelle de la cour de l'ancien palais royal, sous les notes de l'hymne européen, le 7 mai 2017
AFP
En fin de soirée, M. Macron a retrouvé ses partisans - entre 20.000 et 40.000 selon les sources - devant la pyramide du Louvre, après une traversée solennelle de la cour de l'ancien palais royal, sous les notes de l'hymne européen.
Devant une marée de drapeaux français, le candidat a reconnu que sa large victoire n'était pas "un blanc-seing", en disant qu'il ferait "tout pour" qu'il n'y ait plus "aucune raison de voter pour les extrêmes".
"La tâche est immense (...) je vous servirai!", a-t-il martelé, avant d'être rejoint sur scène par son épouse Brigitte, de 24 ans son aînée.
Emmanuel Macron, élu président, et sa femme Brigitte au Louvre, le 7 mai 2017 à Paris
AFP
Marine Le Pen, elle, s'est réjouie, malgré la nette défaite, de son "résultat historique et massif" pour un parti "devenu la première force d'opposition".
Avec un score final supérieur à 10,5 millions de voix, elle dépasse largement son record du premier tour (7,7 millions de voix). Son père Jean-Marie Le Pen, lui, avait peu progressé face à Jacques Chirac entre les deux tours en 2002.
Le second tour a été marqué par la plus forte abstention depuis 1969 (près de 25%). Contrairement à 2002 où la présence du Front national avait mobilisé, l'abstention augmente nettement par rapport au 1er tour (22,23%).
Résultats du second tour de l'élection présidentielle française
AFP
Les blancs et nuls approchent les 9% des inscrits (plus de 4,2 millions), un record pour une présidentielle.
Au total, plus d'un Français sur trois a refusé de choisir dimanche entre les deux candidats.
"Marine Le Pen arrive troisième de ce deuxième tour, après M. Macron, et l'abstention et les votes blancs", a d'ailleurs affirmé le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui n'avait pas appelé à voter Macron.
A l'Elysée, François Hollande a "félicité chaleureusement" son ex-conseiller.
A l'étranger, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et la chancelière allemande Angela Merkel, première dirigeante avec qui a conversé M. Macron après son élection, ont salué une bonne nouvelle pour l'Europe. Le président américain Donald Trump a félicité le vainqueur pour sa "large victoire".
Marine Le Pen, le 7 mai 2017 à Paris
AFP
Emmanuel Macron accomplit un exploit retentissant: jamais élu auparavant, comme Charles de Gaulle; et plus jeune des 25 présidents de la République juste devant Louis Napoléon-Bonaparte (40 ans en 1848).
Natif d'Amiens, cet énarque, inspecteur des finances puis banquier d'affaires, accède à l'Elysée sans jamais avoir été parlementaire. Secrétaire général adjoint et conseiller économique du président Hollande depuis 2012, il est sorti de l'anonymat en entrant en 2014 au ministère de l'Economie où il est resté moins de deux ans.
- Président, mais plus d'En Marche! -
A la tête d'En Marche!, mouvement "et de droite, et de gauche" créé il y a un an, il a écarté les deux grands partis de gouvernement, le PS et Les Républicains (LR), boutés hors de l'Elysée pour la première fois.
Biographie d'Emmanuel Macron, élu président de la République.
AFP
Malgré le renfort du souverainiste Nicolas Dupont-Aignan et un début d'entre-deux tours poussif de M. Macron, Marine Le Pen a lourdement buté sur la dernière marche, avec une prestation lors du duel télévisé qui a déçu jusque dans ses propres rangs.
Emmanuel Macron doit désormais dévoiler son Premier ministre et la composition de son gouvernement avant de solliciter une majorité aux législatives (11-18 juin).
"Je n'aurai pas d'état de grâce", a-t-il lui-même prévenu vendredi.
Pour sa première apparition, dans une déclaration télévisée depuis son QG, l'air et le ton grave, M. Macron avait estimé que sa "responsabilité" serait "d'apaiser les peurs, de nous faire renouer avec l'optimisme".
Le mandat de François Hollande expire officiellement dimanche prochain et la passation aura lieu durant le week-end.
M. Macron accompagnera auparavant M. Hollande dès lundi pour les commémorations du 8 mai 1945, ainsi qu'à la Journée nationale des mémoires de l'esclavage mercredi, juste après le dernier Conseil des ministres du quinquennat Hollande. Il démissionnera dès lundi de la présidence d'En Marche!.
Si la presse française et internationale salue une victoire contre le "populisme", le succès est relativisé. Emmanuel Macron sera "le président dont la légitimité sortie des urnes sera, probablement, la plus rapidement remise en cause", juge ainsi Le Monde.
L'une des premières mesures annoncées est le dépôt d'une loi sur la "moralisation politique". M. Macron souhaite par ailleurs "dès l'été" réformer le droit du travail par ordonnances, malgré l'opposition à gauche.
Plusieurs manifestations "anticapitalistes", certaines émaillées d'incidents, ont eu lieu dimanche soir notamment à Paris, Nantes et Grenoble dans la foulée de l'élection de l'ancien ministre.
En Marche! doit trancher cette semaine les délicates investitures pour les législatives, avec une force place promise au "renouvellement".
Le PS, principal parti de l'Assemblée sortante mais balayé de la présidentielle avec les 6% de Benoît Hamon, est en grand danger, pris en tenaille entre MM. Macron et Mélenchon.
Absente du second tour pour la première fois depuis 1958 après l'élimination de François Fillon, la droite tentera d'imposer à M. Macron une cohabitation, avec François Baroin comme meneur de campagne.
Mais plusieurs responsables de la droite pourraient être tentés de rejoindre M. Macron, tel Bruno Le Maire, prêt à "travailler dans une majorité de gouvernement". Si tel est le cas, il aura un adversaire LR aux législatives, a répliqué M. Baroin.
Le Front national, qui n'a que deux élus sortants dans l'Assemblée, vise a minima un groupe parlementaire. Le parti n'arrive en tête que dans deux départements dimanche: l'Aisne et le Pas-de-Calais, selon des résultats quasi définitifs, même s'il dépasse les 45% dans plusieurs autres. Il essuie une débâcle à Paris, où M. Macron dépasse les 90%.
Marine Le Pen a annoncé "une transformation profonde de notre mouvement afin de composer une nouvelle force politique".
Selon un sondage Kantar Sofres-OnePoint, En Marche! recueillerait entre 24% et 26% des intentions de vote aux législatives, devant Les Républicains (22%), le Front national (21-22%), la France insoumise (13%-15%) et le PS (8-9%).
Le groupe LR n’anticipe pas de grands changements à l’issue du scrutin sénatorial dimanche. « J’attends que la majorité sénatoriale soit confortée », affirme Bruno Retailleau, président du groupe LR. « Nos divisions sont souvent délétères. C’est souvent ce qui nous fait perdre quelques sièges », met en garde le sénateur, qui doit faire face aussi à « l’émergence d’Horizons ».
Le Conseil d’État a rejeté ce 21 septembre la requête du Rassemblement national qui portait sur une circulaire émise par le ministère de l’Intérieur, dans le cadre des élections sénatoriales. Le parti contestait la présence de ses candidats dans le bloc de clivage « extrême-droite » utilisé par l’administration.
C’est le groupe faiseur de roi. L’union centriste, sans qui les LR n’ont pas la majorité au Sénat, mise globalement sur une stabilité pour les sénatoriales. Alliés des LR à la Haute assemblée, certains de ses membres soutiennent néanmoins Emmanuel Macron, au risque pour le groupe de jouer parfois le grand écart. Mais son président Hervé Marseille sait veiller sur « la marmite centriste » par son habileté politique.
Dans le Lot, neuf candidats sont sur la ligne de départ. Dans ce département rural, qui élit deux sénateurs au scrutin majoritaire, la bataille se joue essentiellement entre socialistes et radicaux. A gauche, l’élection de Jean-Marc Vayssouze-Faure semble assurée. Chez les radicaux en revanche, plusieurs candidats se disputent la succession de Jean-Claude Requier, président du groupe au Sénat.