Macron en Corse, une première visite très attendue
Emmanuel Macron effectue mardi et mercredi l'un des déplacements les plus sensibles depuis son entrée à l'Elysée en se rendant en Corse, où il...
Par Jérôme RIVET
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Emmanuel Macron effectue mardi et mercredi l'un des déplacements les plus sensibles depuis son entrée à l'Elysée en se rendant en Corse, où il est très attendu sur sa vision de l'avenir de l'île, 72 heures après une manifestation à l'appel des dirigeants nationalistes.
Quels sont les objectifs de cette visite?
Le président va d'abord commémorer mardi matin le 20e anniversaire de l'assassinat du préfet de Corse Claude Erignac, tué le 6 février 1998, alors qu'il se rendait au théâtre avec son épouse, à Ajaccio. Emmanuel Macron présidera une cérémonie sur les lieux et la place attenante sera rebaptisée "place Claude Erignac", avec la possible présence de la veuve du préfet, Dominique Erignac.
Le président nationaliste de la Collectivité unique de Corse Gilles Simeoni y assistera, mais pas son collègue de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni.
Politiquement, le point fort sera son discours mercredi après-midi près de Bastia, après un probable entretien mardi soir à Ajaccio avec MM. Simeoni et Talamoni, les deux hommes forts de l'île. Cette rencontre n'a pas été confirmée par l'Elysée, mais "il en est fortement question", a déclaré Jean-Guy Talamoni dimanche sur BFMTV.
Le président de l'Assemblée corse Jean-Guy Talamoni (d) et le président du conseil exécutif Gilles Simeoni à Paris, le 22 janvier 2018
AFP/Archives
L'incertitude persiste aussi sur une visite mardi d'Emmanuel Macron à la citadelle de Bonifacio, dont le maire Jean-Charles Orsucci est le chef de file LREM dans l'île.
Le chef de l'Etat sera accompagné du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, de la ministre déléguée Jacqueline Gourault, la "madame Corse", et de la secrétaire d'Etat Marlène Schiappa, dont une partie de la famille est insulaire.
Que va dire Emmanuel Macron?
C'est l'objet de beaucoup d'interrogations, d'autant que le président n'a quasiment pas parlé publiquement de la Corse depuis son élection.
L'Elysée renvoie au discours prononcé, comme candidat, le 7 avril 2017 à Furiani. "La place de la Corse est dans la République parce que la République est suffisamment forte pour accueillir des particularités en son sein", avait alors déclaré Emmanuel Macron. "S’il apparaît que le cadre actuel ne permet pas à la Corse de développer ses potentialités, alors nous pourrons envisager d’aller plus loin et de réviser la Constitution", avait-il ajouté dans ce discours au ton girondin et décentralisateur alors salué par les nationalistes modérés.
Qu'attendent les dirigeants nationalistes?
Pour Jean-Guy Talamoni, il faut qu'Emmanuel Macron vienne avec "un esprit ouvert" et "adresse un signal très fort d'ouverture et de dialogue", loin de "l'indifférence" dont il a fait preuve, selon lui, jusqu'à présent.
Plusieurs milliers de personnes défilent lors d'une démonstration de force nationaliste destinée à pousser le président Emmanuel Macron à "ouvrir le dialogue" sur les revendications autonomistes, le 3 février 2018 à Ajaccio
AFP
"Les gens ne sont pas dans une logique de tension", a affirmé Gilles Simeoni à l'AFP après la manifestation qui a rassemblé samedi à Ajaccio près de 6.000 personnes selon la préfecture, plus de 22.000 selon les organisateurs, pour "convaincre" Emmanuel Macron d'"ouvrir un dialogue". "Maintenant au président de la République de dire, de parler, et, je l'espère, de montrer qu'il a entendu ce que nous avons dit", a-t-il ajouté.
Les deux dirigeants étaient sortis déçus d'entretiens à Paris les 22 et 23 janvier avec le Premier ministre Edouard Philippe et le président LR du Sénat Gérard Larcher.
Fait notable, les élus macronistes à l'Assemblée de Corse ont voté vendredi une motion reprenant les principales revendications nationalistes. Une position qu'a désavouée dimanche Christophe Castaner, le patron de LREM.
Quels sont les dossiers chauds?
Ils sont nombreux et délicats, avec plusieurs revendications nationalistes qui passeraient par une modification de la Constitution.
Outre une "mention spécifique dans la Constitution", les nationalistes voudraient une plus grande autonomie, avec notamment un statut fiscal et social, comme certains territoires d'Outre-Mer tels la Nouvelle-Calédonie ou la Martinique.
Ils réclament aussi la co-officialité de la langue corse, qui déboucherait sur le bilinguisme dans l'administration ou la justice.
Pour lutter contre la spéculation, le statut de résident qu'ils demandent vise à privilégier les personnes vivant depuis plusieurs années sur l'île pour l'achat d'un bien immobilier.
Enfin, les nationalistes veulent le rapprochement des prisonniers corses pour qu'ils purgent leur peine sur l'île, ainsi que l'amnistie des onze détenus qu'ils considèrent comme des "prisonniers politiques". Parmi eux figurent les condamnés pour l'assassinat du préfet Erignac, comme Yvan Colonna, dont le statut de "détenu particulièrement signalé" (DPS) empêche tout retour en Corse, qui ne dispose pas d'établissement habilité à accueillir ce type de détenus.
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